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Enzo Traverso
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l'industrie culturelle, les musées, les commémorations, les programmes éducatifs contribuent à faire de la mémoire du passé une sorte de religion civile de nos sociétés contemporaines.
cette religion remplit souvent une fonction apologétique: conserver souvenir des totalitarismes pour légitimer l'ordre libéral, occuper les territoires palestiniens pour empêcher un nouvel holocauste, envahir l'irak pour ne pas répéter munich. mais il est d'autres chemins de la mémoire, plus discrets, parfois souterrains, décidément critiques, qui transmettent le fil des expériences de l'égalité, de l'utopie, de la révolte contre la domination.
confrontée à un siècle de feu et de sang, la mémoire revendique ses droits sur le passé. cette émergence de la mémoire a suscité un débat intellectuel, dont enzo traverso reconstitue ici les grandes lignes, de halbwachs à ricoeur, de benjamin à yerushalmi. a l'aide de nombreux exemples tirés de l'histoire du xxe siècle- fascismes, shoah, colonialisme-, ce livre met en lumière les fils qui relient les différents segments de la mémoire collective, l'écriture historienne du passé et les politiques de la mémoire.
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La violence nazie ne doit rien au hasard: elle a une généalogie, qui n'est pas spécifiquement allemande, et un laboratoire, l'europe libérale du xixe siècle.
Les camps d'extermination sont l'aboutissement d'un long processus de déshumanisation et d'industrialisation de la mort, amorcé par la guillotine et qui a progressivement intégré la rationalité du monde moderne, celle de l'usine, de la bureaucratie, de la prison. on peut trouver les origines culturelles du nazisme dans le " racisme de classe " qui triomphe après la commune, dans le discours impérialiste sur l'" extinction des races inférieures " visant à légitimer les génocides coloniaux, enfin dans l'émergence d'une nouvelle image du juif- axée sur la figure de l'intellectuel - comme métaphore d'une maladie du corps social.
Le nazisme réalisera la convergence entre ces différentes sources matérielles et idéologiques. auschwitz se révèle ainsi - et c'est là que réside, selon enzo traverso, sa singularité - comme la synthèse d'un ensemble de modes de pensée, de domination et d'extermination profondément inscrits dans l'histoire occidentale.
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à feu et à sang ; de la guerre civile européenne, 1914-1945
Enzo Traverso
- Stock
- 24 Janvier 2007
- 9782234059184
La première moitié du XXe siècle fut une époque de guerres, de destructions et de révolutions qui mirent l'Europe à feu et à sang. De l'explosion du vieux monde en 1914 au nouvel équilibre instauré en 1945, le continent connut des temps de catastrophe et de chaos.
Pour Enzo Traverso, la notion de « guerre civile européenne » permet de rendre compte de cette terrible combinaison de guerre totale sans front ni limites, de guerres civiles locales et de génocides, qui vit aussi l'aff rontement de visions opposées du monde. Dans une ample perspective solidement documentée, il en brosse les principaux traits : le mélange de violence archaïque, de violence administrative froide et de technologie moderne pour anéantir l'ennemi, la brutalisation de populations jetées dans l'exode ou l'exil, le déchaînement émotionnel des confl its entre civils au sein de sociétés déchirées (URSS 1917-1923, Espagne 1936-1939, Résistance 1939-1945) ou encore l'irruption de
la peur et l'eff roi de la mort dans l'esprit des hommes. Restituant également leur place aux protagonistes engagés, il analyse les positions de ces intellectuels de l'entre-deux guerres qui, à partir d'un égal rejet du monde en l'état, optèrent de façon opposée pour le communisme (tels Gramsci ou Benjamin) ou pour la révolution conservatrice (tels Jünger ou Schmitt). Il revient de même sur le combat des militants et résistants antifascistes, sans pour autant esquiver la question des liens avec le stalinisme ou celle de l'aveuglement face au génocide.
Ce livre s'inscrit ainsi contre une relecture de cette période de l'histoire qui, sous couvert d'une critique des horreurs du totalitarisme, tend à rejeter les acteurs, fascistes ou antifascistes, dans le purgatoire indistinct des idéologies, comme si, derrière les victimes, aujourd'hui célébrées, tous les chats du passé étaient gris.
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Le totalitarisme ; le XXe siècle en débat
Enzo Traverso, Collectif
- Points
- Points Essais
- 26 Janvier 2001
- 9782020378574
Ce recueil se propose de restituer le profil d'un débat politique, philosophique et historique qui a profondément marqué la culture du XXe siècle, selon le critère suivant : proposer une vision globale d'un débat intellectuel trop souvent perçu de façon partielle et fragmentaire, sous l'impact d'un événement et dans un contexte spécifique (national, culturel, politique). Un grand nombre de textes de ce recueil sont inédits en français - ce qui témoigne de la réception limitée et spécifique de ce débat dans le monde francophone. Chacun d'eux est précédé d'une courte présentation de l'auteur sur les circonstances dans lesquelles il a été conçu et publié et, éventuellement, des réactions qu'il a pu susciter. Un essai introductif vise à esquisser les lignes générales de ce débat et à offrir quelques éléments d'une interprétation historique.