« Coralie Delaume connaissait mieux que quiconque cette forfaiture intellectuelle qui consiste à assimiler le "souverainisme" (le suffixe en lui-même n'est là que pour faire de ce mot un stigmate) à un identitarisme. Alors que la souveraineté n'est que l'autre nom de la démocratie, faire de sa défense une forme de nationalisme et de "fermeture à l'autre" (selon le vocabulaire en vigueur) permet de maquiller en noble ouverture le contournement systématique de toutes les institutions démocratiques par des instances "indépendantes", c'est-à-dire non élues. Pendant des années, à travers ses articles, ses interviews, Coralie a dévoilé cette trahison opérée notamment au nom de l'idéal européen. (...)
Toute chose qu'elle faisait avec une précision chirurgicale. (...) Reste aujourd'hui ce texte, qui embrasse sa pensée, qui pose des jalons et trace un chemin pour quiconque, parmi les gouvernants, aurait l'ambition de perpétuer la France et la République. Ce texte, et tous les autres, comme une obligation, pour ceux qui restent, de ne pas laisser se défaire encore un peu la démocratie. Pour que nous poursuivions, à notre tour obstinés, le combat contre l'hypocrisie, les forfaitures et les mensonges, ces fantômes devant lesquels Coralie Delaume a jusqu'au bout refusé de s'incliner. » (Natacha Polony)
En France, on se prévaut d'appartenir à un « couple franco-allemand » qui serait la locomotive de l'Europe. On sous-entend ainsi que les deux pays sont à égalité au sein de l'Union européenne et qu'ils la conduisent main dans la main. Pourtant, cela n'a jamais été vrai !
Si l'Europe a d'abord été française, pendant les périodes gaulliste et post-gaulliste, elle est désormais allemande. La réunification, l'erreur historique qu'a représenté l'introduction de l'euro, les élargissements à l'Est après la chute du mur de Berlin, ont signé l'avènement d'une sorte de nouvel « Empire central » piloté depuis Berlin.
La République fédérale l'a-t-elle voulu ? Probablement pas, ou pas de manière si nette. L'Allemagne demeure un « hégémon réticent » et se fait même chaque jour plus « souverainiste ». Mais les structures de l'Union européenne telles qu'elles existent entraînent une consolidation paradoxale de son poids chaque fois qu'elle agit dans le sens de l'affirmation ou de la préservation de ses intérêts nationaux. Or c'est ce qu'elle fait de manière systématique désormais, à l'exact inverse de la France, qui s'inscrit davantage dans une perspective post-nationale.
Loin de former un couple avec l'Allemagne, notre pays est aujourd'hui à sa remorque. Une situation qui n'est pas pour déplaire aux élites complaisantes qui le gouvernent, et utilisent l'argument allemand pour faire régner en France un certain ordre.
Alors, quel avenir pour l'Europe, à l'heure où la France européiste d
L'Union européenne est née d'une idée généreuse mais vague : faire advenir « la Paix ». Paradoxalement, ce défaut de projet n'a pas empêché la multiplication des institutions technocrates chargées de le mettre en oeuvre. Fortes d'un désengagement complice des Etats européens, ces institutions se sont désormais affranchies, et leur principale raison d'être est à présent de créer de la contrainte voire de la coercition.
L'Union européenne est morte, mais elle ne le sait pas encore.
Elle est morte du rejet de ses peuples qui manifestent en toute occasion une répulsion sans réserve et une défiance sans retour.
Elle est morte de son inaptitude à régler les crises qui la secouent autrement que par de brutaux oukases ou par des simulacres de négociations, au terme desquels les pays les plus forts finissent par imposer leurs vues et où l'unique option qui s'offre aux plus fragiles est celle d'une humiliante reddition.
Elle est morte de l'échec spectaculaire de son modèle économique, échec conjoint du Marché unique et de l'euro.
Elle est morte, enfin, de son illégitimité démocratique, de ses fondations juridiques baroques, de ses traités qui ont remplacé la souveraineté populaire par une technostructure sans vision.
En vérité, il n'est même plus tout à fait temps de se demander s'il faut ou non "sortir de l'Union européenne". Car c'est l'Union elle-même qui est en train de sortir. Elle sort de l'Histoire, par la toute petite porte. Tout le monde en est-il bien conscient ? Peut-être pas. Faut-il le démontrer ? Sans doute.
1. Quels sont les enjeux des élections européennes ? Le Parlement européen a-t-il de vrais pouvoirs ?
2. Qui, concrètement, décide de la politique européenne ?
3. L'Europe est-elle dirigée par le couple franco-allemand ?
4. Qu'est-ce qui ne va pas avec l'économie grecque ?
5. L'exemple du Portugal ne démontre-t-il pas qu'il est possible de retrouver de la croissance économique tout en appartenant à la zone euro ?
6. L'harmonisation fiscale et sociale est-elle possible au sein de l'Union européenne ?
7. Pourquoi tant de pays européens sont-ils tentés par le populisme ?
8. Peut-on sortir de l'euro ? Et si oui, à quoi cela servirait-il ?
9. Pourrait-on démocratiser l'Union européenne en changeant les traités ?
10. La France doit-elle faire comme le Royaume-Uni et quitter l'Union européenne via l'article 50 du TFUE ?
(+1) Quelle est la vision de l'Europe d'Emmanuel Macron ?