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Jacques Ranciere
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« Celui qui voit ne sait pas voir » : telle est la présupposition qui traverse notre histoire, de la caverne platonicienne à la dénonciation de la société du spectacle. Elle est commune au philosophe qui veut que chacun se tienne à sa place et aux révolutionnaires qui veulent arracher les dominés aux illusions qui les y maintiennent. Pour guérir l'aveuglement de celui qui voit, deux grandes stratégies tiennent encore le haut du pavé. L'une veut montrer aux aveugles ce qu'ils ne voient pas : cela va de la pédagogie explicatrice des cartels de musées aux installations spectaculaires destinés à faire découvrir aux étourdis qu'ils sont envahis par les images du pouvoir médiatique et de la société de consommation. L'autre veut couper à sa racine le mal de la vision en transformant le spectacle en performance et le spectateur en homme agissant. Les textes réunis dans ce recueil opposent à ces deux stratégies une hypothèse aussi simple que dérangeante : que le fait de voir ne comporte aucune infirmité ; que la transformation en spectateurs de ceux qui étaient voués aux contraintes et aux hiérarchies de l'action a pu contribuer au bouleversement des positions sociales ; et que la grande dénonciation de l'homme aliéné par l'excès des images a d'abord été la réponse de l'ordre dominant à ce désordre. L'émancipation du spectateur, c'est alors l'affirmation de sa capacité de voir ce qu'il voit et de savoir quoi en penser et quoi en faire. Les interventions réunies dans ce recueil examinent, à la lumière de cette hypothèse, quelques formes et problématiques significatives de l'art contemporain et s'efforcent de répondre à quelques questions : qu'entendre exactement par art politique ou politique de l'art ? Où en sommes-nous avec la tradition de l'art critique ou avec le désir de mettre l'art dans la vie ? Comment la critique militante de la consommation des marchandises et des images est-elle devenue l'affirmation mélancolique de leur toute-puissance ou la dénonciation réactionnaire de l' « homme démocratique » ?
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Les voyages de l'art
Jacques Rancière
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 22 Septembre 2023
- 9782021523959
Le moment où l'art a été identifié comme une sphère d'expérience autonome et installé dans les musées et les salles de concert est aussi celui où s'est imposée à lui la nécessité de sortir de lui-même, de devenir autre chose que de l'art.
La musique a prétendu être plus que l'art des musiciens : la langue de l'esprit ou le drame de l'avenir. L'architecture a voulu construire non plus seulement des bâtiments, mais un monde nouveau et cherché pour cela à s'envoler dans les airs. Les artistes révolutionnaires ont décidé de confectionner non plus des tableaux, mais les formes de la vie nouvelle. Et les performances et installations de l'art contemporain se tiennent sur la frontière indécise du dedans et du dehors, de l'art et de la politique.
En suivant quelques-uns de ces voyages, Jacques Rancière montre aussi comment les vieux maîtres, Kant et Hegel, nous aident à en comprendre les détours. -
Tout commence à la tombée de la nuit quand, dans les années 1830, un certain nombre de prolétaires décident de briser le cercle qui place le sommeil réparateur entre les jours du salaire : cercle d'une existence indéfiniment vouée à entretenir les forces de la servitude avec celles de la domination, à reproduire le partage qui destine les uns aux privilèges de la pensée, les autres aux servitudes du travail. Le rêve éveillé de l'émancipation ouvrière est d'abord la rupture de cet ordre du temps qui structure l'ordre social, l'affirmation d'un droit dénié à la qualité d'être pensant.
Suivant l'histoire d'une génération, ce livre met en scène la singulière révolution intellectuelle cachée dans le simple nom de « mouvement ouvrier ». Il retrace ses chemins individuels et collectifs, ses rencontres avec les rêves de la communauté et les utopies du travail nouveau, sa persistance dans la défection même de l'utopie. -
Les bords de la fiction
Jacques Rancière
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 25 Octobre 2017
- 9782021296570
On le sait depuis Aristote : ce qui distingue la fiction de l'expérience ordinaire, ce n'est pas un défaut de réalité mais un surcroît de rationalité. Elle dédaigne en effet l'ordinaire des choses qui arrivent les unes après les autres pour montrer comment l'inattendu advient, le bonheur se transforme en malheur et l'ignorance en savoir.
