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Éditions du Noroît
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Recueil à quatre mains, Reines-compost offre un refuge épistolaire où s'entremêlent détritus, peluches, corps hétérogènes, écosystèmes cassés, tentatives désespérées de réparation et fléchissements résignés. Dans la forme du dialogue, les poèmes jouent avec les possibilités d'invention, de fabrication et de réaménagement de la pensée par la force radicale de l'amitié. La mise en relation et le soin de l'autre ouvrent la page à une pluralité de voix qui s'allient pour trouver leur place dans le bruit, formant
parmi les débris du monde, un choeur végétal, chantant. -
S'animer et embraser, enlacer ou s'éteindre, croître, réchauffer, puis disparaître : ces gestes que nous expérimentons chaque jour dans le monde, le feu s'en fait le miroir circonspect.
À la fois objet et rêverie, exercice de fascination et nécessité de vigilance, le feu nous expose à sa lumière et à sa force. Mais au moment où nous nous en approchons, il s'échappe, impossible à contraindre, ne laissant que le spectacle de sa liberté qui est aussi celui de sa violence et de sa fuite. -
L'oeuvre de Jacques Brault s'échelonne sur plus de 50 ans. Dramaturge, essayiste, romancier, mais avant tout poète, il est l'un des piliers du Noroît. Avec ce dernier opuscule, composé avant sa mort survenue en octobre 2022, Jacques Brault offre un recueil tout en finesse, fidèle à ce qu'il écrit depuis toujours et qui se donne à lire comme une clausule de l'oeuvre entière. Hommage aux amis disparus, « À jamais » ouvre les lieux de la mémoire, explore patiemment les images, fait écho à d'anciennes voix et d'anciennes formes que le poète ravive - un adieu comme un chant résonnant dans le lointain.
Avec onze dessins de l'auteur
Préface d'Emmanuelle Brault et de Paul Bélanger -
Quarante-sept stations pour une ville devastee
Jacques Rancourt
- Éditions du Noroît
- 10 Juillet 2014
- 9782890189102
Ce récit-poème reprend une à une les étapes de la tragédie survenue à Lac-Mégantic dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013. Son auteur, natif de Lac-Mégantic, a voulu avec ce livre partager la douleur de ses concitoyens, honorer le souvenir des victimes, et contribuer à ce que les leçons de ce drame restent gravées dans les mémoires le plus longtemps possible, pour la génération présente et pour celles à venir.
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Nous lisons La vie inexprimable comme des méditations d'un lecteur attentif aux signes du monde : poèmes, amour -ce feu premier auquel le poète retourne sans arrêt.
Jacques Gauthier tient au plus simple cette poésie d'un homme dans l'amour. Du corps au poème, on assiste à une démarche pleine, assumée, incarnée. C'est-à-dire que nous sommes avec le poète dans la vie même. Poésie et spiritualité, côte à côte dans l'incandescence d'une absence, où se manifeste la tension entre parole et silence, vie et mort.
Il en retire moins une vérité que le mouvement que cet amour a cherché à former, que la présence qu'il cherche à donner.
En épilogue, son art poétique cristallise sa démarche : dépossession de soi, étonnement de vivre, merveilleux, révélation de l'infini, autant d'échos d'une volonté de communiquer avec l'autre une espérance fondatrice.
Le poète se donne, comme on le dit d'un don. -
Rêveries au pont d'oye ; métamorphoses de la chair
Jacques Gauthier
- Éditions du Noroît
- 8 Avril 2014
- 9782890188723
Dans Rêveries au Pont d'Oye, le poète se plie à l'exigence de l'humilité - dans son rapport étymologique à la terre - à l'humus, se soumettant à la patience qu'elle exige pour accomplir la tache de l'animal, de la plante, de la roche. Il en découvre l'occasion de la rencontre de soi, d'un soi bougé dans le reflet de l'eau comme possibilité d'une renaissance. Se dénoue alors l'enfoui, au moment où l'âge semblait étouffer la flamme - mais qui gagne pourtant le paysage entier. Cet air nouveau ouvre alors à la légèreté, à la transparence du monde, au rêve ; la possibilité du regard à voir derrière le visible.
La dernière partie du livre, Métamorphoses de la chair, affronte la pensée horrifiante de la mort des nazis pour ouvrir à la possibilité d'une résilience. -
Avec On ne laisse rien, le poète explore la notion de fugacité et de disparition.
Au coeur de ce projet d'écriture, la perte d'une amie emportée par un cancer du cerveau. En quatre tableaux, le recueil évoque la douleur, le chagrin et la colère pour faire jaillir la nécessité de s'inscrire dans l'instant présent qui nous tend un miroir : immense privilège qui nous est donné d'être là, au coeur de l'énigme, en route, confrontés à la précarité des êtres et des choses, pour célébrer chaque seconde telle une éternité. -
Paysage et personnage : deux termes presque voisins de l'ordre alphabétique, deux mots à consonances semblables, mais surtout et plus profondément deux protagonistes obligés de la trajectoire humaine. D'un côté : les paysages, avec leur variété cumulée de mondes physiques et de contextes historiques, culturels ou psychologiques au sein desquels l'être humain est appelé à vivre ; de l'autre, les personnages, allant de personne, au sens vide du terme, à personne, au sens plein, qui représentent l'homme en construction. Voici le théâtre des interactions entre l'homme et son univers, ouvrant comme perspective ultime d'accéder au plein-être avant que de disparaître. Observé avec un peu de recul, ce théâtre se déploie aussi comme une fable, celle de la création, où l'homme rejoue sa destinée perpétuellement, sous l'oeil d'un Dieu tantôt créé par lui, tantôt auteur de cette scène à huis clos où se réinvente l'aventure humaine.
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Avec «Un souffle de fin silence», Jacques Gauthier confie son recueil le plus personnel. L'auteur rappelle l'enfance avec sa part irréductible d'âme, évoque la quête spirituelle qui s'enracine dans le désir de vivre et l'apprentissage de la mort. Tout n'est qu'enfantement et renaissance dans ce texte intime aux émotions complexes où le tragique de la souffrance côtoie la beauté d'un amour qui espère tout. Entre l'enracinement et l'effacement, les mots jaillissent du silence et y retournent avec ceux d'amis-poètes comme Jean de la Croix, Saint-Denys Garneau et Leonard Cohen. L'auteur réussit son pari de rendre signifiante une foi mystique dans le monde contemporain.
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Jacques Brault nous offre ici un impromptu, c'est-à-dire un objet longuement médité et inattendu, qui pénètre l'expérience mallarméenne à un point tel que les mots ne semblent pas tant répondre que faire corps avec l'univers de Mallarmé, s'il en est, tant le projet du poète symboliste du 19e siècle reste mystérieux.
À partir du mot « or » s'articule donc un propos riche, auquel Jacques Brault ajoute également quelques repères bibliographiques.