De Rédoine Faïd, on connaît l'histoire - son lent glissement vers
la « braquo-dépendance », ses inspirations cinéphiles, l'adrénaline,
la cavale, l'arrestation, la prison et les regrets. Sa réputation de
légende du grand banditisme doit beaucoup à ses deux évasions,
dont la dernière, en hélicoptère, lui vaut aujourd'hui d'être incarcéré
à Fleury-Mérogis, soumis à un isolement et à un régime carcéral
drastiques.
Lorsque Plana Radenovic le rencontre au parloir dans le cadre d'une
interview, Redoine Faïd cumule déjà plusieurs peines, pour près de
trente ans de réclusion criminelle. La correspondance présentée ici
est le fruit d'une amitié de papier qui court depuis trois ans, née
entre un homme destiné à vieillir en prison et une jeune femme
désireuse d'ouvrir une fenêtre sur cet « enfer gris ».
Comment survit-on à l'enfermement 22/24h, dans une cage en
béton de 9m2, sans aucun contact physique humain ni perspective
de liberté ? En entrant ainsi dans le monde de la prison - ce « trou
noir » relégué hors des villes, dans lequel chacun pourrait un jour
plonger - Plana Radenovic nous tend un miroir sans complaisance
de notre société et signe un document qui vient interroger le sens
donné à la peine carcérale et à la réinsertion des détenus.
Si les sciences de l'éducation ont bouleversé l'enseignement dans les années 1970, force est de constater que les méthodes qui en découlent ne sont plus adaptées. Leur application excessive, confinant parfois à l'absurde, coïncide avec l'étroitesse d'une hiérarchie soumise à un management brutal et le durcissement d'une administration fixée sur des objectifs de réductions des coûts. Devant cette impasse, les syndicats peinent à faire consensus tandis que les responsables politiques, déconnectés de la réalité, multiplient en vain les réformes. Quant aux parents, ils sont de plus en plus nombreux à surprotéger leur progéniture au détriment de la collectivité.
Conséquences: des professeurs à bout, une baisse du niveau d'exigence et des élèves peu enclins à faire preuve d'esprit critique ou à se confronter à l'effort et à la discipline - bref, une main-d'oeuvre idéale pour un marché ultra-libéralisé.
Forts de près de vingt ans d'expérience sur le terrain, en classe, Nicolas Gliere et Arnaud Fabre dressent le tableau d'une institution scolaire à vif et posent un diagnostic acéré, non sans humour, sur les raisons qui ont mené à son naufrage. Un essai corrosif pour rappeler que d'autres alternatives existent et qu'il est temps, plus que jamais, de s'engager pour l'avenir de l'école républicaine.
Frantz Fanon (1925-1961), psychiatre d'origine martiniquaise, bâtit en quelques livres une oeuvre révolutionnaire dans laquelle il s'applique à décrire le système colonial et ses conséquences inévitables : le racisme et l'aliénation qu'il engendre. Mais il va aussi s'engager très concrètement, en Algérie. Rejetant toute forme d'obscurantisme, il entend défendre une Afrique libre, socialiste, démocratique et laïque. Son ambition ? Ni plus ni moins que forger un nouvel humanisme, assumant les traditions locales comme la boussole universaliste, récusant tout impérialisme et permettant à tous de s'épanouir librement.
Savez-vous que votre enfant peut vous être enlevé parce que vous l'aimez trop, parce que vous êtes en conflit avec votre conjoint, victime de violences ou simplement parce qu'un motif aura été "trouvé" par les services sociaux ?
Le placement d'un enfant est de plus en plus fréquemment décidé par la justice pour des motifs qui n'ont rien à voir avec un danger, et de très nombreux enfants sont retirés à leur famille aimante et bientraitante. Le placement des enfants est aussi la double peine des femmes victimes de violences conjugales, ou des enfants victimes d'inceste. La CIIVISE, le mouvement #metoo ont mis en lumière le faible poids de la parole des victimes.
