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Prix
Claude Roy
-
Le chat qui parlait malgré lui
Claude Roy
- Gallimard Jeunesse Audio
- Écoutez lire
- 27 Septembre 2024
- 9782075217842
Gaspard, l'ami chat de Thomas, se surprend en train de parler. Les deux amis décident de préserver ce secret des oreilles indiscrètes.
Laurent Stocker met au service ses talents de conteur pour porter cette fable pleine de fantaisie et d'humour, destinée à tous les amoureux des chats... et même à ceux qui ne les apprécient pas !
Titre recommandé par le ministère de l'Éducation nationale pour le cycle 3 (en classe de CM1-CM2).
Illustration de couverture : Elisa Géhin -
"Les premiers textes littéraires de Claude Roy sont des poèmes, que publient Pierre Seghers dans Poésie 40, et Max-Pol Fouchet dans Fontaine. C'est à Alger, en 1942, que paraîtra son premier livre, les poèmes de L'Enfance de l'Art. Cependant, après Un seul poème, en 1954, Claude Roy, sans cesser d'écrire des poèmes, cessera (en apparence) d'en publier. L'apparence ici est, encore une fois, trompeuse. L'oeuvre de Claude Roy, et la conception qu'il se fait de la poésie, rejoint à la limite celle de Cocteau intitulant "Poésie" tous ses livres, et les répartissant en Poésie de roman, Poésie de théâtre, Poésie de critique.
La "poésie de poèmes" réunie dans ce recueil embrasse des poèmes écrits pour la plupart entre 1939 et 1953. Entre la "drôle de guerre" et la fin de la "guerre froide". Si on préfère des références littéraires, entre la publication du Crève-coeur et la mort de Paul Éluard. Si on veut des références sociales, entre la Résistance et la mort de Staline."
Pierre Gaidais et Jacques Roubaud. -
À la lisiere du temps ; le voyage d'automne
Claude Roy
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 1 Avril 2017
- 9782072691942
"À la lisière du temps : cette phrase est un défi à la raison. Bien que nous ne sachions pas si le temps a eu un commencement et s'il aura une fin, nous savons qu'il n'est pas un terrain ni un bois, une étendue où l'on distinguerait un ici d'un là-bas. Le temps n'a pas de côtés. Certes, il possède un avant, un après et un maintenant, mais nul ne peut se situer à la droite du 5 octobre 1843, ni à la gauche de cet instant même. Pourtant, devant le sourire de réprobation du professeur de philosophie, Claude Roy hausse les épaules et s'enfonce dans les corridors du temps. Ils sont transparents et interminables. Claude Roy marche lentement, les yeux entrouverts, lucide et somnambule ; il va par un chemin sinueux fait de tournants et de bifurcations, de raidillons et de pentes, de tours et de retours. Profusion de répétitions et de réitérations, d'espaces blancs et en friche, de places fermées et de murs qui sont des miroirs illusoires où se reflètent des figures non moins illusoires. Ces figures ont l'intensité des images qui peuplent le rêve, de même que leur fragilité. Elles apparaissent, disparaissent, réapparaissent, se transforment, s'illuminent, s'évanouissent en brume. Cristallisations de temps, elles durent ce que dure un battement de paupières, elles sont d'ici et de là-bas, elles vivent dans le temps présent et dans un autre temps qui s'écoule, dans un là-bas qui ne se trouve nulle part, je veux dire : ici même."
Octavio Paz. -
Sais-tu si nous sommes encore loin de la mer ?
Claude Roy
- Gallimard
- Poésie/Gallimard
- 31 Mai 2018
- 9782072691782
"Un après-midi, couché dans l'herbe, je me suis trouvé nez à nez avec une sauterelle verte.
"On se connaît, m'a-t-elle dit. Nous avons déjà été présentés : tu avais dix ans."
J'écrivis dans ma tête un bref haïku sur cette double rencontre. Je ne savais pas qu'elle allait me conduire peu à peu à écrire une épopée cosmogonique et philosophique en douze chants et en vers, sur le modèle (inconscient) du De natura rerum de Lucrèce, et dans la postérité (vite consciente) de la Petite cosmogonie portative de Raymond Queneau. Les conseils scientifiques, les critiques et les encouragements littéraires de celui-ci me furent infiniment précieux.