Cette rationalité fictionnelle a subi à l'âge moderne un destin contradictoire. La science sociale a étendu à l'ensemble des rapports humains le modèle d'enchaînement causal qu'elle réservait aux actions d'êtres choisis. La littérature, à l'inverse, l'a remis en cause pour se mettre au rythme du quotidien quelconque et des existences ordinaires et s'installer sur le bord extrême qui sépare ce qu'il y a de ce qui arrive.
Dans les fictions avouées de la littérature comme dans les fictions inavouées de la politique, de la science sociale ou du journalisme, il s'agit toujours de construire les formes perceptibles et pensables d'un monde commun. De Stendhal à João Guimarães Rosa ou de Marx à Sebald, en passant par Balzac, Poe, Maupassant, Proust, Rilke, Conrad, Auerbach, Faulkner et quelques autres, ce livre explore ces constructions au bord du rien et du tout.
En un temps où la médiocre fiction nommée " information " prétend saturer le champ de l'actuel avec ses feuilletons éculés de petits arrivistes à l'assaut du pouvoir sur fond de récits immémoriaux d'atrocités lointaines, une telle recherche peut contribuer à élargir l'horizon des regards et des pensées sur ce qu'on appelle un monde et sur les manières de l'habiter.
Né à Alger en 1940, Jacques Rancière est professeur émérite de philosophie à l'université Paris VIII. Il a consacré de nombreux ouvrages aux relations entre politique, art et littérature. Il a notamment publié au Seuil, dans " La Librairie du XXIe siècle ", Courts voyages au pays du peuple (1990), Les Mots de l'Histoire (1992), La Fable cinématographique (2001) et Chroniques des temps consensuels (2005).
Prix des Savoirs 2017
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" le moderne dédaigne d'imaginer " disait mallarmé.
Poètes, peintres, dramaturges ou ingénieurs voulaient alors mettre l'union de la forme et de l'acte à la place de la vieille dualité de la réalité et de l'image. la vie en eût été révolutionnée. nos contemporains ne croient plus en la révolution et chantent à nouveau, fût-ce au passé, le culte de l'image : éclair sublime sur la toile, punctum de la photographie ou plan-icône. l'image devient la présence sensible de l'autre : verbe devenu chair ou marque du dieu irreprésentable.
A l'une et l'autre vision jacques rancière oppose la nature composée, hétérogène, de ce que nous appelons des images. celles-ci ne sont ni des copies ni des présences brutes, mais des opérations singulières, redistribuant les rapports du visible, du dicible et du pensable. a l'exemple de la phrase-image de godard, étudiée ici, qui superpose un plan de film noir, une image de l'extermination des juifs et un discours de philosophe, ce livre analyse les liens méconnus qui unissent symbolisme poétique et design industriel, fictions du xixe siècle et témoignages sur les camps ou installations de l'art contemporain.
Un même projet anime ces parcours croisés : libérer les images des ombres théologiques pour les rendre à l'invention poétique et à ses enjeux politiques.
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Courts voyages au pays du peuple
Jacques Rancière
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 31 Janvier 2014
- 9782021158243
Au bout de la ligne, un peu à l'écart du fleuve, vit cet autre peuple qu'on appelle simplement le peuple. Des voyageurs s'arrêtent, surpris.
Wordsworth, le poète des lacs, traverse la Révolution française, Büchner croise un pèlerin de l'Utopie saint-simonienne, Michelet et Rilke, devant la servante ou l'ouvrière, rêvent de vie réconciliée pendant que les prolétaires rêvent des mers du Sud et vont quelquefois y chasser la baleine. Sur l'écran, Ingrid Bergman incarne la femme du monde découvrant l'autre côté de la société.
Dans ces Courts voyages, Jacques Rancière nous invite à repenser les rapports entre les images et les savoirs, l'utopie et le réel, la littérature et la politique.
