Condamné pour le rapt puis le meurtre du petit Philippe Bertrand en 1976, Patrick Henry a échappé à la guillotine grâce à l'avocat Robert Badinter, futur ministre de la Justice. Sa plaidoirie, restée célèbre, préfigurera l'abolition de la peine de mort en France en 1981.
Patrick Henry est mort le 3 décembre 2017 à l'âge de 64 ans, alors que sa peine avait été suspendue à peine trois mois auparavant en raison d'un cancer en phase terminale. Pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie, Martine Veys ne l'a pas lâché. Cette femme blonde coiffée à la Mireille Darc, ancienne commerciale désormais retraitée, mariée, s'est petit à petit prise d'amitié pour l'homme derrière le criminel.
Qui est Martine Veys ? Quelles sont les sources de son engagement comme visiteuse de prison ? Et, surtout, qu'a-t-elle trouvé à l'homme Patrick Henry ? De leur premier contact à l'imprimerie du centre de détention de Caen jusqu'au dernier souffle du criminel à l'hôpital de Lille, Plana Radenovic retrace l'histoire d'une longue amitié sans fioritures, brute, comme nettoyée des conventions sociales, entre une femme « normale » qui nous ressemble, et l'un des hommes les plus haïs de France, devenu un symbole malgré lui.
Aussi loin que remontent ses souvenirs, Plana a toujours vu sa mère vivre à cent à l'heure. Ainsi s'égrènent les scènes, prémices de la folie à venir mais qui, sous le regard d'une fille qui n'a jamais cessé d'aimer cette mère excentrique, donnent la mesure de toute sa fantaisie et sa liberté. Des amours contrariées, la perte de son travail, l'ennui, la dépression qui affleure, l'alcool et les médicaments auront peu à peu raison de cette femme intelligente et sensible, véritable héroïne romanesque. À la suite d'une crise de folie, elle est internée. Suivront des années entre la rue, les foyers et l'hôpital, de Paris à Évreux, jusqu'à l'arrêt cardiaque qui l'emportera en 2015.
D'une mère originale à une mère marginale, il n'y a qu'un pas, que Plana a décidé de ne pas franchir. Elle livre un récit intime et drôle, qui traduit toute la complexité des sentiments éprouvés - honte, culpabilité, tendresse, pardon - et sonne avant tout comme une vibrante déclaration d'amour.
De Rédoine Faïd, on connaît l'histoire - son lent glissement vers
la « braquo-dépendance », ses inspirations cinéphiles, l'adrénaline,
la cavale, l'arrestation, la prison et les regrets. Sa réputation de
légende du grand banditisme doit beaucoup à ses deux évasions,
dont la dernière, en hélicoptère, lui vaut aujourd'hui d'être incarcéré
à Fleury-Mérogis, soumis à un isolement et à un régime carcéral
drastiques.
Lorsque Plana Radenovic le rencontre au parloir dans le cadre d'une
interview, Redoine Faïd cumule déjà plusieurs peines, pour près de
trente ans de réclusion criminelle. La correspondance présentée ici
est le fruit d'une amitié de papier qui court depuis trois ans, née
entre un homme destiné à vieillir en prison et une jeune femme
désireuse d'ouvrir une fenêtre sur cet « enfer gris ».
Comment survit-on à l'enfermement 22/24h, dans une cage en
béton de 9m2, sans aucun contact physique humain ni perspective
de liberté ? En entrant ainsi dans le monde de la prison - ce « trou
noir » relégué hors des villes, dans lequel chacun pourrait un jour
plonger - Plana Radenovic nous tend un miroir sans complaisance
de notre société et signe un document qui vient interroger le sens
donné à la peine carcérale et à la réinsertion des détenus.
Au procès Daval, Martine Henry était la « mauvaise » mère. Muette dans la salle d'audience dans son fauteuil roulant, elle était celle qui n'était pas du bon côté de la barre, celui que la morale valide et qui suscite la compassion.
Excepté le fait d'avoir donné naissance à un meurtrier, Martine Henry n'a rien à voir avec le crime de son fils. Aujourd'hui, pour elle, le temps s'est arrêté. Jonathann aura pour toujours 33 ans, l'âge où sa vie a basculé. Pour la première fois, avec les mots d'une mère en état de sidération, elle revient sur le procès, sur l'enfance et la vie de son fils jusqu'à la nuit dramatique du 27 au 28 octobre 2017 et ses conséquences irrémédiables.
Jusqu'à quel point une mère est-elle responsable de son enfant ? En choisissant de lui donner la parole, Plana Radenovic réaffirme à Martine Henry son droit d'être écoutée en tant que mère, et apporte un nouvel éclairage sur une affaire trop rapidement présentée comme emblématique des féminicides.