Sais-tu si nous sommes encore loin de la mer? tisse en un seul poème trois fils. L'histoire d'une planète où les eaux, en se retirant, ont donné vie à la vie. L'histoire personnelle d'un homme, dérisoire gouttelette détachée de la mer du temps avant de retourner s'y confondre. Et - sous forme d'une sorte d'accompagnement choral - l'histoire des paroles que l'humanité a chantées dans le noir, des questions qu'elle a posées dans le soleil, et des suppositions qu'elle a formées, à tout hasard et grande nécessité."
Claude Roy. -
"Quand il revint, Anna n'était plus là, ni sa valise. Elle avait laissé un mot : "Je t'expliquerai un jour. Merci de tout. Love. Anna." Il descendit en courant au bureau de l'hôtel. Il y avait un train pour Paris à 18 h 36. Il était 18h34. Quand il arriva à la gare, le train était parti. Il ne revit jamais Anna."
-
C'est sur le Pont des Arts, la plus légère passerelle de la Seine, que Charles Rivière fait la rencontre d'un passé perdu et retrouve la femme qu'il a aimée depuis l'enfance. Mais qu'a-t-il cherché d'autre toute sa vie, sinon à jeter avec son art, la musique, un pont sur lequel traverser le fleuve du temps ?
Des années plus tard, Louise a disparu. Un après-midi, dans un jardin d'été, elle est pourtant là. Elle lui parle. Il lui parle, lui sourit, presse sa main. Ce n'est pas une revenante et si quelqu'un est revenu, c'est lui. Mais où est-il revenu ? Est-ce la réalisation de ce rêve qu'il a formé toute sa vie, à l'accomplissement duquel il a consacré son oeuvre de musicien - ce rêve qui n'était peut-être pas un rêve ? -
Le Chariot de terre cuite
Claude Roy
- Gallimard
- Le Manteau d'Arlequin - Théâtre français
- 1 Mars 2019
- 9782072141133
Le Chariot de terre cuite est une pièce attribuée au légendaire roi-poète indien Çudraka. Écrite et représentée aux environs du VIIe ou du VIIIe siècle, "siècle d'or" de l'Inde de Gupta, elle reprend un thème qui court à travers toute la littérature indienne : celui de la prostituée au coeur pur, arrachée par l'amour au commerce de la courtisane. Les personnages et les situations se retrouvent pour la plupart dans les contes, romans ou épopées indiens, du pilier de tripots au voleur professionnel, du poète parasite au prince insolent. En un mélange hardi des genres et des tons, dan l'esprit du théâtre élisabéthain, Le Chariot marie la prose et le vers, la philosophie savante et le propos de rue, l'amour courtois et la trivialité grotesque, la préciosité et l'argot, la farce et le tragique.
Travail érudit et oeuvre de poète, la version française de Claude Roy, tout en suivant scrupuleusement le dialogue, les caractères et le découpage de l'original sanskrit, éclaire et enrichit le texte de Çudraka par des emprunts organiques aux oeuvres des romanciers, des poètes et des dramaturges de son temps. Plus qu'une traduction, mieux qu'une adaptation, cette version est une restitution. Elle rend enfin aux lecteurs et à la scène française un chef-d'oeuvre universel, un grand classique millénaire, mais étonnamment moderne. -
Journaliste, critique, romancier, essayiste, grand voyageur, Claude Roy est un témoin de son temps à l'oeil vif et au coeur chaud. Ses Mémoires, qu'il intitule Moi je, font revivre l'avant-guerre, la guerre et l'occupation. C'est l'anatomie d'une époque, sous tous ses aspects : politique, moral, littéraire, aventureux. C'est aussi une éblouissante galerie de portraits : Gide, Giraudoux, et tant d'autres, sans oublier, bien sûr, l'auteur, dans tous ses âges.
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Claude Roy raconte en témoin les années où l'histoire bouleversait les destins des individus, les brisait, dissipait au loin l'idée qu'ils pouvaient se faire du bonheur. Les années les plus sombres du stalinisme, qui laissèrent désespérés ceux qui, au temps de la guerre, avaient cru trouver dans ce "socialisme" une raison de vivre.
