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En janvier 1919, à Col-de-Varèse, hameau des Alpes, un enfant est trouvé dans la neige. D'où vient-il ? Nul ne le sait. Bienvenu Jardre, un fermier mélancolique, l'adopte. Il lui donne cinq prénoms : Jean Narcisse Éphraïm Marie Bénito. L'enfant abandonné sera vite le prodige de la montagne. Au séminaire de la ville voisine, dans les champs, auprès des siens, sa force éclate. Il lui faut un destin, la gloire, une vie pleine, tel Hannibal dont les éléphants traversèrent les Alpes. Il aura plus qu'il n'avait espéré. Mais le hasard est là, qui veille, comme un animal affamé...
Des années 20 à aujourd'hui, d'une ferme dans les neiges à un mazet languedocien, de la bataille de Norvège au chemin des contrebandiers, Jean-Pierre Milovanoff raconte l'histoire d'un homme hors du commun : une saga du siècle et de ses tourments. Autour de ce rescapé au coeur détruit, tournoient les personnages de la mémoire : Eliana aux yeux de chat sauvage. Thélonia, échappée du bordel. Albert le souteneur, sur les routes de l'exode. Une mère russe et son fils infirme, qui sont marchands d'illusions, d'étoffes et de mots.
Tous nous entraînent dans ce roman, à la langue magnifique et indomptée, qui chante comme les ruisseaux et les pierres de la montagne.
Jean-Pierre Milovanoff est l'auteur entre autres, de La splendeur d'Antonia et du Maître des paons (1997). PRIX DES LIBRAIRES 2000 -
Le battement de l'aile d'un papillon au pays du Matin calme provoquant un ouragan à l'autre bout du monde ; un spermatozoïde dans les entrailles d'une femme créant un cataclysme historique, ou la rupture d'une « manille à cinquante balles » provoquant des catastrophes en chaîne : au coeur de ce roman, le jeu du hasard et de la nécessité, ou les facéties du destin.
Le destin de trois hommes naufragés.
- Roscanvel, jeune ingénieur brillant et marin d'exception, rescapé du naufrage d'une course en solitaire en étant hissé à bord d'un cargo poubelle où il voit pourrir sur des galetas tout le lumpenproletariat du monde, s'emparant des commandes du raffiot au beau milieu d'un typhon et se retrouvant condamné pour mutinerie et pour meurtre...
- Le narrateur, « nègre aquatique », auquel son filleul Rocanvel raconte son histoire pour qu'il la consigne dans un livre. Ancien légionnaire qui a connu les guerres coloniales, les destins d'exception, les morales d'airain, et qui tangue aujourd'hui de bouteille en bouteille, retiré dans un petit port breton rythmé par les tempêtes qui menacent les chalutiers, le suicide par pendaison du coiffeur pour dames et la chronique locale des trois bistrots de la criée : « La Misaine », « Chez Jenny », « Au Cap Horn ».
- Joakim Proffiefke, capitaine de l'Eleveen, le cargo poubelle, qui porte le nom d'un père disparu dans les glaces du Front de l'Est en 43 alors qu'il a été conçu par l'un des violeurs anonymes de sa mère, femme à soldats de l'Armée rouge. Fascinant Profieffke, personnage monstrueux digne de l'Enfer de Dante, animal vautré dans sa souille et racheté par sa fin.
Oscillant entre lyrisme noir et ironie désabusée, cette histoire simple a des résonances métaphysiques (miséricorde, pardon, charité) et des accents sublimes (omniprésence d'une poésie de la mer sous le signe tutélaire du Moby Dick de Melville). Elle est aussi une réflexion sur l'écriture : l'existence d'un homme appartient-elle à celui qui l'a vécue ou à celui qui l'écrit ? Existe-t-elle tant qu'elle n'a pas été consignée ? Mais ne cesse-t-elle pas d'être véridique dès lors qu'elle l'est ? -
A seize ans. Auréline rêve de monter sur scène. Sa beauté lui permet d'entrer dans le monde du spectacle. Elle fait des tours de magie, chante, participe à quelques films, défraie la chronique plus par ses moeurs que par son talent, voyage en Europe et en Amérique. Un jour, elle revient dans le Midi et s'enferme au mas des Trembles, en Camargue, chez un riche éleveur qui la protège.
