Karlis, dit Live Noir, Hermance Languedolce et Istvana forment le trio central de cette histoire de violence et de sang, traversé d'élans mystiques et de désirs de rédemption. Karlis, l'ancien guerrier sans foi ni loi désigné par Dieu pour répandre Sa lumière au bout de son épée et Hermance l'élu de Dieu supplicié mais doué de pouvoirs incommensurables, entraînent avec eux les soldats de la première Croisade, pour reprendre Jérusalem aux mains infidèles.
La route sera longue, douloureuse, semée d'embûches et de combats. Istvana, la Princesse Tafur, elle-même guerrière redoutable, surgit dans l'existence des deux hommes, voués de ce fait à une rivalité d'autant plus inégale que Karlis est puissant et Hermance, chétif.
La mort, la folie et la famine s'installent dans les rangs des soldats croisés. La jalousie et la haine s'installent dans l'âme du Live noir, tandis que Jérusalem, dont ils s'approchent inexorablement, apparaît comme un rêve. ou comme un tombeau.
Une étrange alchimie entre cruauté et romantisme. À Dawson City, Bonnie, l'enfant de la vengeance, est élevée dans le "claim" (l'exploitation de minerai d'or) acheté par Robert Lynch. En grandissant, elle deviendra une véritable "fille du Yukon", fiancée à un jeune amérindien. Sa nouvelle vie ne lui fera pourtant pas oublier son père et sa mère, qui n'échapperont pas à leur destin tragique.
Philippe Thirault a l'écriture acide et se plaît à jeter ses personnages dans les affres de l'amour et de la vengeance au coeur d'une nature implacable, servie par le dessin réaliste de Sinisa Radovic. On pense bien sûr aux westerns désenchantés de Clint Eastwood, comme "Josey Wales hors-la-loi" où le héros embarque dans son sillage une cohorte de personnages hétéroclites et attachants.
Des cadavres de femmes décapitées sont retrouvés en plusieurs endroits de Mexico. La police, corrompue jusqu'à l'os, n'enquête pas particulièrement sur ces meurtres. D'une part parce qu'ils ressemblent beaucoup à la manière de faire des narcos, d'autre part parce que tant que personne n'y trouve d'intérêt, personne n'a de raison de bouger. Le seul à s'intéresser à l'affaire est un détective privé ; un solitaire, du nom de Tikal, à qui le mari d'une victime a demandé de retrouver le meurtrier. Il n'attend aucune aide de la police, mais c'est Interpol qui va s'intéresser à lui, en la personne de l'agent Clare Burnell, chargée de l'affaire depuis qu'on a découvert qu'une des victimes était de nationalité américaine.
Démarre alors, pour le duo a priori mal assorti, une enquête violente, remplie de zones d'ombre et de faux-semblants, sur fond de terreur et de massacre orchestrés par les narcos. Sans compter que les motivations de Tikal se révèlent peu à peu bien plus complexes qu'elles n'avaient l'air de l'être...
Une intrigue de polar très noire de Philippe Thirault, servie par le dessin âpre et incisif de Lionel Marty.
Quelque part dans la Sierra Californienne, en 1851, Alex Harrison se meurt - de soif, d'épuisement, terrassé par la fièvre de l'or - dans les bras de son ami d'enfance, Clyde Morgan, lequel a fait route depuis Boston pour le retrouver. Clyde, à qui ne reste que la rumeur d'un filon miraculeux qu'aurait trouvé Alex, va se laisser gagner à son tour par la fièvre étrange des chercheurs d'or et connaître les affres des placers stériles et des parties de poker truquées. Un récit poignant.
L'enfer blanc était surpeuplé
Une nuit d'avril, Justin enlève Christina à son père. Ils ont décidé de partir pour le Yukon, appâtés par la ruée vers l'or qui a cours dans ce lointain territoire canadien. Dans le train, Christina prend en pitié Alison, une fillette abandonnée dont les parents ont suivi les promesses aurifères. Le voyage n'est pas de tout repos : un terrible accident a lieu. Les trois protagonistes se lient avec Lew, un homme d'affaires à la recherche de sa femme. Puis Justin et Christina fuient à nouveau, abandonnant la fillette et trahissant Lew. Il faut dire que Justin est poursuivi par ses ex-associés, Sydney (qui est enceinte de Justin) et Doug, deux braqueurs de banque. Ces derniers n'hésitent pas à suivre la trace de Justin à travers les étendues inhospitalières du Grand Nord canadien. Les jeunes amoureux y vivent l'existence âpre des prospecteurs tenus de hisser en haut des terribles "escaliers d'or", taillés à même la glace, la tonne de matériel nécessaire. Une nuit, une voix de fillette retentit à travers le camp. Alison est arrivée elle aussi à Sheep Camp, en compagnie de Lew...
Clyde écrit à Lucy. Lucy aime Alex. Alex est mort.
Clyde, imposteur malgré lui, exilé à l'autre bout du continent, a pris la place de son ami Alex dans l'écriture des lettres à la belle Lucy, restée dans l'Est.
Dans les tripots de San Francisco, Clyde trouve de nouveaux partenaires et avec eux, retourne dans les anciens " claims ", à la recherche du gisement trouvé par Alex. Ils vont finalement tomber sur un fabuleux filon dans les sierras.
Que va-t-il se passer quand Clyde retournera chez lui, vers Lucy pour qui il s'est enflammé au fil des lettres ? Comment réagira la pauvre cousine en apprenant la mort d'Alex, celui qu'elle attend désespérément, celui à qui elle croyait écrire ?
Malès et Thirault, peintres d'une autre Amérique
"Lucy" est une incroyable histoire, on pourrait presque dire une machination, si ce n'était l'aspect logique et quasi inéluctable des événements dépeints. Les dialogues de Philippe Thirault et les portraits de Marc Malès sont savoureux, chacun s'attachant à torturer son petit monde. Une histoire qui gratte, qui démange.
Plaçant leur histoire d'amour épistolaire, sur fond de ruées vers l'or des tripots de San Francisco aux gigantesques paysages de l'Ouest américain les auteurs en profitent pour donner leur vision, entre haine et fascination, de l'Amérique. Celle des "misfits", des losers magnifiques, une certaine Amérique.
Stanislas Réveillère est le DRH d'une entreprise florissante et soumise aux lois du marché. Et ces lois, justement, viennent de pointer un bilan comptable huileux. C'est signe que Stanislas doit agir vite. Il licencie d'abord deux femmes de ménage. Du menu fretin pour lui, et pas même syndiqué. Il forme alors une jeune recrue, Romain, qu'il invite à assister aux entretiens. Il a une technique bien rodée pour signifier un licenciement, qu'il est particulièrement fier de transmettre à Romain. Il exécute sa tâche sans pitié ni remord, pour un travail net et sans bavure. Sauf que le destin va le rattraper... Sa mère, qu'il n'a pas vue depuis quelques années, se meurt dans une ordinairement triste maison de retraite. Malgré un agenda "overbooké", il décide de la voir une dernière fois, sans se douter des révélations qu'elle va lui faire et qui vont changer sa vie. Peut-être...