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Cahiers Dessines
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Au printemps 2023, la première édition du Festival du Dessin a comptablilisé 66.000 entrées; forte de ce succès étourdissant, sa deuxième édition se tiendra à Arles du 20 avril au 19 mai 2024, soit un mois entier. Dessins d'art, d'humour, de presse, dessins d'enfants (réalisés dans le cadre d'un projet pédagogique soutenu par la Ville d'Arles et encadré par dix dessinateurs spécialement mandatés), dessins au crayon de couleur, au crayon gris, à la pierre noire, au brou de noix, gravures, installations, portraits saisissants, paysages bouleversants, dessins abstraits: autour de la figure emblématique de Tomi Ungerer, tête d'affiche, quarante-deux dessinateurs seront réunis dans une douzaine de lieux prestigieux de la ville, certains à la gloire posthume (Jean Dubuffet, Alberto Giacometti, Oskar Kokoschka, Félix Vallotton), d'autres comptant parmi les célébrités contemporaines (Joseph Beuys, Kiki Picasso, Christian Roux, Goossens), d'autres enfin, dont des artistes très jeunes, à la renommée encore confidentielle mais qui gagnent à être largement connus. Des débats, des rencontres, des projections de films et des concerts ponctueront cette édition sur toute sa durée, faisant d'elle l'un des rendez-vous culturels et festifs incontournables du printemps 2024.
Le présent ouvrage, qui en est le catalogue, offre la possibilité à un large public de prendre la mesure de cet événement inédit, à l'appui d'un texte de Frédéric Pajak et de deux cents oeuvres sur papier, reproduites en couleur, accompagnées des biographies de leurs auteurs et de quelques lignes écrites de leur main sur leur rapport personnel au dessin.
Les artistes exposés: Sergio Aquindo - Atak - René Auberjonois - Sophie Baduel - Joseph Beuys - Gus Bofa - Markus Buchser - Guido Buzzelli - Stéphane Calais - Antoine Capitani - Chantalpetit - Laurent Cilluffo - Robert Coutelas - Jean Dubuffet - Jean-Luc Favéro - Pierre Faure - Vicky Fischer - Alberto Giacometti - Goossens - Anne Gorouben - René Goscinny - Jean Gourmelin - Bernard Grandgirard - Michel Houssin - Jean-Michel Jaquet - Oskar Kokoshka - Frédérique Loutz - Clara Marciano - Al Martin - Charles Meryon - Henri Michaux - Thomas Ott - Jacqueline Oyex - Kiki Picasso - Lucile Piketty - Adolphe Martial Potémont - Christian Roux - Ronald Saladin - Philippe Ségéral - Tomi Ungerer - Félix Vallotton - Pascal Vonlanthen - Georges Wolinski -
Après Saul Steinberg et quelques autres, Jean-Jacques Sempé a hissé le dessin dit d'humour au rang de grand art :
Ses oeuvres sont exposées dans les galeries du monde entier et publiées dans de somptueux albums. Mais... comment l'auteur de Un peu de Paris dessine-t-il ? Comment surgissent ses idées ? Longtemps, il a tenu ses carnets, sinon secrets, du moins à l'abri des curieux. Publiés ici pour la première fois, ils constituent un témoignage inestimable de sa recherche, de son inspiration. On y découvre toute la grâce de sa spontanéité, toute la force de son expression. Des têtes, des corps, des décors, des objets familiers... À peine une esquisse d'un trait délicat au crayon ou à la plume, et tout est là. Nous sommes devant ce que le dessin a de plus fragile, de plus suggestif aussi. Rien ne semble dit, mais tout est dit, et nous laisse dans un état de rêverie absolu.
Deux cents dessins noir et blanc lèvent le voile sur les « secrets de fabrication » de l'un des plus grands dessinateurs de notre temps.
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Le monde selon Topor dévoile de multiples facettes de l'oeuvre de cet artiste hors du commun, l'un des plus marquants et prolifiques de la fin du xx e siècle.