Pour la première fois, une avocate dénonce ce fléau, à l'origine de véritables drames : le placement abusif d'enfants. À travers des récits de dossiers typiques et l'analyse des influences qui s'exercent sur un système judiciaire dépendant des services sociaux, elle pointe du doigt des dysfonctionnements majeurs affectant la protection de l'enfance. Dotée d'un budget de plus de 8 milliards annuels, l'intervention majoritaire d'acteurs du secteur privé introduit dans ce système socio-judiciaire peu contrôlé une inquiétante notion de rentabilité.
Appuyée par la contribution scientifique du Dr Salmon, docteur en médecine et docteur en sciences sociales et humaines, Christine Cerrada signe un document édifiant, véritable pavé dans la marre, qui dénonce une atteinte sans précédent à la liberté fondamentale de vivre en famille.
Au procès Daval, Martine Henry était la « mauvaise » mère. Muette dans la salle d'audience dans son fauteuil roulant, elle était celle qui n'était pas du bon côté de la barre, celui que la morale valide et qui suscite la compassion.
Excepté le fait d'avoir donné naissance à un meurtrier, Martine Henry n'a rien à voir avec le crime de son fils. Aujourd'hui, pour elle, le temps s'est arrêté. Jonathann aura pour toujours 33 ans, l'âge où sa vie a basculé. Pour la première fois, avec les mots d'une mère en état de sidération, elle revient sur le procès, sur l'enfance et la vie de son fils jusqu'à la nuit dramatique du 27 au 28 octobre 2017 et ses conséquences irrémédiables.
Jusqu'à quel point une mère est-elle responsable de son enfant ? En choisissant de lui donner la parole, Plana Radenovic réaffirme à Martine Henry son droit d'être écoutée en tant que mère, et apporte un nouvel éclairage sur une affaire trop rapidement présentée comme emblématique des féminicides.
Édouard Glissant (1928-2011) déploie un archipel conceptuel et imaginaire unique. Contre la théorie de système et l'unicité close, Glissant aborde le monde par l'identité-relation, la pensée archipélique, le droit à l'opacité et la mondialité, revers de la mondialisation. Au coeur du Tout-monde, fait de relais en réseaux, le processus imprévisible de la créolisation milite pour le vivant et sa diversité. Aborder l'oeuvre multiforme d'Édouard Glissant suppose de saisir la variété de son inventivité : le poète, le philosophe, le romancier, le dramaturge, le penseur politique, l'historien de la mémoire des esclavages et le critique d'art. Autant d'entrées jubilatoires dans l'une des oeuvres les plus fécondes de notre temps.
La réflexologie est une pratique manuelle a visée de bien-être consistant à appliquer des points de pression sur les pieds, les mains, le dos, le crâne, le visage ou les oreilles.
Pour être adaptée, elle se doit d'articuler le triptyque "savoir, savoir-faire et savoir-être" et d'assurer un soin relationnel qui privilégie l'écoute de l'individu et de ses besoins.
Au coeur de cette discipline : des approches diversifiées, des champs d'application variés, un manque de structuration de la profession et des appellations différentes qui en font une discipline à la fois riche mais confuse pour le public, et sujette à débat au sein même des réflexologues.
Connue pour son oeuvre littéraire, Christine de Pizan (1364-vers 1430) a en fait développé une véritable pensée théorique du bon gouvernement. Au-delà de sa poésie, ce sont ses traités, en vers et en prose, qu'on découvrira ici : ils donnent à voir une autrice soucieuse du respect qui devrait exister entre les femmes et les hommes, comme des relations de paix à inventer entre les différentes factions dont les querelles ensanglantent alors la France. Un siècle avant Machiavel, Christine de Pizan se veut conseillère des princes et s'engage dans le débat politique alors que nul ne l'y attend.