Il y a aussi, dans ce livre, la chute spectaculaire du Troisième Reich, vue par Claude Roy, reporter stendhalien, qui parcourt l'Allemagne en ruine en compagnie de Roger Vailland. Plus tard, la découverte de l'Amérique et de la Chine. Et des portraits lumineux : Eluard, Picasso, Vittorini, Zao Wou-ki. -
New York, un été des années 50. Près de Queensboro Bridge et des quais, Léone règne nonchalamment sur une république précaire de personnes déplacées. Le plaisir de vivre avec Léone leur fait oublier le mal du pays. Douce et secrète, peut-être indifférente, se donnant aisément mais se livrant peu, Léone ne demande rien à personne. Jusqu'au jour où Pierre survient...
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Permis de séjour se terminait 'bien'. La fleur du temps reprend le fil des jours de Claude Roy là où le précédent journal l'avait suspendu. Quel usage l'écrivain a-t-il fait de sa prolongation de visa ? Il a continué à porter sur la vie un regard qui rend artificielle la distinction entre journal intime et choses vues, entre 'vie intérieure' et 'vues sur l'extérieur'. Qu'il raconte un merveilleux voyage au Japon ou un nouveau et banal séjour à l'hôpital, qu'il analyse avec finesse les plaisirs de la nature, son travail de poète ou les expériences de la douleur, qu'il relate une promenade en forêt d'Île-de-France ou une flânerie sur le Bosphore, c'est toujours cet alliage rare d'une perspicacité compatissante et d'un humour bleu de nuit.
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"Tous les deux ou trois ans je verse sur la grande table le contenu des dossiers accumulés : pages de journal, carnets de voyage, portraits, poèmes à l'état naissant, textes inédits, articles édités, notes et croque-notes, coupures, etc. Je trie, je flaire, je hume, je cisaille, j'élimine, jette au feu.
Cette fois-ci, j'ai épinglé quelques idées attrapées au vol, huit ou dix souvenirs qui valent qu'on s'en souvienne et quelques esquisses que j'ai envie de terminer.
J'ai gardé encore quelques hypothèses sur le monde comme il ne va pas, quelques observations sur mon chat qui va où il veut, quelques notes de lecture sur des livres que j'aime et aimerais faire aimer, des odeurs de forêt en automne, des plongées dans mon espace du dedans et quelques passages à la surface agitée de cette planète. J'ai parsemé le tout de quelques cailloux blancs pris dans mes carnets, ces minimes que je trouverais prétentieux d'appeler des maximes. Et voilà le "livre de bord" 1992-1993 : un vieux Persan des années 1300 m'a donné le titre."
Claude Roy. -
Temps variable avec eclaircies
Claude Roy
- Gallimard
- Hors série Littérature
- 1 Mars 2019
- 9782072170669
"Petit Poucet ayant passé la limite d'âge, j'avais tout de même laissé des tas de petits cailloux sur la route. Revenant sur mes pas, je les ai ramassés, j'ai essayé de les trier, de garder seulement les blancs, ou les noirs d'un beau noir, pas les gris. J'ai donné à mon éditeur ce bouquet de chemins en forme de cailloux, ces miettes de temps, tour à tour couverts, variables ou éclaircis. L'objet est gracieux, oblong, 10 x 19, et les couleurs subtiles de la couverture ont été dérobées à Paul Klee, larcin dont je m'accuse mais que je ne regrette pas."
Claude Roy -
"Du Guignol du Luxembourg de mes quatre ans au T.N.P., le théâtre a été la plus constante de mes amours. Quand j'étais petit, je croyais qu'on allait au spectacle pour passer le temps. Je sais maintenant qu'on y va pour l'empêcher de passer. Les auteurs dramatiques et les metteurs en scène tentent de faire concurrence à Dieu, dont les meilleures représentations sont en général uniques et dont les bonheurs d'expression ne se répètent pas. Le monde du théâtre n'a de prix que s'il ouvre sur le théâtre du monde.
J'ai essayé de le montrer dans cet essai où, à propos des poètes comiques ou tragiques, des comédiens et de l'art de mettre en scène, je m'aperçois que j'ai parlé aussi d'un autre théâtre, celui de nos destins, et d'autres comédies, celles que nous nous jouons à nous-mêmes."