Maxime et Zita, les faux jumeaux, qui se sont toujours chamaillés, se disputent maintenant la mémoire de leur cousine. Chacun la raconte à sa manière, mais avec des enjeux différents. Auréline a été l'unique amour de Maxime, célibataire excentrique et jouisseur, aujourd'hui pianiste de jazz. Zita prend une revanche posthume sur une séductrice qui l'a longtemps éclipsée.
Avec humour et mélancolie, Jean-Pierre Milovanoff trace le double portrait d'une femme qui a préservé ses secrets. Il donne ici l'un de ses romans les plus attachants.
Jean-Pierre Milovanoff' est l'auteur entre autres, du Maître des Paons (Prix Goncourt des lycéens en 1997) et chez Grasset de L'Offrande sauvage (Prix des Libraires en 2000). -
Le roman s'ouvre sur l'hiver, le blanc neigeux, la solitude. Il se referme sur le printemps, le bleu, le rêve. Entre ces deux périodes, Jean-Pierre Milovanoff campe de beaux personnages enracinés autant dans leurs terres que dans leurs chimères : au pays des vivants.
Lorsque le fugitif au visage de Chinois, sans doute évadé d'une prison, atteint le village de Pierrefroide, perché dans un paysage montagneux, il croit trouver refuge chez Kochko, boxeur à la démarche dansante, qu'il a jadis sauvé en mer de Chine, par on ne sait quelle solidarité d'aventuriers. Mais Kochko est mort. Seuls Bichon, « cantonnier des cinq communes et fossoyeur à l'occasion », et Faustine, se souviennent du boxeur taciturne, baroudeur immobile, le Kochko amoureux d'une seule femme, Faustine, qu'il est allé chercher dans un cabaret à Marseille. Le fantôme tant aimé brouille les esprits : peut-être est-ce sa silhouette massive qu'on distingue la nuit dans la montagne ? Pourquoi cette fascination ? Que cherche vraiment le fugitif ?
Idiot génial, ahuri lunaire vivant avec ses plantes, Bichon enterre les morts, aide à l'Institut des sourds-muets, célébrité du lieu, et tombe amoureux d'une acrobate trop jolie. « Ma vie est pleine de tiroirs qu'il vaut mieux ne pas ouvrir » lui avait dit le boxeur devenu son unique ami. Bichon mène l'enquête. C'est lui qui va nous initier aux secrets de Kochko, nous apprendre les passions débordantes et clandestines de Faustime : lui qui, avec sa maladresse cocasse, aura le fin mot de l'histoire, composée magnifiquement, écrite en phrases qui arrivent par tempêtes. -
Le 14 février 2004, Marco Pantani est retrouvé mort, d'une overdose, dans la Résidence La Rose à Rimini. L'enquête révèle qu'il a vécu seul, les derniers jours de sa vie, et qu'avant de mourir, il a mangé de la cocaïne puis détruit sa chambre dans un accès de paranoïa. Le jour de ses funérailles, les journaux reproduisent le portrait d'un ancien champion dépressif, toxicomane et dépravé. Chargé du dossier, le juge Paolo Gengarelli écarte d'emblée la piste du suicide et de l'homicide. L'instruction est bouclée en moins de deux mois. L'enquête, pourtant, ménage des zones d'ombres. Le désordre de la pièce suggère qu'il s'est probablement défendu contre un agresseur. Pantani d'ailleurs, avait réclamé de l'aide par téléphone à la réceptionnniste parce que des gens « le dérangeaient », et son cadavre présentait des traces noirâtres sur la nuque, des excroissances de chair, pareilles à des onglets, laissant penser qu'on l'avait contraint à avaler de la cocaïne. Enfin, ceux qui l'avaient croisé, dans les derniers instants de sa vie, les employés de l'hôtel, ses voisins de palier, se souvenaient d'un homme affable, plutôt calme et courtois, en contradiction avec ce personnage égaré, bouffi de solitude, décrit par la police. Pour tenter de résoudre le mystère de sa mort, l'auteur mène une contre-enquête, obsessionnelle et minutieuse. Il se remet dans les pas de Pantani. A Rimini dans le bureau du juge. A Bologne au procès de ses dealers. A Cesenatico, dans sa ville natale, une station balnéaire de la Riviera Adriatique, la « riviera delle sballo » théâtre de tous les vices, mais aussi auprès de ceux qui l'ont connu, ses parents, ses proches, ses amis d'enfance, sans jamais trahir le sujet de sa quête : Marco Pantani lui-même. L'homme autant que le personnage. Le champion au-delà de sa légende. En allant toujours, au plus près de la vérité. Avec à la clé, cette question subsidiaire : et si tout s'était noué le 5 juin 1999 à Madonna di Campiglio, quand on l'a banni du Tour d'Italie au terme d'un contrôle anti dopage ?
