Édition enrichie de Roger Grenier comportant une préface et un dossier sur l'oeuvre.
"Il faut représenter la vie non pas telle qu'elle est, mais telle qu'on la voit en rêve." C'est ce que proclame un des personnages de La Mouette.
Et Tchékhov avoue que sa nouvelle pièce transgresse les lois du théâtre : 'C'est une comédie : trois rôles de femmes, six rôles d'hommes, quatre actes, un paysage (vue sur un lac), beaucoup de conversations littéraires, peu d'action, cent kilos d'amour.'
Pourtant, quand on parle de l'oeuvre théâtrale de Tchékhov, on pense tout de suite à La Mouette. Et l'oiseau, ses ailes déployées, reste l'emblème du Théâtre d'Art de Moscou.
A son retour de Paris Lioubov Andreïevna se rend à l'évidence : elle doit vendre le domaine familial, et avec lui la cerisaie qui en fait le raffinement et la beauté. Un tableau bouffon et tragique de l'aristocratie russe.
L'insupportable quotidien de deux hommes qui se déchirent. 5 hommes, 4 femmes / durée : 1 h 30.
En 1880, Anton Tchekhov n'a que vingt ans ; ses études de médecine ne suffisant pas à le nourrir, il s'engage dans l'écriture de nouvelles qui seront aussitôt publiées par d'importantes revues humoristiques. Au fil de leur lecture, on assiste à la naissance d'un écrivain dont la précocité a quelque chose de stupéfiant : autant dans les dialogues que les paysages leur servant de rapide arrière-fond, c'est le génie d'un maître de la nouvelle qui éclate.
Dans ces mêmes années de jeunesse, Tchekhov écrit le roman L'Offense. Tous les thèmes qui seront les siens sont contenus ici en puissance. Ilka, son héroïne est une héroïne classique : elle est brûlée par une seule exigence (venger son père) qui ordonnera son destin jusqu'à l'issue fatale.
Qu'ils soient farceurs ou tragiques, et bien souvent les deux à la fois, ces premiers écrits frappent surtout par une exceptionnelle modernité littéraire dont Tchekhov paraît avoir pressenti toutes les facettes.
Voici des nouvelles sur le "royaume des femmes". Ainsi, la Dame au petit chien promène son ennui et son chien sur la digue d'une station de la mer Noire. Un homme solitaire la remarque, l'aime, mais ne peut triompher plus tard de toutes les barrières qui se dressent sur le chemin de leur bonheur.
Tchékhov souffrait d'une impossibilité d'aimer. Mais l'amour lui inspire émotion ou ironie ("Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas"), et une grande variété de tableaux : "Une nouvelle qui n'a pas de femmes, écrit-il, c'est une machine sans vapeur." L'héroïne par excellence est pour lui la femme incomprise, qui rêve d'une autre vie, inaccessible.
"Ce qui est médiocre, dit un personnage dans Ionytch, ce n'est pas de ne pas savoir écrire des nouvelles, mais d'en écrire et de ne pas savoir le cacher." Petit clin d'oeil ironique d'Anton Tchékhov, qui a publié des centaines de nouvelles... et ne l'a pas caché.
Celles qui composent le présent recueil ont été écrites entre 1891 et 1898. Tchékhov est au sommet de son art, mais on peut trouver que son inspiration devient de plus en plus noire. Ses héros ne vivent pas des tragédies. Ils s'enlisent dans l'ennui, la monotonie des jours, la banalité. Le romanesque repose d'habitude sur la singularité d'un individu. Tchékhov réussit le tour de force de le créer avec des gens ordinaires.
Seule exception, la longue nouvelle, Récit d'un inconnu, comporte des péripéties, des voyages, des coups de théâtre. Un socialiste s'introduit comme domestique chez le fils d'un grand personnage, afin de surprendre les secrets du père, voire saisir une occasion de l'assassiner. Mais une femme survient...
La toute première pièce de Tchekhov (1860-1904), écrite autour de 1878, jamais jouée de son vivant, est ici présentée dans sa version intégrale, pour la première fois traduite en français par André Markowicz et Françoise Morvan, et leur a valu de recevoir en 2006 le Molière de la meilleure adaptation.