Claude Roy. -
Claude Roy, poète, romancier, essayiste et journaliste, a écrit son autobiographie dans Moi, je, Nous et Somme toute. Ce livre-somme est aussi un festival de toute la littérature, des mille et une manières d'écrire et de chanter l'heur et le malheur du monde. Chronique d'un témoin, confession, journal, analyses, documents, portraits, poèmes en prose (et en vers), réflexions et maximes, Somme toute utilise tous les genres pour exprimer les facettes de la vérité d'une époque, pour donner à vivre un moment de l'Histoire et l'histoire d'un de ses passagers.
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"Au début de 1982, je fus menacé de me voir retiré mon permis de séjour sur la terre", écrit Claude Roy. Ce qui l'a amené à se demander si l'homme est capable de regarder la vérité en face. Et pas seulement à l'occasion d'une maladie. Le croyant inquiet qui se force à croire, le fanatique politique, l'amant qui ne veut pas voir qu'il n'est plus aimé, telles sont les mille stratégies ambiguës de l'homme, animal menteur qui a reçu la grâce, ou la malédiction, de pouvoir se mentir à lui-même.
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'Sur les chemins croisés de la curiosité, des rencontres et du hasard, voici le sixième de mes "livres de bord". Moisson capricieuse, portraits-souvenirs, voyages, mémoires, lectures et recherches, minimes moins arrogantes que les maximes, enfin l'école buissonnière de la prose et des vers. Dans ma machine à remonter le temps, je retrouve les amis disparus et les compagnons de Saint-Germain-des-Prés, les villageois de mon village et les déportés de Bergen-Belsen à peine libérés par les Alliés, les paysans du Hurepoix et André Breton ou Octavio Paz, les gens de ma rue et les indios du Chiapas, mes camarades oiseaux, phoques et chats, Georges Szekeres qui sortait des prisons de Staline pour mourir "libre", et Harry Wu qui revient du laogai chinois et raconte ses dix-neuf années de camp. Je fais un détour par New York, un saut par le Luberon, un crochet par Moscou, une escale en Charente, une halte aux étangs de Sainte-Mesme en Essonne. Et je ressuscite, entre réverie et mélancolie, mes amis morts dans les guerres ou les maladies. "Que sont nos amis devenus ?" Ils nous attendent. Mais sait-on où ?'
Claude Roy. -
"Si on colle l'oreille à la porte des livres et aux portes de la nuit, si on fait bien attention, on peut entendre la conversation des poètes. La Fontaine demande des nouvelles du Loup Pelagneau à Raymond Queneau, Apollinaire frappe en langage chiffré contre la paroi de la prison de Théophile, Jean Tardieu joue à saute-jeux-de-mots avec Charles Cros et Paul Éluard essaie doucement de consoler Marceline Desbordes-Valmore des peines d'amour et de la défaite des insurgés de Lyon (mais il sait bien que Marceline est inconsolable).
J'ai toute ma vie prêté l'oreille à l'inépuisable conversation des poètes, jusqu'à ce moment où toutes ces voix merveilleusement différentes semblent n'en faire qu'une et où les poètes, dont aucun «ne dit pareil», semblent dire une seule chose - essentielle.
Du siècle de Louis XIII à notre siècle noir et sang, j'ai réuni ici, parmi les oeuvres de France que j'ai aimées ou les poètes que j'ai connus, des portraits-souvenir, des bribes de petits bonheurs et des bouquets de joies, mon trésor de paroles, de mots et de merveilles, quelques échos, au fil du temps, de la conversation des poètes."
Claude Roy -
L'art à la source Tome 1 : arts premiers, arts sauvages
Claude Roy
- Gallimard
- Folio essais
- 1 Mars 2019
- 9782072691980
"Est-il possible de prendre une vue d'ensemble de la naissance et du développement de ces activités humaines qui n'ont aucune fonction immédiatement vitale, qui ne concourent ni à la nutrition, ni à la reproduction de l'espèce, qui s'accomplissent dans une matière façonnée par l'homme, sous forme d'objets mobiliers, ou de monuments et de peintures immobiliers, dont l'utilité n'apparaît jamais immédiate, et qui éveillent autant de sentiments vagues que d'incertitudes de l'esprit : les arts plastiques ? Une hache, un grattoir ou une herminette nous disent ce que font les hommes pour chasser, se nourrir, se vêtir, se chauffer, se déplacer, etc. Une statue, une peinture ou un mégalithe nous disent ce que font les hommes, une fois nourris, vêtus, chauffés, etc. Pourquoi ? Peut-être : pour supporter d'être hommes ? Les castors font des barrages, les écureuils et les hamsters des provisions, les insectes des "maisons". Mais l'homme, en plus, invente des règles et des jeux, s'invente des règles du jeu. Ce qui est défendu - les lois, les interdits, les morales - et ce qui fait plaisir - les arts - nous définissent parmi les autres êtres vivants. Décider que ceci est mal, estimer que ceci est beau, voilà, plus que le rire, le propre de l'homme."