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Marche sur mes yeux ; portrait de l'Iran d'aujourd'hui
Michel-S+Woods-P
- Grasset
- Essai
- 19 Mai 2010
- 9782246784494
L'autre Iran ? Celui qu'on ne voit pas, qu'on ne montre pas. Serge Michel et Paolo Woods ont vécu en Iran et multiplié les voyages sur place ces dix dernières années pour raconter un pays plus humain que l'Iran voilé, réduit aux clichés de la Révolution Islamique depuis 1979.Des jeunes gens au bord d'une piscine vide qui maîtrisent Twitter aussi bien que les poèmes de Hafez ; un marchand de tapis antisioniste qui crie « mort à l'Amérique » mais s'enrichit grâce à son magasin à Dallas ; des femmes en tchador qui se rendent en pèlerinage dans la ville sainte de Mashad y remercient l'imam Reza pour un divorce réussi ; un mollah passé dans le camp de l'opposition prodigue des leçons d'humanité. Ainsi va l'Iran et son théâtre fascinant, où chacun tient plusieurs rôles sur plusieurs scènes mais dans une seule langue, celle du « tarouf », une forme sophistiquée d'hypocrisie et de politesse. Nos auteurs, au terme d'une longue traque, ont emprunté ce labyrinthe de faux-semblants et ont découvert, sous les images d'apocalypse répandues par les media, un pays réel, surprenant, drôle, épris de liberté, insolent et inassouvi. Une vague qui deviendra la Révolution verte.
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Pauline Viardot (1821-1910) est l'une des figures dominantes du monde artistique et littéraire au XIXème siècle. Fille du ténor rossinien Manuel Garcia, et soeur de la grande diva romantique Maria Malibran, elle marque son temps par ses dons exceptionnels de cantatrice et son jeu dramatique, tout autant que par la vivacité de son esprit et la beauté de ses compositions. Amie intime de George Sand et de Chopin, aimée avec passion par l'écrivain russe Ivan Tourguéniev pendant quarante ans, elle va, grâce à la réputation de son salon parisien, lancer la carrière de Saint-Saëns, Gounod ou Fauré. Mariée à l'écrivain et critique d'art Louis Viardot, Pauline parcourt l'Europe où l'acclament des foules en liesse. Clara Schumann, Delacroix, Flaubert, Liszt, Berlioz ou Tchaïkovski furent ses admirateurs, ses amis, ses intimes. De Londres à Saint-Pétersbourg et de l'Alhambra de Grenade à l'Opéra de Paris, des milieux républicains aux salons aristocratiques, Patrick Barbier, émaillant sa recherche de savoureuses anecdotes, nous entraîne dans le tourbillon artistique de l'époque romantique.
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Depuis les années 60, Pierre Achard s?est aperçu que leur « dernière scène » - ou «Final-cut » - était souvent un film en soi, une tragédie secrète d?autant plus troublante que la fiction y rejoignait définitivement la réalité, que les stars y jouaient le rôle de leur vie, face à un adversaire pire que Jack Palance, Lee Van Cleef et Richard Widmark réunis : leur destin. Qu?ils n?étaient jamais aussi grands, beaux et bien sûr vrais qu?à cette seconde-là, leur dernière heure, face à l?ultime caméra, les Bogart, Flynn, Gable, Clift, Wayne, Power, Hudson, Monroe, Mansfield, Valentino, Dean, Ladd, Wood, Hepburn, etc. Et que cette dernière séquence valait d?être mise en scène, comme on écrit un roman. Presque policier, genre « enquête à Malibu », de piscine en yacht et de baignoire en boudoir, avec une centaine de victimes et un seul coupable : Hollywood.
