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Carl Bergeron
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Un alliage séduisant de littérature et d'histoire
Le portait plein d'humanité d'une figure marquante de la Nouvelle-France ainsi revisitée
Une lecture dynamique de l'histoire et une réflexion sur la société contemporaine
Imaginons une barque qui remonte le fleuve Saint-Laurent, entre ses rives escarpées, depuis Tadoussac et accoste à Québec le 1er août 1639 après une escale à l'île d'Orléans. Dans cette barque, éprouvées par trois mois de traversée depuis Dieppe, trois religieuses ursulines, dont l'une, ayant quitté son couvent de Tours, dotée d'un fort tempérament, aussi bien tourné vers l'action que vers la mystique, apparaît déjà comme une figure centrale : Marie de l'Incarnation. N'imaginons plus. À quatre siècles de distance, c'est son portrait que brosse ici, d'une main leste, d'un oeil admiratif, l'écrivain Carl Bergeron, séduit par la force de caractère, les qualités d'organisatrice et le grand talent d'épistolière d'une femme portée par un désir d'absolu et celui, tout aussi impérieux, qui la poussera à faire corps avec ce pays de froid dément, de rochers austères et de forêts implacables, à apprendre les langues autochtones, à y bâtir un monastère, à enseigner, à s'abandonner à l'Amour avec des élans que nous savons plus comprendre. Ce faisant, Carl Bergeron tend à la religieuse de fer et de chair un miroir qui fera paraître étriquées notre époque, ses lâchetés, son amnésie souvent. Il prend la mesure de son legs, interroge la société québécoise issue de la Nouvelle-France. D'un même coup de fleuret, il égratigne l'université quand elle n'est que refuge, l'esprit bourgeois quand il n'est que calcul. Plus que tout, son chant d'amour à la «Grande Marie», aussi beau que nécessaire, est tourné vers l'avenir : «N'allons pas croire, naïfs que nous sommes, que Marie est morte en 1672 et qu'elle s'est arrêtée là. [...] Il se pourrait que le XXIe siècle fasse de Marie de l'Incarnation une contemporaine, et la ressuscite plus proche et vibrante à notre conscience qu'un Proust, un Céline ou un Joyce.» -
L'Inconvénient. No. 60, Printemps 2015
Alain Roy, Olivier Maillart, Serge Bouchard, Eric Bédard, Mathieu Belisle, Mauricio Segura, Marie-
- L´Inconvénient
- LInconvénient
- 13 Novembre 2015
- 9782981349910
L'idée du présent numéro nous est venue un peu par hasard, au cours d'une discussion où nous venions de constater que les fictions québécoises s'intéressent peu à la représentation des rapports de pouvoir et à ceux qui l'incarnent. Les luttes de classes, les clivages politiques, les relations entre groupes ethniques, la vie des riches et des puissants ne sont pas des thèmes qui attirent d'emblée nos écrivains, nos cinéastes et nos scénaristes. Pourquoi donc? Avons-nous peur du pouvoir?
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Voir le monde avec un chapeau
Carl Bergeron
- Editions Boréal
- Romans et récits
- 12 Janvier 2016
- 9782764644157
Un écrivain peut adopter la fiction, l'essai ou l'autobiographie, cela le concerne ; tant que la forme et le fond s'accordent et que le monde est abordé depuis la singularité d'un style, on reste dans le domaine de l'art, c'est-à-dire de la représentation.
Le « journal » qu'on lira dans ce livre n'est pas un vrai journal : il est le moyen dont l'écrivain a usé, parmi de nombreux autres, pour exprimer le plus fidèlement possible une vérité qui autrement serait restée tue. Chaque entrée de ce journal, chaque paragraphe, chaque ligne, chacun de ses nombreux retours dans le temps et chacune de ses digressions ont été soupesés, médités, pensés comme les morceaux d'un ensemble organique.
Le texte doit donc être lu comme une oeuvre unifiée, comme une cosmogonie où les observations répondent aux sensations, les sensations aux souvenirs, les souvenirs à l'intuition poétique, l'intuition poétique aux sentiments. Il raconte l'expérience d'une métamorphose, au cours d'une année décisive où toutes les années vécues auraient pour ainsi dire resurgi. Mémoire blessée découlant tantôt du passé national, tantôt du passé intime, qui place l'héritier seul face à son destin.
L'auteur, ici, parle sérieusement : il met sa vie et son nom en jeu, et le fait à visière levée. À quelle noblesse outragée puise ce duel féroce entre l'individu et la communauté, entre l'aspiration à la beauté et la fatalité de l'Histoire, il faudra attendre jusqu'à la toute dernière ligne pour vraiment le comprendre, et en juger. -
Histoire Québec. Vol. 29 No. 3, 2024
Jordane Labarussias, Louise Page, Jean-Marie Fallu, Halyna Lykhoshva, Mart
- Les Éditions Histoire Québec
- 18 Avril 2024
- 9782895862437
Ce numéro s'ouvre sur un historique des politiques d'accueil dans la province, et se poursuit par des cas concrets d'immigration, ancienne ou contemporaine : « Filles fondatrices » arrivées de France en 1659, Irlandais de l'époque moderne, diaspora acadienne, ou filiation des Fallu d'origine jersiaise. Le témoignage d'une immigrante ukrainienne qui a choisi le Québec pour son amour du français clôture le numéro.
En plus de ce dossier thématique, retrouvez un article sur l'histoire du Château Montebello, en Outaouais. Le lauréat du prix Rodolphe Fournier 2023 nous parle également de l'émotion liée au processus de recherche en histoire. L'historien Michel Fournier dresse quant à lui un portrait des cabarets et auberges de Montréal au XVIIe siècle.
Cette édition se termine avec les chroniques habituelles de la revue, Mots d'ici (au programme : le pâté chinois) et Histoire de lire, des recensions critiques de parutions récentes en librairie. -
Un cynique chez les lyriques ; Denys Arcand et le Québec
Bergeron Carl
- Editions Boréal
- Essais et Documents
- 13 Mars 2012
- 9782764641736
« J'ai lu votre texte. Il m'a beaucoup touché. C'est, de toute ma vie, parmi les plus exacts que j'aie lus sur mon travail. » Tels ont été les premiers mots de Denys Arcand à Carl Bergeron, jeune essayiste de quarante ans son cadet, après qu'il a pris connaissance de Un cynique chez les lyriques. En effet, c'est un portrait sensible du cinéaste que l'auteur ébauche ici à travers une lecture et une interprétation serrées de son travail, des premiers films pour l'ONF jusqu'aux films de consécration. Lettré casanier et ironique, lecteur de Gibbon et de Machiavel, pré-boomer étranger au nationalisme canadien-français comme au lyrisme de la Révolution tranquille, Arcand cultive une sensibilité en porte-à-faux avec les grands mythes collectifs qui ont forgé la société québécoise. Cette sensibilité, d'aucuns l'ont qualifiée avec raison de « cynique », sans avoir toujours conscience de la signification du mot, qu'ils associent à un trait de caractère plus qu'à une intelligence des choses. Carl Bergeron remonte aux sources intimes du cynisme philosophique d'Arcand et montre au contraire la filiation trouble et émouvante qui n'a cessé d'unir celui-ci à son pays natal, dans une tension permanente entre le sentiment d'appartenance et la nécessité de faire une oeuvre. En complément de lecture, un Denys Arcand attentif lui fait écho par des commentaires mordants et éclairants, tantôt évoquant des anecdotes, tantôt proposant des explications sur son parcours.