Ollivier Pourriol, agrégé de philosophie, est romancier et essayiste. Il anime depuis plusieurs années des séances Studio-philo au cinéma MK2 Bibliothèque (Paris 13e).
Peut-on changer de vie sans y laisser sa peau ? Tel est le dilemme de Fight Club.
Comment gagner en puissance et en joie sans détruire les autres ou le monde ? s'interrogeait Spinoza. Telle est la quête des X-men.
Et si un malin génie nous trompait, si rien n'était réel, demandait Descartes. C'est l'hypothèse de Matrix.
Faut-il craindre la passion ou y plonger corps et âme ? American Beauty nous éclaire sur le coup de foudre.
Clair et pédagogique, Cinéphilo se promène entre images et concepts pour nous rendre sensible la philosophie. C'est toute l'histoire de la philosophie qui prend vie, accessible et passionnante, sous les traits de Brad Pitt, Tom Cruise, Emmanuelle Béart ou Keanu Reeves.
Le coup de boule de Zidane en finale de la Coupe du monde 2006 ? Un geste prémédité (contrairement à ce qui a été dit) qui confisque la victoire aux Italiens et dévoile le vrai visage de ce match : un duel Zidane/Materazzi.
La folle joie de Platini courant bras levés après un penalty malgré les trente-neuf personnes qui ont trouvé la mort, piégées dans l'effondrement du stade du Heysel ? Il avouera plus tard à Marguerite Duras que c'est ce jour-là qu'il est véritablement devenu un homme, connaissant successivement et dans le même élan sa plus grande joie et sa plus grande honte.
La main de Maradona en quart de finale de la Coupe du monde 1986 ? Il reconnut avoir marqué un but " un peu avec la tête de Maradona " et " un peu avec la main de Dieu ", révélation que Dieu ne démentit pas.
Éric Cantona répondant à l'insulte d'un supporter en lui sautant dessus pied droit en avant tel un as du kung fu ? Par ce coup de sang, " Éric the king " faisait trembler la frontière a priori étanche entre le terrain et le monde réel, comme si un personnage de fiction s'échappait pour se mesurer aux mortels.
Thierry Henry qui, de la main, qualifie la France au mondial 2010 ? Un geste qui pose la question de la fin et des moyens, et du prix du silence au milieu d'un vortex de commentaires tous plus moralisateurs ou cyniques les uns que les autres. Examinant successivement ces cinq cas, Ollivier Pourriol montre que seuls les dieux du stade sont capables de ces " mauvais gestes " là : tellement contre-exemplaires, impensables, qu'ils en deviennent finalement exemplaires. De quoi ? D'une forme de beauté par-delà le bien et le mal, d'une liberté pure et scandaleuse qui nous fascine secrètement, quand bien même nous voudrions les condamner.
Qu'on ne s'y trompe pas : les nouveaux jeux du cirque sont la Coupe du monde de football, et ce que viennent voir ses milliards de téléspectateurs sont moins les beaux gestes que les mauvais.
Fidèle à sa méthode d'explication de la philosophie par le cinéma (et accessoirement du cinéma par la philosophie), Ollivier Pourriol décode les grandes théories du désir en les illustrant par des scènes de films célèbres. Et répond ainsi, de façon extrêmement vivante, à toutes les questions que nous nous posons - ou devrions nous poser :
- Qu'est-ce qui rend un objet désirable ? Réponse avec René Girard et Blow-Up.
- Pourquoi désire-t-on la Lune ? Réponse avec Hegel et L'Étoffe des héros.
- Se rendre désirable, est-ce se faire aimer ? Réponse avec Sartre et Les liaisons dangereuses.
- Comment tombe-t-on amoureux ? Réponse avec Stendhal et American Beauty.
- Pourquoi désire-t-on la violence ? Réponse avec Hegel, Girard et Fight Club.
- Désire-t-on une femme ou le paysage caché dans cette femme ? Réponse avec Deleuze, Proust, et Casino.
- Comment se répand la peste du désir ? Réponse avec Girard et Mort à Venise.
- Comment met-on fin à la rivalité inscrite dans le désir ? Réponse avec Girard, Le Parrain et End of Violence.
- Le désir est-il un manque ou une richesse ? Réponse avec Platon, Deleuze, Requiem for a Dream et American Beauty.
Au final, une véritable philosophie du désir se dessine. Précise, solide, utile mais aussi accessible, imagée, ludique.