Ainsi sont racontés dans ce texte une foule de destins fabuleux, de seconds couteaux brisés, dont chacun pourrait être un film. Connaissez-vous l?histoire de Jeff Chandler ou d?Audie Murphy ? La réalité s?est ainsi révélée bien plus spectaculaire, émouvante, cinématographique et l?écrire, c?était forcément raconter la mort d?Hollywood, le vrai, celui des années 20 à 60. Ainsi sont mises en scène ces dernières heures, l?aurore fatale ou le verre aux somnifères, les tapis verts et les roulettes russes?
Ce livre est donc consacré à un petit royaume continuellement ensoleillé, fût-ce aux sunlights, où, de temps en temps, tombait une étoile du ciel sur les trottoirs, un météore en technicolor. -
La santé d'Emily à toujours été fragile, déjà petite tout l'effrayait : « la nuit, le vent, les passants, les sentiers déserts, les inconnus au téléphone, les chauves-souris, les couloirs d'hôtel, le grelot au cou des chats, la crème du lait ». Ces épouvantes vont s'étendre à tout ce qui l'entoure. Sa naissance même baigne dans la tragédie : sa mère meurt en la mettant au monde. Marquée par ce lourd passé, la petite grandit entourée par l'amour de son frère, son « bouclier », auprès d'une étrange tante revenue d'Asie, d'une grand-mère retranchée dans les souvenirs d'une vie rêvée, et d'un père sculpteur de proue. La disparition brutale et rapprochée des membres de sa famille va entraîner Emily plus loin dans les méandres de la folie. Ce sont les voix des morts qu'elle entend... Désormais seuls au monde, le frère et la soeur quittent Nîmes pour Paris. Emily se laisse peu à peu séduire par un voisin, Ivan Skobline, fils d'émigré russe jovial, son contraire parfait. Leur histoire d'amour s'achèvera par la mort du jeune homme. Ce coup du sort précipitera son repli dans un monde hanté par les images du passé, dont rien ne parviendra à la faire sortir, pas même les tentatives désespérées de son frère. C'est lui le narrateur, qui nous raconte cette destinée bouleversante. Emily, née dans un monde d'ombres, n'aura pas réussi, malgré les éclaircies de l'amour, à échapper à ses fantômes.
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"J'aime les femmes qui dérivent comme de longues algues. Les femmes qui s'accrochent au rocher de toute la force de leurs pieds menus et qu'une vague peut arracher vers de lointains horizons. J'aime la violence de leur innocence, la rudesse de leur attachement. Je les aime entières et successives, esthètes dans la duplicité, inconscientes dans la rouerie. Il y a dans ce livre trente nuits mauves, une par mois."
Dans ce livre, Patrick Poivre d'Arvor se souvient, entre songes et mensonges, de ses rencontres avec toutes celles qui depuis l'enfance lui semblent fatales ou mythiques : de Garbo à la Vierge Marie, de Lou Andréas-Salomé à Héloïse, à Antigone ou à Isabelle Adjani... Ensemble, complices et éternelles, ces femmes composent ici son paysage le plus intime, la trame de ses plus tendres rêveries et des phantasmes qui les bercent. -
La melancolie des innocents
Milovanoff J-P.
- Grasset
- Littérature Française
- 4 Septembre 2002
- 9782246603795
Pour Victorin Jouve, le chasseur d'histoires, le rêveur immobile de Solignargues, « toucher du bout des doigts la vieille pastière des vendanges qui garde encore l'odeur du moût aigre, c'est comme traverser le Takla-Makan pour un homme en bonne santé ». Cloué à son fauteuil d'invalide, avec pour interlocuteur un jeune journaliste (Sacha Milanoff !), Victorin n'a d'autre projet que de raconter la vie des morts : sa propre famille imaginée, laissée dans l'ombre, faite « des chimères, des rêves de chaque nuit qui se défont inexplicablement avant le jour ». Commence alors un long « travelling arrière » depuis le dernier quart du dix-neuvième siècle jusqu'à l'an 2000.