Aurore se refuse à être témoin de l'inexorable déclin de sa soeur, atteinte d'une sclérose en plaques. Elle fuit - dans la danse, dans l'ivresse des rencontres d'une nuit, dans les souvenirs qui ont forgé les manques de leur famille, quand sa soeur tente d'apprivoiser la mort en goûtant aux bonheurs que la vie peut encore lui offrir.
En écho aux lettres meurtries de la première, abîmée dans sa chair, résonnent les écrits lumineux de la seconde, prisonnière de son corps, dans un dos-à-dos épistolaire qui vient explorer la mystérieuse géographie du lien entre deux soeurs.
Soley a trois mois lorsqu'on annonce à ses parents qu'elle souffre d'une tumeur au cerveau très rare. A seulement vingt-quatre ans, Chloé, jeune maman, bascule dans le monde du cancer.
Pendant six mois, Soley et ses parents vont vivre comme coupés du monde, enfermés dans une chambre à l'Institut Curie, à Paris. Une immersion brutale et totale dans l'univers du cancer pédiatrique, dont Chloé restitue le quotidien avec une acuité saisissante : les opérations, la chimiothérapie, sa détermination, mais aussi l'intensité douloureuse, stupéfiante, de tous les moments vécus avec Soley.
Comment affronter, éloignés de tous, cette expérience terrible où la limite entre combativité et obstination est si ténue ? Jusqu'où peut-on aller pour sauver son bébé ?
De ces mois d'amour fou passés auprès de sa fille guerrière, Chloé Duperrin tire un premier livre bouleversant, récit du lien inextinguible entre une mère et son enfant.
On parle souvent des méfaits des écrans sur les enfants et les adolescents sans chercher à comprendre quelle place occupe aujourd'hui l'écran, et le smartphone en particulier, dans la vie et dans la perception du monde de l'enfant dès son plus jeune âge.
Etienne Liebig fonde son étude sur un constat aussi frappant que novateur : le smartphone a révolutionné le rapport millénaire du parent à son enfant, bousculant cette relation unique et intime pour s'immiscer comme un tiers permanent et intrusif dans la vie familiale. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, l'enfant est relégué à une place qui n'a jamais été la sienne. Selon l'éducateur, le "complexe de Bip" est ce délaissement généralisé de l'enfant au profit du smartphone, objet novateur indispensable à notre égocentrisme.
Cet ouvrage n'est ni une condamnation, ni la peinture du futur apocalyptique d'une civilisation tombée dansl e transhumanisme. Original et perspicace, il tend à montrer combien l'utilisation du smartphone chamboule la vie affective et cognitive de nos enfants sans que nous ne nous en rendions compte. A l'usage des parents et de tout adulte responsable et concerné par le véritable changement de société auquel nous faisons face !
La sophrologie utilise un ensemble de techniques statiques et dynamisques centrées sur la respiration, une attention positive soutenue, l'accueil des émotions et des pensées. Si la profession s'est structurée et a acquis un réel crédit auprèsdes professionnels de santé, elle demeure partiellement intégrée à notre système de soins. Malgré son existence depuis près de soixante ans, la sophrologie est une pratique non réglementée sur le plan juridique. Le manque d'homogénéité, notamment dans son enseignement, conduit à la disparité des compétences et qualifications des sophrologues.
Quelle est l'histoire de cette pratique et de son inclusion ? A quoi ressemble une séance type ? Dans quel contexte est-elle dispensée ? Quels sont ses bénéfices et ses risques ?
20 questions pour découvrir la sophrologie et, plus largement, interroger notre rapport au "prendre soin" de soi comme les autres.
Parti d'une philosophie du sujet d'inspiration phénoménologique, suivie d'une tentative de refondation du marxisme, André Gorz (1923-2007) devait rencontrer le mouvement écologiste. L'écologie, cependant, ne peut qu'être politique, plus radicale que celle qui est défendue par les courants qui entendent se limiter à la protection de la nature. L'écologie politique naît d'une protestation spontanée contre la destruction de la « culture du quotidien » qui constitue notre milieu de vie.
