Les pédagogies différenciées ne tournent pas le dos au projet de l'école qui reste de donner à tous une culture de base commune. Sans renoncer à diversifier tout ce qui peut l'être, leur enjeu est ailleurs : faire en sorte que tous les élèves aient un réel accès à cette culture, se l'approprient vraiment.
Tenir compte des différences, c'est alors placer chacun dans des situations d'apprentissage optimales pour lui, c'est aller vers l'éducation sur mesure dont rêvait Claparède au début du siècle. Les pédagogies différenciées s'attaquent à ce défi. Si l'intention principale demeure stable, les façons de poser le problème se renouvellent : à l'enseignement individualisé, isolant l'élève face à des tâches papier-crayon, on cherche à substituer une différenciation à l'intérieur de situations didactiques complexes et ouvertes, confrontant chacun à ce qui fait obstacle, pour lui, à la construction des savoirs. On travaille sur le transfert et les compétences. On interroge la relation pédagogique, les fonctionnements de groupe, la distance culturelle, le sens des savoirs et du travail scolaire.
Parallèlement, on construit des dispositifs d'individualisation des parcours de formation, on fait éclater les limites de la classe, on organise le suivi des progressions sur plusieurs années, on crée des cycles d'apprentissage, on invente une nouvelle organisation pédagogique.
Philippe Perrenoud fait le point sur l'état des principaux chantiers de la pédagogie différenciée. Chacun est confronté au même dilemme : comment tenir compte des différences sans enfermer chacun dans sa singularité, son niveau, sa culture d'origine ?
Le métier d'enseignant se transforme : travail en équipe et par projets, autonomie et responsabilité accrues, pédagogies différenciées, centration sur les dispositifs et les situations d'apprentissage, sensibilité au rapport au savoir et à la loi.
Les ambitions des systèmes éducatifs s'accroissent, alors que les publics scolaires deviennent plus hétérogènes. S'ils ne mettent pas la clé sur la porte, s'ils relèvent le défi , les acteurs du système éducatif ont besoin de développer de nouvelles compétences.
Philippe Perrenoud présente les pratiques novatrices, donc les compétences émergentes, celles qui devraient orienter les formations initiales et continues, celles qui contribuent à la lutte contre l'échec scolaire et développent la citoyenneté, celles qui font appel à la recherche et mettent l'accent sur la pratique réflexive.
Philippe Perrenoud a retenu dix grandes familles :
1) organiser et animer des situations d'apprentissage ;
2) gérer la progression des apprentissages;
3) concevoir et faire évoluer des dispositifs de différenciation ;
4) impliquer les élèves dans leurs apprentissages et leur travail ;
5) travailler en équipe ;
6) participer à la gestion de l'école;
7) informer et impliquer les parents ;
8) se servir des technologies nouvelles ;
9) affronter les devoirs et les dilemmes éthiques de la profession ;
10) gérer sa propre formation continue.
Chacune est déclinée en trois ou quatre composantes principales. On peut se servir de ce livre comme d'un référentiel cohérent, argumenté et orienté vers l'avenir. Mais c'est d'abord une invitation au voyage, un guide destiné à ceux qui, de l'intérieur comme de l'extérieur, cherchent à comprendre où va le métier d'enseignant.
Aujourd'hui face à la complexité et à la diversité des situations de travail, l'enjeu est de réhabiliter la raison pratique, les savoirs d'action et d'expérience, l'intuition, l'expertise fondée sur un dialogue avec le réel et la réflexion dans l'action et sur l'action. Comme tous les « métiers de l'humain », le métier d'enseignant est particulièrement concerné par cette démarche.
Enseigner requiert, en effet, outre la connaissance des contenus d'enseignement et en étroite relation avec eux, un ensemble de savoirs multiples, didactiques ou transversaux, les uns issus de la recherche en sciences humaines et sociales, d'autres participant de la tradition et de l'expertise professionnelles collectives, d'autres encore construits par chacun au fil de son expérience. La pratique réflexive a notamment pour fonction de solidariser et de faire dialoguer ces divers savoirs.
