Michael Delisle
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Un couple modèle de Montréal, jeune et cultivé, qui assiste à des pièces d'avant-garde et à des happenings. Derrière cette apparence de couple branché, mais ordinaire et raisonnable, se dissimule une fracture : une longue période de délire, une plongée dans l'alcool et la drogue. Depuis, Anne ne porte que des tailleurs stricts, car il y a «un lien entre la rigidité des tenues et la protection nécessaire pour affronter le quotidien».
Michael Delisle sait combien les mots ne sont jamais innocents, que, une fois qu'on les a prononcées, il faut aller «au coeur des phrases».
Alain Salles, Le Monde -
Quand Michael Delisle était enfant, ses « oncles », c'est-à-dire les amis de son père, ne disaient pas « arme » mais morceau ou de façon plus métonymique, feu. « J'avais mis mon feu dans le coffre à gant. » « Il s'est débarrassé de son feu. » « Oublie pas ton feu. » Dans ce poignant récit, le poète se remémore son père, le bandit devenu chrétien charismatique, l'homme violent qui ne parlait plus que de Jésus, l'homme détesté qu'on ne peut faire autrement qu'aimer, en dépit de tout. « La question qui revient éternellement est celle-ci : où va le feu ? »« Et la question me revient au chevet de mon père. Je passe mon doigt sur son vieux tatouage de marin (une ancre avec les lettres MN pour merchant navy) qui n'est plus qu'une pastille noire et floue. Ces cellules sont aussi les miennes. Je reconnais la parenté organique et l'odeur qui monte de son corps : un parfum de vieux drap gorgé de phéromones. Cet encens sébacé est mon seul lien avec cet homme, le seul que je reconnaisse. »« Cet animal m'a donné la vie. »
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Chose vocale - melancolie
Michael Delisle
- Éditions Les Herbes rouges
- Territoires
- 20 Mai 2019
- 9782894197004
À propos de MÉLANCOLIE:
«Mélancolie est un des plus forts textes de la nouvelle poésie québécoise. Cette «mélancolie de fin du monde» et de fin de soi qu'il faut écrire pour l'oublier, Michael Delisle nous en donne le sentiment exact. Mieux que tous les poètes de sa génération réunis, Delisle réussit à investir la forme du journal jusqu'à la poésie.» - Jean Royer, Le Devoir
À propos de CHOSE VOCALE :
«Les émotions éclatent à chaque page au milieu de ces phrases saccadées et courtes.
Delisle trouve une sorte d'équilibre entre la tragédie de vivre et le bonheur d'être, bonheur qui semble trouver son apogée dans le travail d'écriture. Il y a des passages splendides qui rendent à merveille cette tension: Alors, je pense que les mots sont des bulles. / Je pense que ces bulles sont molles. / Que souvent, elles forment des globes. / Que souvent, au-dessus de petits lions enjoués, / Elles frissonnent devant la mort.» - Gilles Toupin, La Presse -
Pourquoi l'ont-ils choisi, lui ? Peut-être parce qu'il aime chanter, mais certainement pas à cause de sa tignasse rousse, qui brille comme du cuivre quand soeur Dionne l'enduit de lotion. Il était le « Tiroir numéro 24 » de l'Orphelinat catholique. Il sera désormais le gars des Cyr. Il a six ans. C'est juste avant l'Expo 67. Pendant douze ans, il travaille à la Boulange, l'entreprise familiale, où on vend du pain et des gâteaux. Mais les temps changent et la Boulange ferme ses portes. Les bourgeois du quartier délaissent les mokas, les pains Weston et les pâtés au saumon et préfèrent désormais le lapin aux pruneaux, le céleri rémoulade et les nouilles d'Alsace. Il va travailler pour l'Européen qui vient d'ouvrir boutique de l'autre côté de la rue. Pour les Cyr, c'est une trahison. Mais pouvait-on attendre autre chose d'une engeance comme lui. Après tout, ce n'est pas leur sang qui coule dans ses veines. Michael Delisle sait évoquer toute la part de mystère qui se cache dans chaque destin. À travers l'errance du gars des Cyr, c'est une étape charnière de la conscience québécoise qu'il nous fait revivre. Le passage de la tradition à la modernité, qui cache bien des périls.
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J'ai tout mis dans des boîtes à chaussures que j'ai été porter dans la cour. J'ai imbibé le carton de combustible à fondue et j'ai allumé. Le feu a été long. En voyant les couleurs qui montaient du bûcher, mes yeux se sont embués. Ce bleu-vert qui fendait l'air, était-ce le polaroid de ma confirmation? Quelle fête ancienne expirait de ce grésillement? J'avais la gorge serrée: je tuais quelque chose. Je pleurais mes traces.