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Chroniques des temps consensuels
Jacques Rancière
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 17 Juin 2013
- 9782021076486
Chroniques des temps consensuels
Le consensus ne signifie pas la pacification des esprits et des corps. Nouveau racisme et épurations ethniques, guerres humanitaires et guerre à la terreur sont au coeur des temps consensuels ; les fictions cinématographiques de la guerre totale et du mal radical ou les polémiques intellectuelles sur l'interprétation du génocide nazi figurent aussi en bonne place dans ce livre. Le consensus n'est pas la paix. Il est une carte des opérations de guerre, une topographie du visible, du pensable et du possible où loger guerre et paix.
Il est aussi un usage du temps qui lui confie mille tours : diagnostic incessant du présent et politiques de l'amnésie, adieux au passé, commémorations, devoir de mémoire, explications des raisons pour lesquelles le passé refuse de passer, répudiation des avenirs qui prétendaient chanter, exaltation du siècle nouveau et des utopies nouvelles.
Ces tours et détours vont vers un même but : montrer qu'il n'y a qu'une seule réalité à laquelle nous sommes tenus de consentir. Ce qui s'oppose à cette entreprise a un nom simple. Cela s'appelle la politique. Ces chroniques voudraient contribuer à rouvrir l'espace qui la rend pensable.
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ACTUALITE CRITIQUE Tome 6 : Béla Tarr, le temps d'après
Jacques Rancière
- Capricci Editions
- ACTUALITE CRITIQUE
- 12 Décembre 2013
- 9791023900262
Béla Tarr, né en 1955 en Hongrie, a commencé à filmer à la fin des années 1970. Ses films les plus marquants sont Damnation (1988), Les Harmonies Werkmeister (2000), et plus récemment L'homme de Londres (2007), adaptation de Georges Simenon.D'Almanach d'automne (1984) au Cheval de Turin (2011), les films de Béla Tarr ont suivi la faillite de la promesse communiste. Mais le temps d'après n'est pas le temps uniforme et morose de ceux qui ne croient plus à rien. C'est le temps où l'on s'intéresse moins aux histoires, à leurs succès et à leurs échecs qu'à l'étoffe sensible du temps où elles sont taillées. Loin de tout formalisme, la splendeur des plans-séquence de Satantango ou de Werckmeister Harmonies est faite d'une attention passionnée à la façon dont la croyance en une vie meilleure vient trouer le temps de la répétition, au courage avec lequel les individus en poursuivent le rêve et en supportent la déception. Pour Jacques Rancière, le temps d'après est notre temps et Béla Tarr est l'un de ses artistes majeurs.
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Penser l'émancipation : dialogue avec Aliocha Wald Lasowski
Jacques Rancière
- Editions de l'Aube
- MONDE EN COURS - ESSAIS
- 22 Avril 2022
- 9782815946858
"Les cinq entretiens de ce livre portent sur la politique, l'esthétique, la littérature, la figure du philosophe et le cinéma. Chacun à sa manière ouvre les champs du possible, en questionnant les relations inédites entre les corps, les identités et les sujets au sein de notre société. Déplacer les assignations, introduire de l'écart, lancer des procédures d'inclusion, réinventer les rapports entre les citoyens : voilà ce qui permet des formes de subjectivation politique radicale ; voilà ce qui engage un processus d'émancipation." Aliocha Wald Lasowski
Jacques Rancière est philosophe.
Il dialogue dans cet ouvrage avec Aliocha Wald Lasowski, universitaire et journaliste. -
Les noms de l'histoire ; essai de poétique du savoir
Jacques Rancière
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 27 Août 2014
- 9782021190182
Une histoire, au sens ordinaire, c'est une série d'événements qui arrivent à des sujets généralement désignés par des noms propres. Or la révolution de la science historique a voulu révoquer le primat des événements et des noms propres au profit des longues durées et de la vie des anonymes. C'est ainsi qu'elle a revendiqué en même temps son appartenance à l'âge de la science et à l'âge de la démocratie.
Mais l'âge de la démocratie et de la science des grands nombres est aussi celui du trouble littéraire et révolutionnaire : de la multiplication des paroles, des récits séduisants et des mots excessifs. Des rois y perdent leur tête et la rationalité semble parfois s'y abîmer.