L'ouvrage raconte de façon inédite l'univers créatif de Topor, le dessinateur et l'écrivain, des années 60 jusqu'à sa mort en 1997.
Roland Topor débute sa carrière comme dessina- teur d'humour dans une certaine presse : Bizarre en 1958, Arts en 1959, Fiction en 1960 et Hara-Kiri en 1961. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Fernando Arrabal. Une amitié très forte naît entre les deux hommes et ensemble, avec d'autres artistes rencontrés lors de ses études à l'École des beaux-arts de Paris, ils créent le groupe « Panique », mouve- ment artistique, qui, malgré son manque de sérieux assumé, va jouir d'une certaine renommée dans le monde des arts et des lettres.
Toujours empreint d'humour grinçant et d'une cer- taine mélancolie, le dessinateur s'est fait également connaître comme écrivain de nouvelles, de romans, de pièces de théâtre. Il est l'auteur de plusieurs films d'animation, dont le célèbre La Planète sauvage, ainsi que de la série télévisée Téléchat.
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Dans les années 1970, une météorite entra dans l'at- mosphère de la bande dessinée ; elle éclata en plu- sieurs morceaux, pareils à des pépites. En quelques épisodes, un personnage tourmenté, faible et inquié- tant se présenta au grand jour : c'était Guido Buz- zelli en personne. L'auteur s'est mis en scène, il s'est travesti tour à tour en raté laid et malingre, en piètre violoncelliste incapable de retenir ses membres livrés à eux-mêmes - une jambe courant toute seule, un bras filant sous la jupe d'une femme... -, en dessi- nateur de bandes dessinées dépressif et paranoïaque, victime kafkaïenne de chirurgiens fous, de psycha- nalystes, d'industriels maffieux, de dictateurs en herbe. Rarement l'art de l'autoportrait a été mené si loin dans l'autodérision et le mépris de soi-même.
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Dans The Party, publié pour la première fois à New York en 1966, Tomi Ungerer règle ses comptes avec les milieux américains de l'édition, de la presse et de la publicité. Mais par-delà sa dimension personnelle, l'album est une critique acerbe de la mondanité occidentale, de sa vacuité insondable et de sa - proprement - monstrueuse prétention. Un chef d'oeuvre du dessin satirique.
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Oeuvres II ; l'Agnion, les Mochetons, le métier de Mario, un type angélique
Guido Buzzelli
- Cahiers Dessines
- 10 Janvier 2019
- 9791090875784
Dans ce deuxième volume des oeuvres de Guido Buzzelli publié aux Cahiers dessinés, on retrouve toute sa maestria et son imagination bouillonnante à travers trois histoires dont il est le dessinateur et le scénariste, et une quatrième qu'il n'a fait que mettre en images.
Dans L'Agnion, le dramaturge Zurmalas aimerait monter une pièce pour dénoncer la corruption du pouvoir.
Un soir, il croise une créature étrange, mi-agneau mi-lion, qui le conduit à son maître, un certain Salmazur - son portrait craché, son double maléfique. En échange de jouer le rôle du roi, Salmazur lui offre comme seconds rôles un panel de monstres plus vrais que nature, dévorés d'envie et de méchanceté. Mais les pires restent à venir...
Le monde des Mochetons est divisé en deux : à la surface vivent les « Beaux », jeunes, sains et performants, et dans les grottes, les « Mochetons » : les laids, bêtes et méchants qui triment à leur service.
Régulièrement, les Beaux se font la guerre par Mochetons interposés qu'ils droguent à leur insu. Mais la révolte couve.
Mario, quant à lui, exerce le plus vieux métier du monde pour le plaisir de riches dames esseulées. Son plaisir à lui, c'est de voler en deltaplane. Dure sera sa chute, aussi dure et sans issue que celle du Type angélique, un ange, un vrai, égaré ici-bas.
Quatre fables folles, hypnotiques, drôles et cruelles, unies par le même cercle vicieux des opprimés d'hier qui deviennent les oppresseurs d'aujourd'hui, jusqu'à ce que de nouveaux oppresseurs les renversent. Un monde vertigineusement semblable au nôtre.