Impossible de tout narrer de ce qui fait la densité lumineuse de cette saga des Innocents, ces enfants joueurs et mélancoliques, ces fragiles qui trébuchent dans la cour du Mas des Turcs, dans la lumière des heures chaudes. Voici Saturnin, le fondateur de la lignée, ancien voleur de chevaux et pourvoyeur de plaisirs, dont les copies de statues monumentales seront brisées par sa veuve, encore jeune. Voici Baptistine, qui fut la plus belle femme d'Istanbul, quittant le Bosphore pour le Languedoc, et rachetant la propriété de Solignargues, rebaptisée le Mas des Turcs. Voici sa fille Rosalie, dont la robe blanche à double rangée de boutons est bientôt défaite, « avec une adresse d'écosseur de pois », par Paulin le photographe, aussi bonimenteur que mystérieux, et qui lui fera un enfant - la mère du narrateur. Voici Léonce, l'oncle du narrateur, suspendu à son arbre par des miliciens, et qui n'en descendra, brisé, que pour rejoindre les abeilles que cet apiculteur un peu idiot caresse des heures durant.
Comme un cliché sépia qui s'anime, comme une dernière photographie avant l'oubli, cette vraie-fausse chronique familiale - où le narrateur invente volontiers, doué d'une exubérance parfois amère - tisse tous les destins ensemble. Jean-Pierre Milovanoff, en son Languedoc, a écrit une oeuvre ample, chaude et pleine d'humanité, de tendresse, mais aussi d'ironie sombre, que caresse le vent de l'Histoire. -
C'est l'histoire de la dérive d'un homme ordinaire que sauveront l'amitié et le hasard des rencontres. Quand s'ouvre le livre, Isidore a 51 ans, une vie d'honnête ouvrier désormais au chômage, la fantaisie effacée d'un homme de petite taille coiffé d'un panama d'artiste. Il erre dans Nîmes où il habite. Sans moyens et sans but, il dégringole vite l'échelle sociale et perdra bientôt sa dignité. La chaleur de la féria nîmoise l'étouffe. Il s'attaque à un enfant, ne blessant que lui-même car il tenait son opinel par la lame. Le coup de folie d'un paria qui fut un enfant battu ? Ou le mirage d'un passé où on l'aima pour de vrai ?
Placé pour quelques jours chez le riche amant de sa thérapeute, cet homme sans qualités devient l'homme à tout faire. Entre le financier et le chômeur de longue durée, dans la campagne nîmoise, se noue une paradoxale amitié. Ils se protègent l'un l'autre, se découvrant une même solitude dans la misère et dans l'opulence, jusqu'à l'arrivée de Gabrielle, jeune femme aux yeux gris, qui emportera ces deux coeurs avec elle. Isidore, désespéré, raconte l'histoire d'un amour condamné dès l'origine, Gabrielle qui fut jadis dans ses bras, et nous voilà revenu au début du roman !
Qu'est-ce qu'un héros ? « Résister à la solitude, garder son mystère, c'est ça l'héroïsme. Vous ne tenez pas beaucoup de place mais vous êtes un petit coffre d'acier, fermé à quadruple tour, avec les clés à l'intérieur » dit-on d'Isidore, cet homme que le destin n'épargne guère. Jean-Pierre Milovanoff, en rupture avec les légendes familiales qu'il aime raconter, analyse les rapports clairs-obscurs entre trois personnages, deux hommes, une femme : un désir triangulaire. Il dépeint aussi nôtre époque qui laisse sur le carreau ceux qui ne se battent pas. Isidore, anti-héros de notre temps. -
« Au début, je n'y ai pas vraiment prêté attention. La première fois que j'ai garé la moto près du numéro huit de la rue Girardon, elle a ouvert sa fenêtre, au cinquième étage, s'est penchée à moitié et a demandé d'une voix forte : « Nicolas, c'est toi ? » J'ai levé la tête et regardé tout autour de moi, j étais seul sur le bord de cette rue, pas même une ébauche de profil. »
Chaque jour, quand Thomas rentre chez lui, la même scène se produit : au bruit du moteur, une voix féminine, surgie de l'immeuble voisin, l'appelle, avec un mélange de surprise, d'excitation et de soulagement : « Nicolas, c'est toi ? ». Un soir, intrigué, attendri peut-être, Thomas finit par répondre à cette inconnue qui le prend pour un autre. Il pénètre alors dans la vie d'une vieille femme solitaire, et découvre très vite qu'elle a, dix ans auparavant, perdu son fils unique, Nicolas, victime d'un accident de moto. Ce jour-là, le temps s'est brutalement arrêté ; il n'a, depuis, jamais repris son cours.
