Pendant plus d'un an, la Convention citoyenne pour le climat a réuni 150 citoyens tirés au sort et représentatifs de notre société. L'enjeu était le suivant : comment réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 40 %, dans un esprit de justice sociale ? Rares sont les livres à nous plonger au coeur d'une telle expérience. Or la compréhension de l'ingénierie démocratique est décisive, si l'on veut associer les citoyens à la décision publique et rénover la vie de la cité. Un grand livre de science politique, qui ouvre des voies radicalement nouvelles.
Thierry Pech est directeur général de Terra Nova. De 2019 à 2021, il a présidé le comité de gouvernance de la Convention citoyenne pour le climat, aux côtés de Laurence Tubiana. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont Le Temps des riches (Seuil, 2011) et Insoumissions (Seuil, 2017).
Forgé dans la seconde moitié du XXe siècle, notre contrat social articulait subordination salariale, consommation de masse et docilité politique. Faute d'honorer ses promesses de sécurité, de croissance et de progrès, ce modèle a peu à peu cessé de fonctionner. Nous entrons sans le dire dans l'ère de sa contestation. Désireux d'en briser les cadres, un nombre croissant de travailleurs, de consommateurs et de citoyens passent à l'action. Las des disciplines du salariat, certains prennent le chemin de la multi-activité, de l'indépendance ou de l'entrepreneuriat. Réfractaires à la société de consommation, d'autres refusent la publicité, créent des circuits courts et privilégient l'usage des choses sur leur possession. Fâchés avec le "système", d'autres encore fustigent les oligarchies politiques et prêtent l'oreille aux populismes. De ces mouvements naissent à la fois des dissidences riches de nouveaux idéaux et des colères porteuses de nombreux périls.
Enquête au cœur des insoumissions contemporaines, là où se fabrique la France de demain.
Thierry Pech dirige le think tank Terra Nova et intervient régulièrement dans "l'Esprit public" sur France Culture. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont Le Temps des riches. Anatomie d'une sécession (Seuil, 2011).
Depuis longtemps déjà, la satire d'un droit encombré de procédures paperassières avait placé les personnages de Rabelais sur le chemin d'une loi plus maigre et d'un juge d'équité. Plus de nerf et moins de chair, pourraient dire ces nostalgiques de l'âge d'or, dont l'économie normative semble faire écho à notre libéralisme politique.
La France est le théâtre d'un puissant mouvement de sécession des riches. Installés comme en apesanteur au-dessus de la société qui les a fait rois, ils semblent avoir oublié jusqu'au souvenir de ce qu'ils lui doivent. Ils suscitent pour cette raison une indignation croissante et légitime. Mais la sécession des riches est aussi l'œuvre d'une époque marquée par le culte de la réussite individuelle, la fascination pour l'argent et le refus de l'impôt. Cette contradiction est la signature d'une démocratie déchirée entre la religion de la compétition et les impératifs de la solidarité. On condamne en public ce que l'on attise en privé, on brûle les idoles que l'on célébrait hier... Comment sortir de cette impasse ?
Thierry Pech est directeur de la rédaction du mensuel Alternatives Economiques.