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Oeuvres Tome 3 ; les buzzeliades, illustrations, peintures
Guido Buzzelli
- Cahiers Dessines
- 6 Mai 2021
- 9791090875920
Ce troisième volume des OEuvres de Guido Buzzelli enchaîne les visions d'horreur et de jubilation. Les vacances ; les sorties au cirque, au cinéma ou au musée ; les randonnées champêtres ; les instituts pour jeunes filles de bonne famille ; la plage ; les aéroports ; les cimetières ; tous les lieux publics fréquentés par les masses accueillent de véritables transports en commun : copulations furieuses accompagnées d'actes de torture et de bouffonnerie ; femmes nues mutilées ;
Anges déchus possédés par des démons, taureaux embrochant des matadors en jarretelles - stupre, furie et Grand Guignol sont au rendez-vous à tous les étages. Avec un trait digne des maîtres italiens de la Renaissance, Guido Buzzelli s'en donne à coeur joie pour restituer la comédie humaine dans son expression la plus crue.
Sous son pinceau, les faux-semblants s'annulent, les bonnes manières s'oublient, les limites entre les milieux, les générations et les espèces humaine et animale s'effacent.
Débarrassée de son vernis de culture et de politesse, la société apparaît pour ce qu'elle est : une foire d'empoigne au sens propre du terme.
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Au début des années 1960, dans Hara-Kiri, Gébé donne vie à une drôle de créature, ni homme ni ani- mal, grotesque et angoissante, qui évolue dans des situations à la fois inquiétantes et loufoques. Berck apparaît comme un nouveau fléau de la société, indestructible sous son apparence bonhomme. Il sème la panique dans la population qui, néanmoins, se résigne à l'accepter comme une fatalité. L'univers décalé de Gébé met en scène un Berck qui se joue de toutes les situations de la vie quotidienne, se gavant d'éther et de mercurochrome pour coucher à l'hô- pital, tuant son ennui en crachant dans une bassine jusqu'à la faire déborder. En matérialisant d'image en image une véritable bombe à retardement, Gébé imagine un type unique de personnage de bande dessinée : le héros purement négatif, absurde, anar- chiste et poétique.
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La fin de l'année 2021 sera marquée par plusieurs événements présentés en l'honneur de Mix & Remix, disparu il y a cinq ans d'un cancer. Outre deux expositions et un film long métrage, L'Ami, portrait de Mix & Remix, réalisé par Frédéric Pajak, qui sera diffusé à la Télévision suisse romande et dans des salles de cinéma, les Cahiers dessinés lui consacrent une importante monographie. L'occasion de parcourir la carrière de celui qui fut un immense dessinateur, populaire et prolifique, d'ouvrir ses archives, de présenter de nombreux documents et dessins inédits ou peu connus. Chez lui, TOUT était prétexte à l'humour ; avec un art du raccourci exceptionnel, un trait minimaliste radical, il savait faire rire à la fois les hommes et les femmes, les enfants et les adultes, les paysans et les banquiers. Comme chez les meilleurs humoristes, c'est dans le pire de la banalité de la vie quotidienne et du vacarme de l'actualité politique qu'il puisait le meilleur, en une ellipse qu'on appelle « gag », et qui ressemble à un aphorisme. On retrouve le Mix & Remix au sommet de sa carrière, mais aussi les nombreuses recherches graphiques et comiques qui ont précédé ce sommet, du temps où Philippe Becquelin mangeait de la vache enragée, multipliant les petits boulots, collaborant ici et là à des publications résolument underground.
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Si le public français connaît les affiches politiques de Tomi Ungerer, il ne mesure pas toujours l'étendue de son engagement. Ces deux cents dessins, dont la plupart sont publiés pour la première fois en France, racontent la révolte constante de Tomi Ungerer contre le racisme, le militarisme, le danger nucléaire, la pollution, mais aussi les hypocrisies de l'Histoire officielle et l'aveuglement de la bonne conscience. Une puissance d'évocation qui le place parmi les grands dessinateurs de notre temps.
