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Langue française
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Christian Prigent, quatre temps
Bénédicte Gorrillot, Christian Prigent
- Argol
- Les Singuliers
- 19 Février 2009
- 9782915978452
En construisant son livre selon trois questions : D'où ça vient ? Comment c'est fait ? Ce que ça dit ?, Christian Prigent a radicalement décidé d'entrer dans l'entretien par la face nord de la biographie. En littérature et en poésie, en art, rien n'est banal ni ordinaire. Christian Prigent, interrogé par Bénédicte Gorrillot, qui ne néglige aucune question fondamentale, va là où on espérait le trouver, singulièrement singulier. Pour qui ignorerait l'oeuvre de Prigent c'est un saut de plain pied dans la poésie et la littérature d'avant-garde contemporaines dont il est un des représentants les plus ardents.
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- Salut les modernes : Où est, dans la poésie d'aujourd'hui, le nouveau ? Bien présomptueux serait celui qui prétendrait le savoir.
On ne peut faire mieux que s'alerter (question d'oreille) du phénomène de l'invention. Voici quelques écrits poétiques, récemment parus. D'une certaine manière ils font " école ". Une étrangeté coriace s'y affirme qui défie la lecture. Des noms ? : Philippe Beck, Charles Pennequin, Christophe Tarkos. Ces noms ne prétendent pas couvrir le champ. Leurs écrits m'ont simplement donné un peu plus fortement que d'autres la sensation d'un phénomène nouveau.
Affaire de goût, sans doute. Et d'affinités. Dans la différence, aussi bien - éventuellement violente. D'où, adressées à eux, quelques remarques et quelques questions.
- Salut les modernes : Voici quelques lectures, voire explications de textes, dans des oeuvres anciennes (de Lucrèce à Jarry, en passant par Marot, Voiture, Balzac, Maupassant, Mallarmé, Rimbaud, Verlaine). Elles se veulent un peu décalées, un peu décollées vers...
Autre chose (la fiction ? la poésie ? l'aventure de la lettre ?). Elles s'appuient sur une conviction : que les modernes ne sont pas les enfants des anciens mais que, plutôt, la perplexité qui nous vient des modernes nous fait regarder les anciens d'un oeil moins tué d'indifférence et qu'ainsi nous pouvons les réenfanter : les rendre à l'inquiétude de la vie.
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Le monde est marrant (vu à la télé)
Christian Prigent
- P.O.L.
- Blanche P.o.l.
- 12 Juin 2008
- 9782846822572
Ce volume rassemble une série de chroniques sur la télévision, parues bimensuellement, pendant deux ans, dans le magazine Le Matricule des anges. On y évoque par exemple des séries comme Caméra Café, des documentaires comme L'Odyssée de l'espèce, des émissions « culturelles » comme Corpus Christi, etc. Mais il ne s'agit pas d'un essai sur la télévision : savamment pensif, forcément critique, naturellement moralisateur et fulminant. C'est plutôt la confession d'un qui presque chaque soir (aux heures de préférence les pires, celles dites « de grande écoute ») se vautre devant la boîte à vider les cerveaux. Qu'est-ce qui pousse à communier dans l'idolâtrie devant ce petit autel d'insignifiance et de trivialité ? Pourquoi aimer à ce point une telle servitude ? Allumer le récepteur, c'est ouvrir un dictionnaire des idées reçues, une encyclopédie des veuleries du siècle, le Quid de ses snobismes, de son mauvais goût mercantile, de ses violences spectaculaires ou doucereuses. Rien de plus navrant que la vie et le monde vus à la télé. Mais, à ce point de bêtise et de crudité, rien non plus de plus marrant. Facile : suffit de zapper, à la fois consterné et hilare ; puis, en à peine accéléré, rien qu'un peu décalé, de décrire les images plates et de recopier les dialogues chromos qui déboulent, de journaux télévisés saucissonnés en grande solderie de séries planétaires, via les bouffonneries publicitaires, les cérémonies météorologiques, les sitcoms ménagers, les feuilletons tiroir-caisse et les docu-fictions en peau de lapin pour les presque nuls. Tout est là. Et hop, moteur : tout tourne à la farce, c'est guignol, c'est carnaval !
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Christian Prigent est aussi un inlassable théoricien de la littérature. Il ne cesse de publier des articles, d'intervenir dans des colloques, de défendre ses positions et d'attaquer celles qui lui paraissent relever d'une tentation passéiste.
Le présent volume rassemble des conférences, préfaces et articles composés depuis les années quatre-vingt. Certains traitent de questions générales, comme celle de la poésie, son statut, son "rôle" ou de la prose. Ou encore de questions plus "politiques" comme la pornographie. D'autres abordent les mêmes questions, ou de nouvelles, mais à travers une oeuvre : Sade, Jarry, Zanzotto, Gadda, Brisset, Biély, Pastior ou Novarina.
Des uns aux autres, cette volonté de convaincre, toujours, cette pertinence, cette volonté pédagogique propres à Christian Prigent, mais aussi ses emportements, et cette langue rythmée et précise qui est sa marque.
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J'ouvre un dossier rassemblé par mon père.
Il souhaitait écrire (il ne le fera pas) l'histoire d'un crime : sa mère a lavé naguère le sang des draps oú s'égoutta l'égorgée mona. j'essaie à mon tour. je n'y arrive pas. l'écriture repousse l'échéance du crime. le livre grossit d'être ce repoussoir. ça prend une journée, de laudes à complies : diversions, digressions, cauchemars pour rire, pseudo-prémonitions, ruminations en stagnation, péripéties moches.
L'enfance, au galop. vues sur sites chromos. passages d'accessoires et de personnages : pinceaux, balayettes, poules, vaches, cochons, vélos, 2 cv, hyènes et fromages, untels et quidams, coquins et lascars. même louis guilloux, rik van steenbergen et louison bobet. plantée au milieu : grand-mère, totem volubile des haines et des amours. puis, vite fait, à vêpres, le crime : trochon tue mona. et grand-mère est morte : fin du jour tragique.
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" hier, j'étais né ; demain, je meurs ", souffle la voix qui sort du lit d'agonie.
entre cet hier et ce demain : une vie, celle du père. qui raconte cette vie est qui entendit murmurer la voix. scènes, vignettes, tracés d'émotions, poussées d'interprétation, visions en vitesse, conversions bouffonnes. temps : une demi-heure en gros, à vélo. espace : deux kilomètres. décor : bretagne, années 1950. fond d'histoire : la guerre d'indochine, l'affaire henri martin, budapest 1956, les communistes, andré marty, thorez, staline.
la chienne du monde parle. le monde aboie fort. on file pas chronique, engrène pas annales en ordre de maillons : on mixe, on bricole, on pétrit sa boule avec du déchet de biomachin ou de chronotruc. et puis : roule cette boule, enroule les cadences, enchaîne véloce - et va la musique !.