Les historiens veulent garder leur tête et connaître les choses en les dépouillant de leurs noms trompeurs. Mais les choses de l'histoire ont cette propriété déroutante de s'évanouir quand on veut les rendre à leur simple réalité. La limite de la croyance scientiste en histoire, c'est l'évanouissement de l'histoire elle-même, le nihilisme révisionniste et la rumeur désenchantée de la fin de l'histoire.
Il apparaît alors que l'histoire, pour devenir science sans se perdre elle-même, a besoin de quelques tours de littérature : une autre manière de raconter la mort des rois, un autre usage des temps du récit et l'invention de personnages d'un genre nouveau, les témoins muets. C'est seulement ainsi qu'elle peut articuler en un seul discours un triple contrat scientifique, narratif et politique.
Dans ce livre, Jacques Rancière propose une poétique du savoir : étude de l'ensemble des procédures littéraires par lesquelles un discours se soustrait à la littérature, se donne un statut de science et le signifie. La poétique du savoir s'intéresse aux règles selon lesquelles un savoir s'écrit et se lit comme discours spécifique. Elle cherche à définir le mode de vérité auquel il se voue.
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Le maître ignorant ; cinq leçons sur l'émancipation intellectuelle
Jacques Rancière
- Fayard
- Essais
- 4 Février 1987
- 9782213653013
En l'an 1818, Joseph Jacotot, révolutionnaire exilé et lecteur de littérature française à l'université de Louvain, commença à semer la panique dans l'Europe savante. Non content d'avoir appris le français à des étudiants flamands sans leur donner aucune leçon, il se mit à enseigner ce qu'il ignorait et à proclamer le mot d'ordre de l'émancipation intellectuelle : tous les hommes ont une égale intelligence. On peut apprendre seul, sans maître explicateur, et un père de famille pauvre et ignorant peut se faire l'instructeur de son fils. L'instruction est comme la liberté : elle ne se donne pas, elle se prend. Elle s'arrache aux monopoleurs d'intelligence assis sur le trône explicateur. Il suffit de se reconnaître et de reconnaître en tout autre être parlant le même pouvoir.
Il ne s'agit pas de pédagogie amusante, mais de philosophie et, si l'on veut, de politique. La raison ne vit que d'égalité. Mais la fiction sociale ne vit que des rangs et de leur inlassable explication. À qui parle d'émancipation et d'égalité des intelligences, elle répond en promettant le progrès et la réduction des inégalités : encore un peu plus d'explications, de commissions, de rapports et de réformes, et nous y arriverons. La société pédagogisée est devant nous. À sa manière moqueuse, Joseph Jacotot nous souhaite bon vent.
Jacques Rancière, professeur en esthétique au département de philosophie de l'université de Paris-VIII, a également publié chez Fayard La Nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier (1981) et Le Philosophe et ses pauvres (1983). -
In this short book, Jacques Rancière takes stock of the state of contemporary politics and examines current developments in the light of his writings. Rancière takes issue with what he sees as the consolidation in recent years of an increasingly oligarchic class of professional politicians within the system of representative democracy, while simultaneously objecting to leftist animosity towards electoral politics. He discusses a wide range of contemporary political movements and figures, from Nuit debout and Marine le Pen to Occupy, Trump, Syriza and Podemos, and he offers a trenchant critique of a variety of ideas and thinkers associated with radical politics, such as the ideas of immaterial labour and cognitive capitalism and the concept of insurrection put forward by the Invisible Committee. But above all he talks about the time in which it makes sense to talk about all this, a time for which history has made no promises and the past has left no lessons, only moments to be extended as far as possible. In politics, there are only presents. It is at every moment that the bonds of unequal servitude are renewed or that the paths of emancipation are invented.
Presented in the form of a dialogue between Jacques Rancière and Eric Hazan, this timely reflection by one of the most influential radical thinkers writing today will be of interest to a wide readership. -
In this important new book the leading philosopher Jacques Rancière continues his reflections on the representative power of works of art. How does art render events that have spanned an era? What roles does it assign to those who enacted them or those who were the victims of such events?
