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Yûichi Yokoyama était jusqu'à présent essentiellement connu en France pour ses mangas radicaux. Neutre réunit pour la première fois bon nombre de ses peintures et de ses collages couleurs et noir & blanc, auxquels s'ajoutent deux bandes dessinées inédites. L'ouvrage offre ainsi une vue étendue sur le monde fascinant élaboré depuis plus de vingt ans par l'artiste japonais : « Je veux dessiner la pure apparence des choses. Quand les insectes ou les oiseaux regardent les hommes, ils ne s'intéressent pas à leur nom ni à leur personnalité. Je m'efforce d'adopter ce point de vue indifférent au monde humain. »
Répondant à ce parti-pris résolument distancié et superficiel où il n'est pas interdit de voir une filiation avec le pop art et l'art minimal mais aussi avec l'ukiyo-e, l'art de l'estampe japonaise, Yokoyama déroule une galerie de portraits composée de personnages énigmatiques (mi-robots, mi-fashion astronauts) et de masques bariolés qui alternent avec des vues de paysages géométriques : chantiers de construction chatoyants, étendues d'eau évoquées au moyen de marqueteries sophistiquées faites de papiers colorés... Autant d'images libérées de toute émotion humaine, de toute sentimentalité, tendues et séductrices comme des enseignes au néon, complexes et déroutantes comme les reflets d'une fenêtre à la surface d'un écran vidéo. Des images dynamiques et éclatantes. Des images neutres à l'égard de leurs regardeur-ses, c'est-à-dire vives, libérées, fulgurantes. Pour Yûichi Yokoyama, « l'art contemporain est similaire à la sensation d'aborder un continent inconnu et de s'y installer avant tout le monde. Les sentiments d'excitation et de joie procurés par cette découverte sont étourdissants. » Telle est l'invitation lancée par Neutre.
[Ouvrage bilingue, français et anglais, coédité avec Fotokino et OK Des Paris.] -
Les bandes dessinées de Yûichi Yokoyama ne relèvent pas seulement du dessin, il y entre également une part de collage souvent discrète mais déterminante : durant les longues phases d'esquisses de ses planches, et jusqu'au moment de les achever, le mangaka pratique dans ses dessins de nombreuses découpes, retranchant des parties dessinées pour les remplacer par d'autres, tantôt en guise de repentir ponctuel, tantôt en guise de relance de la composition. Burning sounds exacerbe à un point dévorant ce travail de collage, et le projette cette fois au premier plan de l'image. C'est comme si les dessins, les actions et les situations réunis dans les planches de Burning sounds ne supportaient plus d'être clairement représentés et contenus dans l'espace raisonnable des cases, mais se jetaient les uns à la rencontre des autres en une déflagration continue.
Il en résulte une bande dessinée faite sur le modèle de ces rêves kaléidoscopiques au cours desquels situations, émotions et sensations s'enchaînent sans apparence de logique : un fragment d'image en chasse un autre avant d'être immédiatement évincé à son tour, broyé par un flot de traits rageurs, par une évocation soudaine ou par une interjection codifiée (« Action ! », « On se dépêche », « De la fumée », « Fuyez ! », etc.). Yokoyama décrit ainsi Burning sounds comme « un manga expérimental construit sur le modèle de la poésie expérimentale, qui minimise la narration », et ajoute : « Une fois que l'ai lu un roman, je ne le lirai plus durant les trente années qui suivent, tandis que je continue de lire le même livre de poésie moderne, encore et encore. » -
L'oeuvre de Yokoyama est traversée par plusieurs thèmes. On connaît désormais quelques uns de ses ""Travaux Publics. Voici venir le temps des ""Combats"", mêmes personnages costumés, masqués, inexpressifs, mêmes décors marqués par la géométrie, même dessin saturé de lignes droites. Simplement ce qui dans le précédent volume s'ourdissait entre le texte et le graphisme, entre la narration et la vision, à savoir la lutte des cases, explose ici au grand jour. Et dans cette lutte Yokoyama fait arme de toute chose comme d'autres font feu de tout bois: sabres, couteaux, fusils, roquettes, assiettes, robinets, fleurs en pot ou livres sont placés au service de combats dont il est difficile de cerner la nature. Prenant tour à tour l'allure d'émeutes ou d'embuscades, d'échauffourées urbaines ou de mission commando, de guerre des gangs ou de simple baston, ces combats paraissent avant tout, à l'image de la bande dessinée qui les porte, venir du futur. Yuichi Yokoyama connaît un destin singulier, puisque c'est en France que l'oeuvre de cet auteur japonais vivant au Japon a connu, grâce aux éditions Matière, sa première publication. Depuis, il est peu à peu découvert dans son propre pays, où une maison d'édition vient de lui consacrer un ouvrage.
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Plaza est un défilé de carnaval frénétique qui n'offre aucun moment de répit, qui jamais ne trahit aucune baisse de régime : sur une sorte de tapis roulant qui fait office de scène défilent de gauche à droite, a contrario du sens de lecture, les objets les plus hétéroclites, les assemblages et les acrobaties les plus grotesques, tandis que le public en contrebas, régulièrement rudoyé et même agressé physiquement, manifeste une ferveur croissante, une excitation qui confine à l'extase mystique.