L'exigence de libération implique une dimension écologique, mais à partir d'une critique du capitalisme, de la rationalité économique devenue envahissante, et d'une réflexion novatrice sur les conséquences des « métamorphoses du travail ».
Par le réenracinement de la théorie critique dans une phénoménologie appliquée, l'oeuvre de Gorz représente une entreprise unique dans la pensée contemporaine.
En avril 2021 s'est tenu le procès des 18 policiers de la BAC Nord de Marseille, interpellés en octobre 2012 pour corruption, racket, trafic de drogue et enrichissement personnel. Initialement présentée comme une véritable bombe - le service, considéré comme la meilleure BAC de France, s'est vu dissous -, l'affaire a en réalité mis en lumière le laisser-faire d'une hiérarchie soumise à la culture du résultat.
Témoin direct de la paupérisation de la police et de son adhésion à la politique du chiffre initiée par Nicolas Sarkozy, Marc La Mola revient sur les tenants et aboutissants d'une affaire qui, dix ans plus tard, reste l'un des plus tristes scandales de l'institution policière. Un drame orchestré en cinq actes, dans lequel il dresse un état des lieux de ces cités marseillaises dont on parle beaucoup sans réellement les connaître.
Un document coup de poing qui détaille, point par point, la politique de lente démolition du service public.
« Coralie Delaume connaissait mieux que quiconque cette forfaiture intellectuelle qui consiste à assimiler le "souverainisme" (le suffixe en lui-même n'est là que pour faire de ce mot un stigmate) à un identitarisme. Alors que la souveraineté n'est que l'autre nom de la démocratie, faire de sa défense une forme de nationalisme et de "fermeture à l'autre" (selon le vocabulaire en vigueur) permet de maquiller en noble ouverture le contournement systématique de toutes les institutions démocratiques par des instances "indépendantes", c'est-à-dire non élues. Pendant des années, à travers ses articles, ses interviews, Coralie a dévoilé cette trahison opérée notamment au nom de l'idéal européen. (...)
Toute chose qu'elle faisait avec une précision chirurgicale. (...) Reste aujourd'hui ce texte, qui embrasse sa pensée, qui pose des jalons et trace un chemin pour quiconque, parmi les gouvernants, aurait l'ambition de perpétuer la France et la République. Ce texte, et tous les autres, comme une obligation, pour ceux qui restent, de ne pas laisser se défaire encore un peu la démocratie. Pour que nous poursuivions, à notre tour obstinés, le combat contre l'hypocrisie, les forfaitures et les mensonges, ces fantômes devant lesquels Coralie Delaume a jusqu'au bout refusé de s'incliner. » (Natacha Polony)
Les médecines complémentaires et alternatives (MCA) suscitent l'engouement des Français. Parmi les 400 pratiques répertoriées par l'OMS, certaines sont bénéfiques et se développent dans notre système de soins, tandis que d'autres, parfois douteuses, voire dangereuses, gravitent autour de la santé. Cette collection se veut être un levier pour alimenter un dialogue constructif à travers des regards croisés.
D'où vient l'homéopathie ? Quelle est sa réglementation ? Pourquoi divise-t-elle tant les médecins ? Ni tout à fait « médecine », ni tout à fait « médecine complémentaire », l'homéopathie se situe dans un entre-deux inconfortable qui fait d'elle un sujet à controverse. À travers 20 questions, le présent ouvrage met en perspective l'analyse de différents experts - médecins, scientifiques, chercheurs -, mais aussi de patients, philosophes et politiques.
Pratique de charlatan pour certains, approche préventive et personnalisée pour d'autres, l'homéopathie cristallise un débat plus large qui questionne les orientations en matière de santé publique : que nous dit l'homéopathie de notre rapport à notre santé et au soin ?