Rancière considers these questions in relation to the works of Claude Lanzmann, Goya, Manet, Kandinsky and Barnett Newman, among others, and demonstrates that these issues are not only confined to the spectator but have greater ramifications for the history of art itself. For Rancière, every image, in what it shows and what it hides, says something about what it is permissible to show and what must be hidden in any given place and time. Indeed the image, in its act of showing and hiding, can reopen debates that the official historical record had supposedly determined once and for all. He argues that representing the past can imprison history, but it can also liberate its true meaning. -
The development of Rancière's philosophical work, from his formative years through the political and methodological break with Louis Althusser and the lessons of May 68, is documented here, as are the confrontations with other thinkers, the controversies and occasional misunderstandings. So too are the unity of his work and the distinctive style of his thinking, despite the frequent disconnect between politics and aesthetics and the subterranean movement between categories and works. Lastly one sees his view of our age, and of our age's many different and competing realities. What we gain in the end is a rich and multi-layered portrait of a life and a body of thought dedicated to the exercise of philosophy and to the emergence of possible new worlds.
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In this book the influential philosopher Jacques Rancière, in discussion with Peter Engelmann, explores the enduring connection between politics and aesthetics, arguing that aesthetics forms the fundamental basis for social and political upheaval. Beginning from his rejection of structuralist Marxism, Rancière outlines the development of his thought from his early studies on workers' emancipation to his recent work on literature, film and visual art. Rather than discussing aesthetics within narrow terms of how we contemplate art or beauty, Rancière argues that aesthetics underpins our entire `regime of experience'. He shows how political relations develop from sensual experience, as individual feelings and perceptions become the concern of the community as a whole. Since politics emerges from the `division of the sensual', aesthetic experience becomes a radically emancipatory and egalitarian means to disrupt this order and transform political reality. Investigating new forms of emancipatory politics arising from current art practices and social movements, this short book will appeal to anyone interested in contemporary art, aesthetics, philosophy and political theory.
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The time of the landscape is not the time when people started describing gardens, mountains and lakes in poems or representing them in works of art: it is the time when the landscape imposed itself as a specific object of thought. It is the time when both the harmony of arranged gardens and the disharmony of wild nature led to a revolution in the criteria of the beautiful and in the meaning of the word "art." It coincided with the birth of aesthetics, understood as a regime for shaping how art is seen and thought, and also with the French Revolution, understood as a revolution in the very idea of what binds together a human community. The time of the landscape is the time when the conjunction of these two upheavals brought into focus, however hazily, a common horizon: that of a revolution that no longer concerns only the laws of the state or the norms of art, but the very forms of sensible experience. This brilliant and wide-ranging book will be of interest to students and scholars in philosophy, literature, the visual arts, and the humanities generally, and to anyone interested in critical theory and philosophy.
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The global triumph of democracy was announced thirty years ago, promising an age of consensus in which the dispassionate consideration of objective problems would give birth to a world at peace. Today, these grand hopes lie in ruins, and the era touted as new has turned out to be remarkably similar to the old order. To understand why this might be so, we need to examine the nature of the consensus itself, which is not the peace that it promised but rather the map of a territory on which new forms of warfare are being waged. The objective reality that imposed itself at the end of the 1990s was an absolutized and globalized capitalism which has produced ever more inequality, exclusion and hate. In this book Jacques Rancière delivers a frank and piercing critique of the globalized capitalist consensus. The invasion of Iraq, the riots on Capitol Hill and the rise of the European far right all attest to the true nature of this consensus, as does the current state-sanctioned racism which exploits the disenchanted progressive tradition and is led by an intelligentsia that claims to be left-wing. At the same time, Rancière praises the dynamism of social movements which affirm the power of the assembly of equals and its capacity for worldmaking: autonomous protest collectives have proven themselves capable of opening breaches in the consensual order and challenging the post-1989 system of domination.
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Faced with growing inequalities and new forms of domination and exploitation, can the movement of emancipation take on a new life today, or has it been arrested by the powers of repression and normalization?
