Ni survol des oeuvres principales de Karl Lwith ni introduction à sa vision particulière de la condition humaine, cet ouvrage revalorise la pensée du philosophe de deux manières. D'abord, en proposant des essais jusqu'alors inédits en français, écrits principalement pendant sa période américaine et témoins du développement de sa réflexion sur la disposition philosophique et sur les sources qui l'alimentent - Pyrrhon, Pascal, Nietzsche. Ensuite, en analysant sa pratique philosophique et son évolution à travers des réflexions sur la question de l'histoire et du temps avec, notamment, Strauss, Voegelin, Koselleck et Hegel.
Cet ouvrage offrant à la fois traductions et analyses originales s'adresse à un public intéressé par la philosophie allemande, mais aussi aux chercheurs et aux étudiants en théorie politique et à quiconque s'interroge sur les liens entre religion, philosophie, et histoire. C'est à une expérience de la philosophie que le lecteur est ici convié, une expérience qui, dans les mots de Lwith, commande la retenue, la mesure et «le charme plus doux, mais sans éclat, de l'équilibre».
Nietzsche lisait ? Mais quel écrivain ne lit pas ? Les auteurs réunis ici ont choisi de mettre de l'avant cette évidence afin d'en mesurer les conséquences méthodologiques, puis d'en tirer profit. Nietzsche lisait. Fort bien. Mais que lisait-il ? Et quand ? Mais surtout : pourquoi ? Comment ses lectures nourrissaient-elles sa réflexion ? Qui répondait à l'appel de ses textes ? Et quel type de lecteur fut-il lui-même ?
Cet ouvrage s'intéresse au Nietzsche lecteur, écrivain et auteur lu. Il analyse, d'une part, la pratique nietzschéenne de l'écriture philosophique à l'aune de sa pratique de la lecture et, d'autre part, les mécanismes de définition et d'appropriation de ses idées à partir de la réception de ses textes.
Martine Béland est titulaire d'un doctorat en philosophie (EHESS, Paris). Elle est professeure au Département de philosophie du Collège Édouard-Montpetit (Longueuil) et chercheure associée au Centre canadien d'études allemandes et européennes (Université de Montréal).
Dans la Grèce ancienne, on considérait la philosophie comme un remède aux maux de l'âme, comme une thérapeutique permettant à l'individu d'atteindre l'indépendance et la tranquillité d'esprit par la connaissance de soi. Il n'est pas étonnant de retrouver des échos de cette pensée sous la plume du jeune philologue Friedrich Nietzsche. Dans ses premiers écrits, Nietzsche, alors professeur à l'Université de Bâle, donne à cette préoccupation thérapeutique la forme de la Kulturkritik : le philosophe est un médecin qui lutte contre la maladie de la civilisation, en s'en prenant à la fois aux causes et aux manifestations du mal. Cette entreprise l'amène à critiquer les postures caractéristiques du moderne : l'optimisme théorique, l'esprit scientifique, le relativisme historique, l'esthétique de l'imitation, la dignité accordée au travail.
Martine Béland retrace les formes de la Kulturkritik en la rattachant au projet philosophique de Nietzsche d'entre 1869 et 1976. une époque essentielle pour comprendre la genèse de la pensée nietzschéenne.
Martine Béland est titulaire d'un doctorat en philosophie (EHESS, Paris). Elle est professeur au Département de philosophie du Collège Édouard-Montpetit (Longueuil) et chercheur associé au Centre canadien d'études allemandes et européennes (Université de Montréal).
En mai 2020, une baleine égarée remonte le fleuve jusqu'à Montréal. Au moment où elle est retrouvée morte, la mère de Martine Béland rend l'âme au terme d'une longue maladie. Dans ses derniers moments, celle qui préférait souvent la compagnie des animaux à celle des humains demandait des nouvelles du « mégaptère », mot qu'elle employait pour désigner ce grand mammifère marin qui la fascinait.
« Ce numéro constitue en somme une invitation à cultiver l'art du recul, de la nuance, de l'entre-deux. Une invitation à résister à l'esprit de notre temps avide de querelleuses polarisations et d'emportements intempestifs » (Alain Roy, Éditorial) Ainsi est résumé l'intention derrière le numéro d'été de la revue L'Inconvénient qui présente Des philosophes qu'il ferait bon relire : Héraclite, Platon, Pascal, Descartes, Spinoza, Rousseau, Nietzsche, Arendt, Lévinas ou encore des auteurs à la frontière de la littérature ou de l'essai comme Svetlana Alexievitch, Walt Whitman ou Albert Camus pour ne nommer qu'eux. Pourquoi relire des philosophes du passé ? Parce qu'ils ont étudié notre condition de mortels (toujours en cours) et qu'ils ont fréquenté le genre humain, ce dernier n'ayant pas tellement changé depuis. Aussi au sommaire, un portfolio de l'artiste Andrée Lebel et un portrait de la tromboniste Melba Doretta Liston, entre autres.
« Friedrich Nietzsche : actuel ou inactuel ? Légitime référence ou source de tous les maux depuis 150 ans ? Brillant ou dangereux ? Brillant et dangereux ? » Un siècle et demi après la publication du premier ouvrage du philosophe, La naissance de la tragédie (1872), ce dossier de la revue Spirale, dirigé par Itay Sapir, revisite l'héritage paradoxal de l'oeuvre nietzschéenne et interroge sa pertinence contemporaine à la lumière des usages et des mésusages dont elle fait - ou peut faire - l'objet encore aujourd'hui. Par des approches très variées, Martine Béland, Rebecca Leclerc, Laurence Pelletier, Sepehr Razavi, Maude Trottier, Jean-Philippe Uzel et Patrick Wotling rendent compte des enjeux esthétiques et politiques que soulève la pensée de Nietzsche au XXIe siècle, vous invitant à réfléchir aux multiples possibilités dont elle continue d'être porteuse, mais aussi, malgré tout, à ses indéniables limites et contradictions. Le numéro propose aussi Martin Hervé et les figures actuelles de l'irrationnel et du surnaturel dans la chronique « Psychanalyse du présent », un portfolio de l'artiste Evergon signé Didier Morelli et des recensions critiques d'essais, de recueil de poésie, de récit ou de romans par Isabelle Décarie, Emanuel Guay, Nicolas Lévesque, Simon Levesque, Pierre Popovic et Renato Rodriguez-Lefebvre.