Claude Roy. -
L'art à la source Tome 2 : arts baroques, arts classiques, arts fantastiques
Claude Roy
- Gallimard
- Folio essais
- 1 Mars 2019
- 9782072692024
"Est-il possible de prendre une vue d'ensemble de la naissance et du développement de ces activités humaines qui n'ont aucune fonction immédiatement vitale, qui ne concourent ni à la nutrition, ni à la reproduction de l'espèce, qui s'accomplissent dans une matière façonnée par l'homme, sous forme d'objets mobiliers, ou de monuments et de peintures immobiliers, dont l'utilité n'apparaît jamais immédiate, et qui éveillent autant de sentiments vagues que d'incertitudes de l'esprit : les arts plastiques ? Une hache, un grattoir ou une herminette nous disent ce que font les hommes pour chasser, se nourrir, se vêtir, se chauffer, se déplacer, etc. Une statue, une peinture ou un mégalithe nous disent ce que font les hommes, une fois nourris, vêtus, chauffés, etc. Pourquoi ? Peut-être : pour supporter d'être hommes ? Les castors font des barrages, les écureuils et les hamsters des provisions, les insectes des "maisons". Mais l'homme, en plus, invente des règles et des jeux, s'invente des règles du jeu. Ce qui est défendu - les lois, les interdits, les morales - et ce qui fait plaisir - les arts - nous définissent parmi les autres êtres vivants. Décider que ceci est mal, estimer que ceci est beau, voilà, plus que le rire, le propre de l'homme."
Claude Roy -
Le narrateur, Étienne, est celui qui reste à la propriété familiale, laissant la 'brillante carrière' à son frère Olivier. Celui qui va de soi et dont le bagage pèse le poids de tout ce qu'il n'a pas fait : il ne s'est pas marié et n'a pas eu d'enfants, il n'a pas voyagé, il n'a pas écrit. C'est pourtant à ce spectateur de passage encore adolescent qu'un jour d'été, sur une plage de la Conche, s'attache le jeune Stefan Stein. Il est alors l'ami imprévu : plongé dès son enfance au coeur des tempêtes, passant de l'Allemagne nazie à l'Amérique du Sud, des pogromes de l'Holocauste aux convulsions politiques du "Nouveau Monde", il est tout ce que n'est pas Étienne. Il restera pourtant, à jamais, malgré la distance et le temps, l'ami lointain. Quand le cauchemar de l'Histoire finalement l'engloutira, Étienne restera seul, innocent, coupable de survivre.
-
"Il est un soleil sur la terre dont il dépend de nous qu'il ne se couche jamais." C'est la lutte contre le Mal, où qu'il se trouve. Le Soleil sur la terre est un roman où l'unité est celle de quelques thèmes essentiels, plutôt que des caractères, des lieux, des actions. Une vieille Parisienne qui meurt de misère fait penser à une vieille rencontrée en Corée. Les hommes et les femmes souffrent et luttent de la même façon à Tunis, à Rome, à Prague, à New York. Le Soleil sur la terre est un roman qui s'adresse à tous nos dissemblables semblables, à travers leur commun dénominateur qui est la souffrance devant l'injustice, la misère et la mort.
-
Pensée qui à peine se pense
la neige neige sur la neige
Entends-tu qui marchent pieds nus
s'avancer les pas du silence? -
Le vent qui vole et va
Le vent commence des phrases ne sait pas les finir
Il retombe Il réfléchit dans le silence
Il essaie de retrouver sa trace là où son souffle
s'élança Il prend une grande respiration fraîche
et recommence à galoper en s'ébrouant comme dans l'eau
Puis il retourne au calme lent et se repose sans rien dire
Le vent va le vent vient Le vent souffle et se tait
Il voudrait bien dormir mais n'y arrive pas
Le vent est très vivant beau vent qui vole
qui vole et vole et va qui court aux quatre vents
(Extrait de Lumière du couchant.)