Philippe Perrenoud tente de montrer que le « paradigme réflexif » peut précisément concilier, dans l'exercice du métier d'enseignant, raison scientifique et raison pratique, connaissance de processus universels et savoirs d'expérience, éthique, implication et efficacité. Ce débat a de fortes incidences sur la façon de penser la formation des enseignants et la professionnalisation de leur métier.
Ce livre est destiné d'abord à tous les professionnels qui analysent et transforment leurs pratiques, mais aussi à ceux qui les accompagnent : conseillers, formateurs, responsables de projets innovateurs, cadres scolaires.
Construit en référence au métier d'enseignant en voie de professionnalisation, cet ouvrage concerne plus globalement tous les métiers confrontés à l'humain et à la complexité, qui exigent lucidité professionnelle et implication critique.
Réussir à l'école n'est pas une fin en soi. Certes, chaque apprentissage prépare aux suivants dans le cursus scolaire. Mais au bout du compte, en principe, l'élève devrait être capable de mobiliser ses acquis scolaires en dehors de l'école, dans des situations diverses, complexes, imprévisibles. Aujourd'hui, cette préoccupation s'exprime dans ce qu'on appelle le transfert des connaissances ou la construction de compétences.
Les deux expressions ne sont pas interchangeables, mais elles désignent toutes deux une face du problème :
- pour être utiles, les savoirs scolaires doivent être transférables ;
- mais ce transfert exige plus que la maîtrise de savoirs, il passe par leur intégration à des compétences de réflexion, de décision et d'action à la mesure des situations complexes auxquelles l'individu doit faire face.
Dans cet ouvrage, Philippe Perrenoud nous invite à prendre conscience des limites du transfert des apprentissages scolaires, à reconnaître que les élèves qui réussissent en classe ne sont pas nécessairement capables de mobiliser les mêmes savoirs dans d'autres situations. Si l'on ne veut pas se résigner à ces constats, les implications sont considérables en matière de contrat pédagogique, de transposition didactique, de travail scolaire, de gestion de classe, mais aussi, sans doute, de coopération professionnelle, de fonctionnement des établissements, de rôle de l'autorité scolaire.
Ce sont les questions que pose une approche par compétences, désormais inscrite dans les intentions de nombreux systèmes éducatifs. Plus que jamais, il convient donc de les affronter.
Les démocraties mettent l'Ecole sur la sellette. Jadis légitimée par son histoire et par un projet politique qu'on ne discutait guère, la voilà aujourd'hui sommée de s'expliquer ! A quoi forme-t-elle ? Que doit-on attendre d'elle ? Qui peut en décider et comment, ensuite, peut-elle mettre en oeuvre son projet ? On convient volontiers qu'il s'agit de préparer à la vie et de transmettre les fondamentaux de la citoyenneté. Mais quels sont-ils ? Et, à supposer qu'on puisse les définir de manière consensuelle, l'Ecole est-elle équipée pour les enseigner ? Quelles transformations cela impliquerait-il dans l'organisation des enseignements, le choix des disciplines et des programmes, la formation des enseignants ? Philippe Perrenoud, spécialiste des questions d'enseignement et d'apprentissage, expert international en matière de curriculum, sociologue au regard acéré mais sensible aux interrogations pédagogiques, ose poser ces problèmes. Il passe en revue, dans cet ouvrage, les questions fondatrices - et trop souvent ignorées - de notre Ecole. Pourquoi cette fascination contemporaine pour les compétences ? Que met-on exactement derrière ce terme ? Toutes les disciplines peuvent-elle s'enseigner par compétences ? Comment rendre compatibles le respect des disciplines traditionnelles et la demande sociale d'une Ecole préparant vraiment à la vie, dans toutes ses dimensions ? Au milieu des turbulences sociales et institutionnelles actuelles, Philippe Perrenoud plaide pour une démarche raisonnable de définitions de nos priorités éducatives et scolaires. Pour que les démocraties se réapproprient leur Ecole - Philippe Meirieu.