"Quand Tchékhov part pour l'île de Sakhaline, en avril 1890, personne ne comprend ses raisons. Lui-même, incapable d'en donner, se contente de parler de mania sachalinosa. Il s'agit là de l'épisode le plus étrange de sa vie. Décidé à mener une enquête sur ce lieu maudit voué au bagne et à la déportation, il se met en route dans des conditions folles. Il n'a aucun papier officiel, ni ordre de mission, ni même une lettre de recommandation. Après deux mois et demi d'un voyage exténuant, il risque de se voir prier de retourner d'où il est venu. Il affronte le froid, la pluie, les inondations, puis la chaleur, la poussière, les incendies de forêts. Voici enfin l'île de Sakhakine, au large de la Sibérie : "Tout autour la mer, au milieu l'enfer.""
Roger Grenier.
Ecrites pour la plupart en 1888 et 1889, ces courtes pièces sont des modèles de finesse, de légèreté et de densité. Le recueil contient : Sur la grand-route, Calchas ou le chant du cygne, Tatiana Répina, Des méfaits du tabac, L'Ours, La Demande en mariage, Le Tragédien malgré lui, La Noce, Le Jubilé, Mise au point nécessaire, La Nuit avant le procès.
Tragi-comiques, ces quatre oeuvres brèves sont chacune des pièces d'orfèvrerie tchékhovienne, où se débattent des individus aux solitudes vertigineuses.
'Je n'ai personne, Nikitouchka, ni parents, ni femme, ni gosses... Seul, comme le vent dans la plaine...
"Un soir, il neigea. En rentrant du travail je trouvai Mlle Maria dans ma chambre.
"Pourquoi ne venez-vous pas à la maison ? Puisque vous ne vouliez plus venir chez moi, c'est moi qui suis venue chez vous."
Elle fondit en larmes :
"La vie m'est pénible, très pénible, et je n'ai personne d'autre que vous au monde ! Ne m'abandonnez pas !"
Tandis qu'elle cherchait un mouchoir pour essuyer ses larmes elle esquissa un sourire ; nous restâmes un moment silencieux, puis je la serrai dans mes bras et je l'embrassai en m'égratignant la joue jusqu'au sang contre l'épingle piquée dans son chapeau.
Et nous nous mîmes à parler comme si notre intimité datait de très, très longtemps..."
Anton Tchekhov est un écrivain russe né à Taganrog en 1860. Novelliste et dramaturge, il publie d'abord ses textes dans des journaux sous divers pseudonymes pour augmenter ses revenus. Le succès s'avère être au rendez-vous et on le considère très vite comme un nouveau Tolstoï ou un nouveau Dostoïevski. Atteint de la tuberculose, il s'éteindra lors d'un voyage pour une cure à Badenweiler, en Allemagne, en 1904.
Tchekhov a la place du passeur dans la littérature russe de la fin du XIXe siècle : à cheval entre la grande période romanesque incarnée par Dostoïevski et Tolstoï et les premiers pas du réalisme soviétique faits par Gorki, il n'arrive pas plus à donner un sens définitif qu'à s'engager dans le monde qu'il décrit : "Je n'ai pas encore de conception du monde politique, religieuse ou philosophique arrêtée. J'en change tous les mois. Aussi dois-je me borner à décrire la façon dont mes héros aiment, se marient (A D. V. Grigorovitch, 9 octobre 1888)". Ses nouvelles ont une origine journalistique sans avoir la prétention d'être d'emblée littéraire, c'est ce qui fait leur originalité. Tchekhov est un de ses personnages, médecin-écrivain observateur d'une société dont il fait partie : son autoportrait est collectif, national; ni juge, ni partisan, trop russe pour être autre chose. Claude Colombini Frémeaux & Alexandre Wong
Andreï Kovrine est un jeune et brillant universitaire, professeur de philosophie, qui lors d'un séjour chez des amis est sujet à des visions.