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Topor dans la presse est le premier livre consacré exclusivement aux dessins de Roland Topor publiés dans les journaux et les revues du monde entier. Ainsi, en près de quarante ans, il a pu notamment dessiner dans Bizarre, Arts, Le Rire, Fiction, Haute-Société, Hara-Kiri, Elle, Il Delatore, Graphis, L'Enragé, Action, Charlie Mensuel, The New York Times, Le Canard Enchaîné, Le Fou Parle, Il Corriere della sera, Le Monde, Le Nouvel Observateur, Die Zeit, Autrement, Frankfurter Allgemeine Zeitung, Il Male, Il Giornalone, Libération, Passages, 7 à Paris, L'Idiot International, L'Evénement du jeudi... Si le dessin de presse n'est qu'une partie de l'oeuvre de Roland Topor, elle est pourtant vertigineuse. En quantité et en audace. Et l'on retrouve toute sa virtuosité conceptuelle, sa pertinence humoristique, son potentiel graphique, son génie.
La presse était pour lui un vecteur de créativité aussi opportun qu'une galerie, un musée, un livre, une affiche, un film, un décor de scène, un objet.
Ces dessins, ayant été publiés de façon éphémère, sont pour la plupart inconnus, même des spécialistes. Plusieurs textes et témoignages accompagneront cette monographie, notamment sous la plume du cinéaste Pascal Thomas, ami intime de l'artiste.
Un texte de présentation apportera des éclairages quant aux participations significatives de Topor à certaines publications. Des légendes permettront de situer précisément chaque dessin. Un cahier de photographies montrant Topor au travail servira d'introduction à l'ouvrage.
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DANS LA MAISON, sous le toit où l'on devine des hiboux, entre des tranchées de livres, de journaux et de paperasse, il y a une table à dessin ; et devant elle, un peu caché par une muraille de mystères, il y a Gébé, fidèle à son poste de sentinelle.
Mais que guette-t-il, à cette heure tardive de la nuit? Au fond, il ne le sait pas lui-même, car c'est toujours sans prévenir que s'avancent sur sa feuille blanche des silhouettes, des paysages, des constructions échafaudées sans le moindre plan, et puis des mots, des rêves, des idées qui se bousculent et trépignent. Il faut l'entendre, ce vacarme sur le papier! et il faut savoir s'y perdre, dans ces histoires, ces rires, ces drôles de folies, dans ces milliers de dessins qui dorment auprès des mulots.
Il faut s'y perdre, pour mieux se retrouver. Et celui qui se retrouve n'est plus tout à fait le même: sans prévenir, il a fait " un pas de côté ".
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Topor, Voyageur du livre est le second tome consacré exclusivement aux dessins d'illustration de Topor.
Roland Topor entretenait avec la littérature et l'objet livre un rapport intime et passionnel. À quinze ans, moment où il fait la découverte d'Alfred Jarry, il oriente sa culture : littérature populaire, auteurs surréalistes, polar, science-fiction, humour, poésie, fous littéraires de toutes périodes et de tous pays. Gourmet, Topor savait apprécier les différents degrés de l'ivresse littéraire et bibliophilique ; l'amour du fond et de la forme. Alors qu'il avait commencé par se faire connaître comme dessinateur d'humour dans une certaine presse : Bizarre, Hara- Kiri... il a simultanément démontré son attachement aux livres. D'un simple frontispice pour le livre confidentiel d'un ami poète à l'illustration des oeuvres complètes à gros tirage, Topor affirme le même génie, créatif et original, que quand il travaille pour la presse, mais il consacre au livre un soin tout particulier qui le fait entrer dans la famille des grands enlumineurs de textes.
Ce livre permet de réunir des dessins très peu connus, parce qu'ils ont souvent été publiés dans des livres de bibliophilie réservés à des collectionneurs, ainsi que d'autres, pour la plupart oubliés, de ses grands travaux d'illustration pour les clubs du livre en Suisse et en France. Plusieurs centaines de dessins sont remis dans leur contexte de publication, permettant ainsi d'embrasser l'originalité de l'oeuvre d'un Topor illustrateur de livres.