Aujourd'hui, les élèves sont devenus des « apprenants ». Cette centration sur les apprentissages et donc sur la didactique qui les organise pourrait, si l'on n'y prend garde, être l'étape ultime de la dénégation du sujet : si l'apprenant n'apprend pas, s'il ne veut ou ne peut apprendre, quelle identité lui reste-t-il ?
Identifier l'élève à l'apprenant, c'est empêcher de penser la distance entre le rôle que les adultes lui attribuent et ce qu'il en fait, c'est oublier que le métier d'élève est assigné aux enfants et aux adolescents comme un métier statutaire, à la manière dont un adulte est mobilisé par l'état dans un jury ou une armée. Juridiquement, le travail scolaire est plus proche des travaux forcés que de la profession librement choisie.
Idéalement, le métier d'élève les invite à travailler pour apprendre. En réalité, on demande aussi aux enfants et adolescents de travailler pour être occupés, pour rendre des textes, des exercices, des problèmes vérifiables, pour être évalués, pour contribuer au bon fonctionnement didactique, pour rassurer leurs maîtres et leurs parents. On les invite à suivre des routines et des règles qui visent parfois à optimiser les apprentissages et le développement intellectuel, mais parfois, plus prosaïquement, à assurer le silence, l'ordre et la discipline, à faciliter la coexistence pacifique dans un espace clos, à garantir le respect des programmes, le bon usage des moyens, l'autorité du maître.
Une sociologie du métier d'élève est à la fois une sociologie du travail scolaire, de l'organisation éducative et du curriculum réel. Elle analyse leurs tactiques et leurs stratégies, la façon dont ils prennent des distances face aux attentes des adultes et rusent avec leur pouvoir dans la famille ou dans l'école. Elle éclaire les contenus concrets de la culture scolaire telle qu'elle est transposée et s'incarne au jour le jour dans les classes. Enfin, elle s'intéresse au sens que donnent les élèves au travail quotidien, en fonction de leur héritage culturel aussi bien que des situations dans lesquelles on les place et du pouvoir qu'on leur concède.
Les pédagogies différenciées ne tournent pas le dos au projet de l'école qui reste de donner à tous une culture de base commune. Sans renoncer à diversifier tout ce qui peut l'être, leur enjeu est ailleurs : faire en sorte que tous les élèves aient un réel accès à cette culture, se l'approprient vraiment.
Tenir compte des différences, c'est alors placer chacun dans des situations d'apprentissage optimales pour lui, c'est aller vers l'éducation sur mesure dont rêvait Claparède au début du siècle. Les pédagogies différenciées s'attaquent à ce défi . Si l'intention principale demeure stable, les façons de poser le problème se renouvellent : à l'enseignement individualisé, isolant l'élève face à des tâches papier-crayon, on cherche à substituer une différenciation à l'intérieur de situations didactiques complexes et ouvertes, confrontant chacun à ce qui fait obstacle, pour lui, à la construction des savoirs. On travaille sur le transfert et les compétences. On interroge la relation pédagogique, les fonctionnements de groupe, la distance culturelle, le sens des savoirs et du travail scolaire.
Parallèlement, on construit des dispositifs d'individualisation des parcours de formation, on fait éclater les limites de la classe, on organise le suivi des progressions sur plusieurs années, on crée des cycles d'apprentissage, on invente une nouvelle organisation pédagogique.
Ce livre tente de faire le point sur l'état des principaux chantiers de la pédagogie différenciée. Chacun est confronté au même dilemme : comment tenir compte des différences sans enfermer chacun dans sa singularité, son niveau, sa culture d'origine ?