Plaza est une fête dyonisiaque mécanique, un spectacle grandiose qui célèbre pêle-mêle les origines de l'univers, l'animisme, les dieux, les objets manufacturés, le dévouement, la célébration elle-même, le totalitarisme et la quatrième dimension. Plaza est une fantasmagorie visuelle à demi dissimulée derrière les lourdes onomatopées qu'engendrent son tumulte. Plaza est une cérémonie dédiée au mouvement, à la dynamique des formes et à la fantaisie, au chaos et à la création.
Plaza est un nouveau et joyeux manifeste de Yokoyama en faveur d'une bande dessinée libre.
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Baby boom est un recueil de récits animés par deux personnages récurrents, un « oiseau » (l'animal à tête noire sous le masque duquel l'auteur aime se figurer) et un « poussin », engagés, à deux ou en groupe, dans toutes sortes d'activités propres à l'enfance : cerceaux, cubes, baignade, pliages, dessin, goûter, constructions, bacs à sable, sauts dans les flaques...
Dessinant vigoureusement à l'aide de deux couleurs de feutres, Yokoyama a laissé à ses dessins leur fraîcheur d'esquisses. Par leur (apparente) rapidité d'exécution, par leurs contrastes colorés, ses planches sont de cette façon le prolongement évident et communicatif de la joie frénétique de l'oiseau, du poussin et de leurs camarades de jeux.
Nouvelle clé d'accès à une oeuvre parfois injustement jugée austère, sérieuse et froide, Baby boom est le livre de l'enthousiasme par excellence. Il expose pour la première fois au grand jour l'un des ressorts les plus puissants de l'artiste : sa part d'enfance. -
On savait les personnages créés par Yûichi Yokoyama enclins à la déambulation (Voyage) et à la découverte (Jardin). Dans ce nouveau volume, ils abordent des contrées plus désertes et plus sauvages qu'à l'accoutumée qui les conduisent à se muer en explorateurs. Confrontés à de vastes paysages naturels et inhabités, nos aventuriers, tantôt solitaires, tantôt réunis en petits groupes, déploient des dispositifs d'exploration et d'observation diversement sophistiqués. Un missile-appareil photo, un rondin de bois aménagé en embarcation, une tente canadienne conditionnée en tube à l'instar d'une pâte dentifrice sont quelques unes des inventions mises en oeuvre pour assouvir leur commune passion : voir, voir, voir...
Explorations est un recueil de 3 brefs récits, dans la veine de Travaux publics et de Combats. Ainsi Yokoyama met-il encore une fois (brillamment) en scène son principal leitmotiv, qu'il s'agisse d'obtenir une série d'instantanés photographiques prise à 400 km/h au ras des pâquerettes, qu'il s'agisse d'observer les phases changeantes d'un déluge ou de se trouver au beau milieu du passage d'un troupeau d'antilopes au galop, il s'agit toujours de voir, contempler et décrire.
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Au moyen de douze récits rapides, géométriques, incisifs, Nouveaux corps (après Travaux publics, Combats, Voyage et Jardin) poursuit l'exploration méthodique de l'univers du plus singulier des auteurs de bande dessinée.
Un homme photocopie son costume-cravate, taille les images obtenues et les ajuste au scotch sur le corps de son camarade. Un type improvise un masque à partir des pièces d'un ventilateur. Un troisième se confectionne une casquette au burin dans un bloc de roche. Des individus se laissent asperger de colle en bombe avant de se jeter dans des bacs emplis de balles, de feuilles, de graviers. Et ce ne sont que quelques exemples... Voilà de quelle manière on revêt son corps, et voilà à quoi on l'emploie dans le monde robotique, opaque et énigmatique de Yûichi Yokoyama.
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Trois hommes costumés et masqués s'aventurent dans une ville inconnue.
Formant une sorte de commando en mission, ils sont à la recherche d'un lieu, d'un objectif qu'ils ne connaissent qu'approximativement. Au détour d'architec-tures oppressantes, ils sont vite confrontés à d'inquiétants groupes d'hommes en uniforme. La tension nouée entre les protagonistes, autant que la pesanteur des situations, laisse craindre l'imminence d'un drame. Que font ici ces milices urbaines ? Qu'est-ce qui justifie qu'elles se comportent en maîtres des lieux ? Quelles activités sont réellement les leurs ? Trafic ? Crime à grande échelle ? Déprédation ? Attentat ? Putsch militaire ?.
En dépit de ces rencontres, nos trois hommes parviennent à destination. Sans se départir de leur feinte nonchalance, ils se présentent au portail blindé d'une luxueuse villa. Le propriétaire des lieux, un dandy aux airs mystérieux, les laisse pénétrer au coeur de cette forteresse dont il semble avoir l'usage exclusif. Après leur avoir offert quelques verres d'alcool, après les avoir menacés d'une arme à feu, il leur accorde cependant le privilège d'accéder à son très vaste jardin et à une bibliothèque unique en son genre : la salle de la mappemonde.
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Par une brèche dans un mur, une foule de plusieurs centaines de personnes pénètre dans le « jardin » et découvre peu à peu ce vaste territoire interdit constitué d'une succession de paysages artificiels animés de mouvements automatisés. Le « jardin » est un décor désert, habité uniquement de dispositifs mécaniques, de cliquetis, de chocs et de grincements, un lieu sans orientation ni logique qui paraît généré au fur et à mesure de la curiosité qu'il suscite. Un lieu probablement sans fin, voué à l'inouï, à l'extraordinaire, à l'invention...