In order to address this question, Jacques Rancière pays close attention to the sociopolitical rhythms of our time, listening for the figures of trembling and oscillation that are often drowned out by the deafening hubbub of the media. He questions the relationship between democracies and the very concept of democracy, and questions what, in the social movements and protests taking place today, offers a possibility of emancipation. Emancipation means breaking out of the established hierarchies, proposing a ludic attitude of free-floating distance and bringing into it a space of equality to replace the dominant order of inequalities.
In five conversations on politics, art, literature, philosophy and cinema, Jacques Rancière and Aliocha Wald Lasowski consider the form, experience and collectives which characterise emancipation. In so doing, they imagine the world of tomorrow and the radical utopias that will bring it closer to us. -
La première question philosophique est une question politique : qui peut philosopher ? Pour Platon, les citoyens doivent accepter un "beau mensonge" : la divinité a donné aux uns l'âme d'or des philosophes, aux autres l'âme de fer des artisans. Si les cordonniers ne s'occupent que de leurs chaussures, la cité sera en ordre et la philosophie protégée de la curiosité des "bâtards".
Au XIXe siècle, les cordonniers s'agitent et des philosophes viennent proclamer le grand changement : le producteur désormais sera roi et l'idéologue esclave. Pourtant, à suivre le parcours de Marx, la science du nouveau monde prend une allure déconcertante : le "vrai" prolétaire est toujours à venir, le Livre interminable, et le savant récuse tous ceux qui tentent d'appliquer sa science.Sartre affronte le paradoxe : l'ouvrier devient le gardien absent du monde du philosophe, et ce dernier doit loger ses raisons dans les raisons du Parti. Chez Bourdieu, la critique supposée radicale des distinctions culturelles et des illusions philosophiques n'exprime plus que l'ordinaire d'un ordre où la démocratie s'est abîmée en sociocratie.Le philosophe n'est plus roi. Mais le professionnel de la pensée s'assure à bon compte d'un regard "lucide" sur l'aveuglement de son voisin, pour la bonne cause d'un peuple toujours prié de rester à sa place. -
Cahiers critiques de philosophie n°17 : Dossier Jacques Rancière
Jacques Rancière
- Hermann
- 15 Février 2017
- 9791037023353
Essais
Sameh DELLAÏ : Réflexion autour de « La détresse de la logique historique » : L'histoire entre nécessité et contingence
Traduction
Carlos Fellmer del Valle Rojas : La crise actuelle du récit de la justice
Dossier Rancière
(coordonné par Eric Lecerf et Diletta Mansella)
Diletta Mansella : Fonctions et enjeux de la mise en scène littéraire chez Jacques Rancière
Antonia Birnbaum : De l'antagonisme - ou non - chez Jacques Rancière
Maria Kakogianni : "Rancière" et la pantomime égalitaire. Le philosophe et son double.
Didier MOREAU : La pédagogie comme pratique philosophique : Rancière et l'aporie éducative
Ninon GRANGÉ : Le soupçon ne connaît plus de doute. Rancière, l'histoire, la vérité.
Patricia ATZEI : Déplacements. Aux bords de la philosophie politique.
Eric LECERF : L'homme au tablier de cuir s'invite au cinéma.
Saint-Denis à Vincennes
Jacques RANCIERE avec Julia CHRIST et Bertrand OGILVIE : Entretien
études et discussions
Jun KANEYAMA : De l'antinomie à la série : la notion d'équilibre chez Proudhon
Alexandre MBOME : Gouvernance contemporaine et théorie spinoziste de l'Etat -
What distinguishes fiction from ordinary experience is not a lack of reality but a surfeit of rationality - this was the thesis of Aristotle's Poetics. The rationality of fiction is that appearances are inverted. Fiction overturns the ordinary course of events that occur one after the other, aiming to show how the unexpected arises, happiness transforms into unhappiness and ignorance into knowledge.
In the modern age, argues Rancière, this fictional rationality was developed in new ways. The social sciences extended the model of causal linkage to all spheres of human action, seeking to show us how causes produce their effects by inverting appearances and expectations. Literature took the opposite path. Instead of democratizing fictional rationality to include all human activity in the world of rational knowledge, it destroyed its principles by abolishing the limits that circumscribed a reality peculiar to fiction. It aligned itself with the rhythms of everyday life and plumbed the power of the "random moment" into which an entire life is condensed.