Pour Marguerite, dont l'existence n'est plus que dans l'illusion d'un souvenir vivant, Thomas accepte de devenir Nicolas. Entre le jeune homme et la petite dame, Harold et Maud d'aujourd'hui, débute ainsi une singulière histoire d'amour, née d'un malentendu dont, au fond, ni l'un ni l'autre n'est dupe : il suffit juste d y croire?
Lyrique et malicieux, tendre et cru, Paul Marchand fait le portrait émouvant de la vieillesse solitaire. A travers le roman d'une complicité singulière, dans le style inventif qu'on lui connaît, il donne aussi des mots au drame qui, dans notre langue, n'en a pas : la perte d'un enfant. Après l'inceste qui faisait l'objet de son précédent roman, c'est encore, d'une autre manière, sur nos douleurs et nos tabous qu'il se penche. -
Scène inaugurale : le 8 janvier 1959, serrés à l'arrière d'une traction-avant bleue-marine, les enfants emmitouflés, à l'avant le père et la mère. Un camion surgit de nulle part, le père a le thorax enfoncé et meurt des suites de l'accident, la mère a le visage blessé, les paupières arrachées. La vie bascule. La mère, devenue l'axe central d'une famille bohème et rêveuse, doit subvenir aux besoins de tous. Sous le nom mystérieux de Nell Pierlain, elle écrit des romans populaires, où s'inventent des destins qui peuplent sa vie. Puis un jour, Nell s'effondre, « restent les mots de la mort que l'on compose et décompose au pied du lit, reliés au corps et au nom de famille par des liens invisibles, des prières, une adresse : Souchon, née Pourchot Marie-Madeleine, hôpital Sainte-Perrine, Paris ». Alors, Patrick Souchon, dans ce bouleversant roman familial, bat les cartes du passé, mêlant les détails d'une époque (le théâtre, les romans, les amis, les enfants) aux émotions d'un fils. Portrait d'une mère.
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La France souffre-t-elle d'un excès de repentances et de guerres mémorielles ? A-t-on le droit de choisir ses immigrés par origine géographique ? À ces questions qu'il a lui-même posées, le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, a répondu oui, au nom de « l'identité nationale ». L'enquête historique permet de répondre autrement : ces questions, tantôt anciennes, tantôt nouvelles, toujours controversées, s'inscrivent dans un passé qui les éclaire différemment. Ainsi la République française - à la différence des Etats-Unis ou du Royaume-Uni - n'a jamais pratiqué de discriminations dans sa politique d'immigration. À deux moments cependant - en 1945 et en 1978-80 - elle a été au bord de choisir des « politiques de préférence » explicitement ethniques. Voici les trois angles traités ici par Patrick Weil : - Racisme et discrimination dans la politique française de l'immigration ; - Histoire et mémoire des discriminations en matière de nationalité française ; - Politique de la mémoire : l'interdit et la commémoration.
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Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Désaffiliation, crise du lien sociale, anomie... : les mots pour dire le malaise qui nous affecte ne manquent pas. Ils procèdent tous d'une interrogation inquiète et fébrile sur la possibilité d'un être et d'un devenir communs. Comment penser alors le sens et la nature de ce qui nous rassemble ? A cette question, nous échappons aujourd'hui difficilement. C'est faire erreur toutefois de ne songer qu'aux problèmes d'histoire et de mémoire qu'elle soulève. Nos attentes en termes de justice sociale sont une composante tout aussi déterminante du lien fragile qui associe les êtres entre eux. La justice dans la société se doit d'être également justice sociale. Quelle conception de la justice sociale garantira cependant la cohésion sociale ? A l'âge démocratique, la réponse paraît évidente : l'égalité des chances. C'est un idéal séduisant. Peut-on espérer autre chose que d'avoir, chacun, les mêmes « chances », les mêmes possibilités de mobilité sociale ? Pouvons-nous désirer autre chose que la garantie que nous pourrons - qui que nous soyons - choisir véritablement notre vie. Profondément ancrée dans notre culture sociale et politique, l'égalité des chances s'impose comme égalité souveraine. Pourtant, que d'injustices commises en son nom, que d'échecs aussi ! Pour qu'une société soit