Un collectionneur passionné de bandes dessinées se voit menacé d'éviction par son propriétaire, car son appartement, encombré d'innombrables albums, est réputé insalubre. Au moment où il prend sa retraite de l'enseignement, un homme est amené à réexaminer un épisode mystérieux de son enfance et se rend compte, à un demi-siècle de distance, qu'il a sans doute été témoin d'un meurtre. Un vieil acteur argentin, jadis célèbre, en tournage au Québec dans une coproduction internationale, confie à son chauffeur combien il trouve scandaleux, à son âge, de devoir gagner sa vie en faisant semblant d'être quelqu'un d'autre. Au cours d'une retraite dans un monastère, un homme renoue avec un oncle qu'il avait depuis longtemps perdu de vue et qui s'est récemment mis en ménage avec une toute jeune femme, qu'il appelle « sa fille ». Un homme, à qui on a diagnostiqué un cancer, ne lui donnant plus que deux mois à vivre, brûle tous ses souvenirs et achète un aller simple pour le Cambodge.
Dans chacune des nouvelles de ce recueil, il y a un personnage qui prend conscience que sa vie est finie, comme on le dit d'un ensemble fini. Que faire du temps qui reste, alors? Que faire de soi? Des objets qu'on a accumulés et qui seraient la seule trace de notre passage sur terre? À qui se donner? La prose si personnelle de Michael Delisle fait encore une fois merveille pour sonder la profondeur de l'instant en apparence le plus banal, pour éclairer ce qui se cache sous la surface lisse de la vie, pour éclairer le mystère sans jamais lui faire perdre son pouvoir de fascination. -
Le Palais de la fatigue
Michael Delisle
- Editions Boréal
- Romans et récits
- 31 Janvier 2017
- 9782764644683
Un garçon et son frère habitant la banlieue adoptent un ours à la patte coupée. Un jeune homme qui rêve de poésie fait son entrée dans les cercles littéraires guidé par son mentor. Un homme d'âge mûr va camper avec son frère et son neveu et raconte à ce dernier l'histoire de leurs ancêtres gallois. Un écrivain est bouleversé de voir un de ses amis, photographe de grand talent, tout simplement décider de mettre un terme
à son oeuvre.
Comment naissent les récits ? Comment se transmettent-ils au sein de la famille, de la fratrie ? Comment modèlent-ils nos vies, souvent à notre insu ? Pourquoi décide-t-on un jour de les écrire pour que des étrangers les lisent ? Pourquoi pourrait-on également un jour décider de se taire et de les garder pour soi ?
«Voir un homme abandonner son oeuvre me fait de la peine. C'est pour ça que je persiste, même si le terme se dessine. Mon ami Jogues a achevé sa carrière pour ne pas se taper son agonie. Cette superbe m'est étrangère. Je travaille avec une ambition de plus en plus élémentaire. J'écris pour voir à quoi la vie ressemble, une fois écrite.» -
Gisement : quelque chose est enfoui et peut ne pas le rester. Quelque chose est là bien avant nous, comme indifférent à notre présence et à notre absence. Un gisement est une accumulation, une source. Est-ce un trésor ou une malédiction? Nous guettons les signes à la surface. Bientôt, il n'y a plus qu'eux. Le reste du monde s'estompe, les êtres s'éloignent. Selon les jours ou les années, c'est un dram ou un miracle. Cette oscillation traverse de part en part l'oeuvre de Michael Delisle, qui en est une de solitude et de détermination. Ce n'est pas une question d'héroïsme, ni de survie. Plus simplement, c'est que l'auteur, ainsi qu'il l'écrit en 1996 dans Long glissement, sait que «toute rencontre / comme la voix / se déchire». (Michaël Trahan)
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Lettres québécoises. No. 185, Été 2022
Sophie Létourneau, Michael Delisle, Celine Huyghebaert, Paul Kawczak, Gabrielle Giasson-Dulude, Charlotte Biron, Ale
- Lettres québécoises inc.