Personnes âgées ou en perte d'autonomie, en situation de fragilité, parfois de dépendance, toutes sont au coeur du quotidien de Dafna Mouchenik, directrice d'un service d'aide à domicile parisien dont la seule règle est : n'abandonner personne ! Pas simple, lorsque l'on connaît les difficultés du métier : faibles rémunérations, problèmes de recrutement, manque de moyens, situations périlleuses, parfois franchement dangereuses, et politiques publiques peu adaptées à un travail qui nécessite temps et sur-mesure... Autant d'obstacles qui s'ajoutent à un travail colossal et chronophage, invisible et pourtant vital.
Après la réflexion, place à l'action ! Portée par les récits - souvent cocasses, toujours empreints d'humanité - de Madame "Je n'ai besoin de rien" ou de Monsieur "Je vous donne ma liste de courses par la fenêtre", Dafna Mouchenik s'engage sur plusieurs propositions pour faire reconnaître l'un des secteurs les plus mésestimés du médico-social et saluer le travail quotidien des professionnels de l'aide à domicile.
Un livre tendre et revigorant, qui vient interroger l'aspiration quasi unanime à finir sa vie chez soi.
Guy Debord (1931-1994) est un penseur singulier, voire unique : plus on s'éloigne du temps où il a écrit, plus les phénomènes qu'il a décrits, la destruction du vivant, les nouvelles modalités de contrôle de la vie sociale, l'éloignement de toute réelle démocratie, semblent se confirmer.
Pour penser l'unité de ce régime civilisationnel inédit, il a forgé la notion de « spectacle », ce soleil qui ne se couche jamais sur l'empire de la passivité moderne, miroir de la dépossession dont il n'aura de cesse de poursuivre l'explication pour le contester à défaut d'avoir pu le renverser en 1968.
Au-delà du « mythe », de la singularité d'une vie et d'un style, Debord se situe au carrefour des sources fondamentales de la modernité artistique, philosophique et politique : la promesse rimbaldienne de « changer la vie », la critique de la domination de la valeur d'échange, la tradition civique et démocratique du conflit et de la liberté. En un mot, la réappropriation de la vie historique.
« Ma première journée se poursuit. Je sens que les soignants sont très distants, qu'ils n'ont pas forcément envie de s'investir auprès des étudiants. Nous sommes alors six stagiaires. Je commence à comprendre que, visiblement, ce service est connu pour être particulièrement difficile. On peut s'en sortir, mais il faut vivre au quotidien la violence, se taire, obtenir sa note et s'en aller.
Je ne le sais pas encore, mais le cauchemar commence. »
Raphaëlle a connu le parcours dit classique d'une étudiante infirmière. Dynamique et motivée, elle multiplie les stages et prend grand plaisir à soigner tout en apprenant.
Un seul stage va bouleverser son parcours. Devenue le souffre-douleur d'une équipe d'infirmières et d'aides-soignantes, elle subit pendant plusieurs mois humiliations et brimades de toutes sortes, sans oser en parler. Trois jours avant la fin du stage, elle craque.
Le cas de Raphaëlle est loin d'être unique. Les récentes études dénonçant les violences faites à l'hôpital ont mis en lumière les cas de maltraitance chez les étudiants en santé. Raphaëlle a souhaité témoigner à visage découvert ; mieux encore, cette jeune femme, aujourd'hui infirmière, mais aussi réalisatrice et comédienne, a décidé d'en faire le sujet de son premier long-métrage.
Raoul Vaneigem annonce le mouvement des occupations de Mai 68 en publiant son Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations à l'âge de 33 ans. Situationniste aux côtés de Guy Debord, il reprend sa liberté en 1971 et creuse depuis le sillon d'une oeuvre atypique, toujours à la recherche d'un point de jonction entre poésie et politique. Il permet de réfléchir aux apories d'un siècle révolutionnaire qui devait apprendre à renoncer à la violence avant de réinventer une place pour l'utopie.