juste, suffit-il que les individus aient la possibilité de s'y affronter à armes égales ? Contrairement à bien des idées reçues, la doctrine de l'égalité des chances, telle qu'elle est aujourd'hui pensée, ne permettra jamais que soit résolu le pressant problème de la décohésion sociale. C'est donc une autre égalité des chances qu'il faut envisager, une égalité des chances qui repose enfin sur la possibilité d'un égalitarisme soutenable. Cette problématique est explorée dans cet ouvrage tant sur le registre politique (de l'Etat Bismarkien au New deal ou au sarkozysme) que sur le registre philosophique (de Tocqueville à Rawls). Un livre promis à devenir un « classique » de la sociologie politique. De l'étudiant à l'honnête homme, du citoyen au responsable politique, chacun y trouvera, sinon des réponses aux problèmes de la démocratie, du moins une bonne façon de poser les questions. ATTACHEE DE PRESSE PARIS Elodie Deglaire -01 44 39 22 20 edeglaire@grasset.fr Assistante : Nelly Mladenov 01 44 39 22 08 nmladenov@grasset.fr
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C'est un émir du GIA. C'est un homme sans visage, sans nom. Appelons-le Kakar. On sait seulement qu'il a dirigé, de 1992 à 1996, un groupe de combattants dans la région d'Oran. Et qu'il a une trentaine d'années.
Kakar a donc tué. Il a participé à des enlèvements, il a torturé aussi. Simple combattant puis émir, il a mené sa guerre sainte à Oran et dans les maquis algériens.
Mais aujourd'hui, Kakar s'est repenti et parle. Ces pages sont donc un témoignage pour l'histoire. Car pour la première fois, un moudjahedin se confesse librement, loin de son pays, loin des pressions de toutes sortes.
Sans se dévoiler, Kakar nous dit les lieux, les noms de code, les assassinats ; la vie du maquis et les trahisons ; les luttes entre factions ; le relais des familles ; les relations avec la France ; la corruption du pouvoir... De l'intérieur, en direct, il dévoile comme on ne l'avait jamais fait le mode de fonctionnement, la cruauté de ce terrorisme, sa folie, son ignorance aussi : que de crimes commis au nom du Prophète !
Confession d'un émir du GIA est donc un livre hors du commun, sans gloire et sans mensonge. Un livre cru où se mêlent la violence extrême et les vérités inavouables. Kakar se sait en sursis : on ne quitte pas la djihade. -
Henri Lanvern tournait un film en Thaïlande... Un soir, c'était en juin 1978, il réunit son équipe et annonce qu'il part le lendemain vers le Laos chercher un vieil ami. Depuis, on ne l'a plus jamais revu.
Qui était cet homme ? Pourquoi a-t-il disparu ? Qu'est-il devenu ? Une femme se livre à une véritable enquête policière, psychologique, historique. Pendant près de trente ans, Henri Lanvern a été mêlé à tous les drames du Vietnam, de la chute de Dien Bien Phu à la prise de possession du pays par les communistes. Témoin, acteur d'une des plus grandes tragédies modernes, il se découvre à travers les témoignages de ceux qui l'ont connu : le producteur de son dernier film ; un colonel du S.D.E.C.E. ; un monteur vietnamien frère du général Ky, l'ami qu'il est parti secourir au Laos ; un journaliste dont l'Extrême-Orient est la drogue ; le recteur du village breton dont il est originaire...
Henri Lanvern se dévoile ainsi peu à peu : fidèle aux liens tissés dans le combat, comme aux valeurs spirituelles de sa jeunesse bretonne, il aime les aventures ou plutôt l'Aventure, celle où il affronte la vie, la mort, l'amour. Toujours à la recherche de lui-même, il assume pourtant son destin jusqu'au bout, en gardant au coeur la nostalgie des montagnes du pays méo. Et jusqu'au bout il garde son mystère. Après tout, a-t-il disparu à jamais ?
L'auteur de L'Adieu au roi (Prix Interallié), du Crabe-Tambour (Grand Prix du Roman de l'Académie française), a écrit son roman le plus ambitieux et le plus passionnant, où le récit d'aventures devient histoire de ce temps, et incite chacun de nous à s'accomplir dans le dépassement. -
Face à l'effondrement de l'Eglise, peut-être aujourd'hui vidée de son sens premier, c'est une Eglise nouvelle qu'il faut construire, fondée sur l'échange de la Parole, c'est une "communion des hommes" qu'il faut instaurer. Cette Eglise invisible, elle a ses racines dans le désir, kla vie intérieur de chacun.