L'inquiétant moine noir disparu depuis près de mille ans serait-il de retour ? Kovrine jeune homme ambitieux et en quête de grandeur est envouté par cette apparition qui incarne à la fois la tentation et l'orgueil. Fantasme ou réalité ? Andreï Kovrine obsédé par cette légende, refuse la médiocrité des gens raisonnables et sombre dans la folie, semant autour de lui la souffrance et le malheur. Qui croire ? Que croire ?
Tchekhov nous livre ici une réflexion sur le bonheur et le génie, les êtres d'exception et les gens ordinaires. Un récit pour le moins étrange, plus étrange encore lorsqu'on sait que l'écrivain russe se serait basé sur un de ses propres rêves qui l'aurait complètement bouleversé !
Ce roman policier aux accents parodiques n'avait jamais été retraduit en France depuis les années 1930.
On connait peu les nouvelles de Tchekhov, et toujours les mêmes. Il en écrivit toute sa vie et certaines sont la quintessence de son talent et de sa pensée, brossant en partant d'un détail la profondeur ou la petitesse d'un monde tout entier. Ce recueil est composé de L'allumette suédoise, La fiancée, Le baiser, un homme emporté et Une plaisanterie.
Edition enrichie (Présentation, notes et bibliographie)Iêgorouchka n'a pas encore dix ans lorsqu'il entreprend au coeur de l'été son premier grand voyage. Et ce sera pour lui la découverte émerveillée de la steppe russe, de cet océan sans vagues où quelques marchands naviguent en convois sur la grand-route, de ses lointains bleus traversés de brusques orages, de sa faune secrète ou familière, de son peuple de bergers ou de cavaliers évanescents. Les veillées à la belle étoile où l'on forge le trésor des contes lui ouvriront aussi la porte des rêves. Mais les mystérieux kourganes en faction depuis le fond des âges conserveront tous leurs secrets.
La Steppe, c'est aussi l'enfance revisitée par un écrivain encore jeune engagé non sans appréhension sur les traces des maîtres qui ont chanté la nature russe: Tourguenev, Tolstoï et surtout Gogol.
Tchekhov voulait qu' on lut son récit "comme un gourmet mange les bécasses". Plus d'un siècle après sa publication, il n'a rien perdu de sa délicate saveur.
Avec Maupassant, Katherine Mansfield et quelques autres, Tchekhov, l'un des plus grands écrivains de la seconde moitié du XIXe siècle, est l'un des maîtres de ce genre difficile entre tous : la nouvelle.
Le choix établi pour le présent volume donne au lecteur un aperçu de toutes les facettes de Tchekhov nouvelliste : le farceur, le psychologue, le peintre de moeurs, et aussi le visionnaire.
À travers toute son oeuvre, douce et amère à la fois, circule une qualité humaine et littéraire qu'aucun auteur n'a mieux maniée que Tchekhov : la compassion. Ce recueil en contient, on le verra, de parfaites illustrations. Anton Pavlovitch Tchekhov (1860-1904) est avec Tolstoi et Dostoievsky l'une des figures majeures de la littérature russe. Principalement nouvelliste et dramaturge, il a publié entre 1880 et 1903 plus de 600 oeuvres littéraires ; parmi lesquelles des pièces de théâtre qui aujourd'hui encore font le tour du monde - La Mouette, La Cerisaie, Oncle Vania... Son oeuvre, peinture de la vie dans la province russe du XIXe siècle finissant, a un cachet d'éternité.
Ivan Laïevski, fonctionnaire de 28 ans, n'aime plus Nadéjda, sa compagne. Il a des scrupules à la rejeter alors qu'elle n'a que lui, et qu'ils n'ont tous deux aucune fortune. Ils vivent loin de leur famille dans le Caucase. Nadéjda souffre aussi de cet exil et l'ennui la pousse à avoir une aventure sans lendemain qu'elle tente de dissimuler à Laïevski. De son côte, Laïevski veut emprunter trois cent roubles pour prendre le bateau, retourner en Russie, en cachant son départ à Nadéjda. Cette nouvelle idéologique est construite comme une pièce de théâtre mais aussi comme un roman policier à rebondissements. Qui mourra ? Qui survivra ?