Revendiquant la passion de vivre pour unique boussole, il veut placer la gratuité, la jouissance et la générosité au centre de tout projet de société. Le lire, c'est s'engouffrer dans un labyrinthe où l'irrévérence le dispute à l'espérance, loin des impasses de l'époque. C'est surtout découvrir une ode à la joie comme remède à la résignation et condition de l'action.
« Je souffre d'un désordre. Non d'un trouble ni d'un manque, encore moins d'un handicap. Pour moi, c'est un désordre. J'aime bien ce mot. Il représente un bazar où peu de choses manqueraient et qui n'aurait pas un besoin implacable d'être rangé. C'est ma boîte à couture, avec ses aiguilles, ses pelotes de fils, son découd-vite, ses canettes, son mètre-ruban, des plumes, deux ou trois bouts de ruban souvenir, et je m'amuse à le cartographier. »
Née à Roubaix dans une famille nombreuse d'origine algérienne, Zaïa est frappée dès l'enfance d'un mal auquel, pendant longtemps, elle ne pourra pas donner de nom et qu'elle dissimulera comme une honte : la dyslexie.
À l'école, malgré ses efforts, elle ne parvient pas à lire, encore moins à écrire. Les adultes qui l'entourent la tournent en ridicule et l'accusent de paresse. Zaïa apprend alors à dissimuler, à tricher, à se jouer des contraintes, faisant preuve d'une intelligence qui, si elle ne prend pas une forme ordinaire, est incontestablement aiguisée.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, Zaïa quitte le système scolaire sans savoir ni lire ni écrire. Pour trouver un travail, elle doit de nouveau user de persévérance, de ruse et de toutes les ressources de son intelligence. Avide de liberté, elle quitte le foyer familial, mais le chemin vers la véritable liberté sera long. Elle découvrira sa voie à travers la sophrologie, accédera enfin à la lecture et, surtout, s'acceptera elle-même, forte d'une stupéfiante intelligence émoti
La participation massive des femmes aux révolutions au Moyen-Orient et au Maghreb a conduit à un changement de leur image dans l'opinion publique et les médias occidentaux. Mais l'occidentalocentrisme, fondé sur le primat de la différence, continue d'encombrer certains discours féministes.
Explorant la question des femmes et du pouvoir en islam avec une attention particulière portée au Moyen-Orient, Azadeh Kian offre un aperçu de quatre périodes historiques : l'avènement de l'islam, la période médiévale, l'époque moderne et contemporaine.
L'histoire des sociétés à majorité musulmane montre en effet que les femmes y jouissaient de l'autorité tant du fait de leurs connaissances religieuses que poétiques, littéraires, scientifiques ou encore politiques et militaires. Elles ont tenté d'influencer, de contester ou de subvertir la structure sociale dominée par les hommes, que les lois islamiques ont consolidée.Ce n'est donc pas l'islam qui entrave l'émancipation des femmes, mais son instrumentalisation par des hommes qui visent à conserver privilèges et pouvoirs. Ne faut-il pas dès lors rejeter la lecture figée et traditionnaliste du Coran et réinterpréter les textes sacrés et les lois islamiques ?
À travers l'historicisation et la contextualisation de l'islam, des militantes féministes et des droits des femmes ont ouvert des exégèses coraniques et jurisprudentielles aux lectures et interprétations alternatives visant à rétablir l'égalité entre les hommes et les femmes. Cet essa
Les premiers champs d'intérêt de Michel Foucault - la folie, la naissance de l'asile, et de la clinique - peuvent paraître bien éloignés du droit. Pourtant, l'étude des institutions qui, de l'hôpital général à la prison, ont « traité » malades et miséreux, fous et débauchés, vagabonds et délinquants, conduit à réinterpréter ces gestes dont l'habitude nous a fait oublier l'étrangeté : enfermer pour enfermer pour guérir, discipliner pour intégrer, exclure pour inclure...