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« Dans ce siècle, la télévision était plus puissante que le plus puissant des ministères ». Sélectionné pour participer à une émission de téléréalité qui doit permettre aux spectateurs de suivre étape par étape la fabrication d'une carrière d'écrivain, le narrateur, Pierre, s'installe pour un an sur une île grecque - ou plutôt, il est enfermé dans un monastère vieux de deux mille ans, en compagnie de douze autres candidats à la gloire, et concurrents ipso facto. Dans cette Villa Médicis version « Loft Story », les apprentis écrivains sont filmés 24h sur 24... Le soir, sur les plateaux de « praïme », ils s'entretiennent avec l'auteur controversé Michel Hache, écoutent sa narcissique consoeur Christine Hang faire la lecture de son dernier livre, et prennent, la journée, des cours de « marquetine littéraire » auprès de l'Académicien au teint halé Jeandeau, ou des leçons d'interviou avec le célèbre animateur à la retraite, Bernard Paix. Amitiés de circonstance, amour et jalousies, ambition et mesquineries, cette « île de la création » est un « Koh Lanta » pour aspirants au Goncourt. Avec une ironie lucide et un cynisme plein d'humour, l'auteur ridiculise les travers d'une société du divertissement, où l'on croit qu'il est possible de fabriquer des écrivains. Il croque avec justesse une galerie de fantoches, et fait rire le lecteur aux dépens de ses personnages, le producteur et son assistante, les candidats médiocres et les auteurs médiatiques, dont la seule compétence est de dispenser à leurs cadets des cours de parisianisme...
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Une belle histoire que celle des Brissac. L'auteur, Pierre de Cossé, douzième duc du nom, nous la raconte en faisant revivre ses personnages : quatre maréchaux, des pairs de France, des gouverneurs, des lieutenants généraux, trois évêques, un conspirateur, un libertin, et d'autres. De nombreuses dames passent aussi en sillage parfumé : des favorites, Agnès Sorel, Diane de Poitiers, la duchesse d'Etampes, la marquise de Pompadour, Jeanne du Barry. Auprès de ces reines de la main gauche, il semble que les Brissac aient eu accès et furent parfois « compétitifs ». Nous rencontrons aussi Hélène de Surgères (« Quand vous serez bien vieille, le soir à la chandelle ») ; voici une fondatrice de monastère, prénommée Délie, qui ne fut pas canonisée, et c'est dommage : « Sainte Délie » sonnait bien ; voici les duchesses de Brissac, l'une d'elles, née Diane de Nivernais, voyageuse, écrivassière à la Sévigné, et « curiste » à Vichy et à Contrexéville sous Louis XIV, d'autres, de souche bretonne, et mieux, normandes, car en Normandie les herbages sont plus hauts, et leurs dots étoffées d'autant. Car il faut beaucoup d'argent à ces Brissac : il y a la guerre où l'on doit s'équiper et équiper ses troupes ; un gentilhomme souvent s'y ruine. Il y a la présence à la Cour. Il y a les bâtiments : sous Henri IV et Louis XIII, le premier duc de Brissac reconstruit son château, deux lieues sud des Ponts-de-Cé, en Anjou, et n'y va pas de main morte : sept étages, nous disons bien sept, le château le plus haut de France à l'époque. Dans cette hauteur, un peu d'orgueil... Par ces personnages et leur décor, c'est l'histoire de France que nous parcourons à travers le destin d'une famille, car depuis quelque six siècles, les Cossé-Brissac sont témoins et acteurs des événements qui marquent.
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"Dureté n'implique pas sécheresse. Tout au fond de lui-même Talbot avait souffert autant de al rigueur dont il usait envers Paule, cette femme aimable, qu'il regrettait de se priver, même pour quelques jours, de la présence de sa maîtresse. Ah! S'il avait su! ...".
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Paru en 1954, Neige sur un amour nippon, dont l'intrigue se déroule principalement au Japon, a reçu le Grand Prix du Roman de l'Académie française.