Tchekhov accomplit l'exploit de métamorphoser des tranches de vies ordinaires en lecture passionnante, et donne un poids à chaque mot de ce récit. Dans cette histoire, il mène une réflexion profondément humaine et émouvante, et devoile une interrogation profonde, tragique, désespérante : quel est le sens la vie ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Anton Tchekhov est né en 1860 à Taganrod, en Russie. Il étudie la médecine à l'université de Mosocu et l'exerce à partir de 1884. Alors qu'il est en quête de nouveaux revenus, il publie ses nouvelles dans divers journaux. Dans les années 1880-1890, Tchekhov se consacre à la dramaturgie, et assiste à la création de sa première grande pièce, Ivanov. Extrêmement sensible à la misère d'autrui (il ouvre des dispensaires, par exemple), cela se ressent dans son oeuvre, caractérisée par des personnages terriblement humains.
Jour de fête et Sorcière, les deux nouvelles inédites en français, réunies dans ce Carnet relatent les drames du quotidien. Tchekhov montre mais ne dénonce jamais. Il ne cesse de souligner dans son oeuvre l'esprit petit-bourgeois sur fond de Russie éternelle, la trivialité, la corruption, l'ignorance crasse et la déchéance à travers des destins avortés, condamnés à l'usure du temps.
Le lecteur de ces deux drames conjugaux, qui mettent à nu les strates les plus profondes de l'âme humaine, appréciera le style de Tchekhov : sobriété, simplicité et économie de moyens, en même temps que l'un de ses thèmes de prédilection, le temps, qui loin de mûrir les personnages, les défait, les dépossède de leur être et émousse leurs sentiments.
Comédie subtile et jubilatoire sur les soucis qui tombent sur les Moscovites dès qu'ils se retrouvent à la campagne... Le texte traite, au travers de dialogues savoureux, non pas de "petites choses" humoristiques, mais de l'homme bien souvent "de trop", concept créé par Tourgueniev, un homme qui ne trouve pas sa place dans la société civile nouvellement créée, désemparé qu'il est devant la vie nouvelle. Apparaît au fil des répliques la misogynie, maladie répandue en Russie tsariste et réaction masculine devant les femmes qui cherchent à s'émanciper et délaissent leurs enfants...
Anton Tchékhov souffrait d'une impossibilité d'aimer, mais l'amour lui inspirait émotion ou ironie, et une grande variété de tableaux : "Une nouvelle qui n'a pas de femmes, écrivait-il, c'est une machine sans vapeur." Souvent malheureuse, parfois cruelle, l'héroïne tchékhovienne par excellence est la femme incomprise, enlisée dans la monotonie des jours et rêvant d'une autre vie, inaccessible.
Cinq nouvelles pour découvrir un immense écrivain au sommet de son art : "La pharmacienne" ; "Le récit de Mlle X..." ; "La princesse" ; "De l'amour" ; "La dame au petit chien".
Tchekhov est parti dans une guerre idéologique de dénonciation du bagne à une époque où les frontières qui séparent le reportage de la fiction demeurent encore perméables. A travers ces correspondances, il offre une vision alternative de la situation de la relégation et de la Sibérie qui contraste avec la version officielle. Il espère ainsi susciter une vague d'indignation et creuser l'écart entre le propagande gouvernementale et la réalité qu'il découvre.
Pourquoi lire les lettres du voyage à Sakhaline, perdues qu'elles sont dans l'immense correspondance échangée par Tchekhov sa vie durant ? Dans ces lettres, reflet d'un voyage refuge, on voit la personnalité de l'homme-personnage Tchekhov évoluer, mûrir, se développer, chercher comme dans un miroir son visage, celui d'un homme qui, à chaque pas, s'éloigne du monde, envoûté par les dangers qu'il côtoie, envahi du sentiment tantôt euphorique, tantôt désespéré de celui qui in fine ne dépend plus que de lui-même.