- 12 Juillet 2022
- 9782924360569
Le dossier thématique du numéro de l'été de la revue Lettres québécoises porte sur les écritures du réel, c'est-à-dire toutes formes d'écritures non-fictionnelles, qui ne relèvent pas d'un travail d'imagination. Avec des textes de Sophie Létourneau, Michael Delisle sur l'éthique de la mention, Céline Huyghebaert, Paul Kawczak, Gabrielle Giasson-Dulude, Charlotte Biron sur le reportage littéraire, Maude Veilleux, Daphne B., Laurence Côté-Fournier et un entretien entre Alex Noël et Daoud Najm autour des genres littéraires. Le cahier Création présente un poème de Ouanessa Younsi, une nouvelle de Maryse Andraos, une lecture illustrée par Clément de Gaulejac et le labo de Maude Pilon. Le cahier Critique fournira des suggestions de lecture pour renflouer les piles à lire et le cahier Vie littéraire, matière à réflexion sur la littérature telle qu'elle se vit, au Québec et dans l'espace franco-canadien.
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XYZ. La revue de la nouvelle. No. 151, Automne 2022
Jennifer Belanger, Michael Delisle, Olivier Sylvestre, Emmanuelle Cornu, Gabrielle Boulianne-Tremblay, Cecile Huysma
- Jacques Richer
- 18 Août 2022
- 9782924343388
C'est sous le thème « Coming-out » que se déploie l'édition automnale de XYZ. La revue de la nouvelle. La sortie du placard prend ici des formes diverses. Violente ou libératrice, elle se déroule en milieu scolaire (Emmanuelle Cornu, Olivier Sylvestre), dans l'humour ou dans le doute (Cécile Huysman, Jennifer Boulanger). Le coming-out se célèbre, se vit dans l'amour (Danus et Gabrielle Boulianne), en famille (Gabriel Cholette) ou envers elle (Michael Delisle). Le numéro présente aussi la lauréate du Concours de nouvelles 2021, Julie Dugal, qui signe L'ordre naturel des choses, une nouvelle qui navigue entre deuil et retrouvaille, fête et cataclysme. Hors-thème, lisez un texte tendre et tragique de Rémi-Julien Savard, un d'Eveline Dufour où il est question de nettoyage de scènes de crimes et une traduction d'une nouvelle de Barry Sherwood, sise sur les routes sauvages de l'Alberta.
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Les écrits. No. 167, Printemps 2023
France Mongeau, Michael Delisle, Jean-Claude Brochu, Gerald Gaudet, Stephanie Fernet, Christian Bouchard, Denise Joyal
- Les écrits de l´Académie des lettres du Québec
- 24 Avril 2023
- 9782924558553
Dans ce numéro de la revue Les écrits, découvrez un dossier sur l'homme de théâtre Jacques Crête, qui prête son nom au prix remis annuellement par la revue à un·e dramaturge de la relève. Le dossier propose entretien, portrait et témoignages saluant de belle manière l'univers du dramaturge trifluvien avec des contributions de Gérald Gaudet, Stéphanie Fernet, Christian Bouchard, Denise Joyal et Hélène Fournier. Profitez-en pour lire le texte du lauréat du prix Jacques-Crête 2023, Raphaël Scali. Entrer dans ce dossier, c'est aborder l'univers riche et exigeant d'un homme de théâtre tourné vers le sacré et la beauté des rituels. Retrouvez également la seconde contribution de l'écrivain en résidence, Michael Delisle, en plus du magnifique portfolio de Dominique T Skoltz présenté par Chantal Pontbriand. En récit, poésie et essai, lisez des textes de Jean-Claude Brochu, Jean-Marc Desgent, Chloé Savoie-Bernard, Christophe Condello, Carole David, Édith Cousineau, Anama Kotlarevsky et Raymond Paul.
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Les écrits. No. 168, Été 2023
Gerald Gaudet, Michael Delisle, Frederique Bernier, Michael Trahan, Maisie-Nour Symon Henry, Jean-Jacques Camy, Rachel G
- Les écrits de l´Académie des lettres du Québec
- 27 Juin 2023
- 9782924558577
Dans chaque mot entendu / lu / proféré, il y a une adresse à l'autre, une prière parfois, une protestation même, des promesses de rencontre en tout cas, assez puissantes pour s'accrocher. Ainsi on ouvre avec celles et ceux qui nous font signe une longue et intime conversation pour une traversée, un accompagnement, un retour de l'émotion. Il y aura toujours un dialogue entre le jamais plus et le pas encore, toujours inquiété, fasciné par une réalité nouvelle qui bouleverse tout. Fredérique Bernier, Michaël Trahan et Symon Henry, entre autres, nous rappellent que la vie avec les mots est expérimentation, promesse. Risque.