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Hélène, séduisante quadragénaire propriétaire d'une boutique de mode, découvre un nourrisson dans la cabine d'essayage, et le recueille dans son arrière-boutique, sans en souffler mot à Antoine, son mari. Vicky et Wanda, deux adolescentes désinhibées, partagent une chambre d'internat et la plupart de leurs secrets, dont la grossesse de Vicky, fruit de sa relation amoureuse avec Antoine, qui n'est autre que leur professeur d'histoire. Pour compenser les inexplicables élans maternels de sa femme, Antoine lui offre un chien. Sous couvert de promenades, Hélène et le chien rendent clandestinement visite à l'enfant, jusqu'au jour où...
Avec cette histoire tendre et grinçante, Anna Sommer revient à la bande dessinée, pour notre plus grand plaisir... et frisson. L'innocence, comme le diable, se cachent dans les détails de son dessin indiciblement subversif.
Doux et acide, dénué de toute mièvrerie, son univers résolument féminin fait rimer légèreté et cruauté, et ne cesse de s'enrichir de nouvelles trouvailles.
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Les politiciens étaient venus de la capitale pour diffuser des paroles malveillantes, et les premiers miliciens étaient apparus sur la colline.
Le régime en place avait décidé l'extermination de la minorité. Il jugeait cette "mauvaise ethnie" acquise à la rébellion armée du Front patriotique. Décidé à garder le pouvoir coûte que coûte, il avait su convaincre la population que l'éradication de ces "ennemis de l'intérieur" était une nécessité. Entre huit cent mille et un million de personnes avaient péri en trois mois. Sur sa colline, elle était la seule survivante du génocide, la seule à conserver le souvenir des siens.
Sa famille, ses amis, son village : tout semblait à jamais effacé. Les caméras de télévision étaient pourtant venues, mais trop tard, après les massacres. Les journalistes cherchaient-ils à témoigner du drame ou juste à saluer l'abnégation des soldats du "seul pays de la communauté internationale à avoir tenté quelque chose"? Cette histoire, c'est aussi l'histoire d'une rescapée.
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Et si les fleurs avaient une sexualité humaine ? Bosc s'amuse de cette idée saugrenue ; il invente un kama sutra, et puis très vite sa fantaisie érotique le pousse à toutes sortes de pirouettes graphiques. Un livre tendre, pudique, d'un érotisme amusé, suggestif mais jamais vulgaire.
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Après avoir publié Amourettes en 2002, un recueil de ses premières gravures sur zinc, dans la collection Les Cahiers dessinés, Anna Sommer présente aujourd'hui Tout peut arriver, son autobiographie en bandes dessinées.
Sur un ton humoristique et tendre, Anna Sommer révèle les détails intimes et toujours déconcertants de son enfance, de son adolescence et de sa vie professionnelle et conjugale.
Elle évoque ses premiers souvenirs dans une famille ordinaire d'un petit village de Suisse alémanique, son premier baiser, ses premières expériences professionnelles, notamment comme modèle dans un cours de dessin académique, et nous dévoile, derrière la façade d'une existence apparemment sans histoire, un monde secret et fantasmatique.
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Après Un pas de côté, les Cahiers dessinés proposent un choix des dessins humoristiques de Gébé publiés dans les années cinquante, avant Ha ra Kiri, avant Charlie Hebdo.
Parus dans la grande presse de l'époque - Paris Match, Ici Paris, Punch - ils sont restés jusqu'ici inédits en album. On y découvre le Gébé insolite, précis et drôle, avec ce charme indéfinissable qui émane de son trait, de ses personnages, de ses décors familiers ou absurdes. Un livre indispensable pour tous les amateurs du grand dessin d'humour.
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En 83 épisodes de 2 500 signes, longueur de la chro- nique imposée par Siné Hebdo en 2008, Delfeil de Ton raconte l'aventure d'Hara-Kiri Hebdo. Non seu- lement parce qu'on dit souvent n'importe quoi sur cette histoire, mais parce qu'il en a des souvenirs vécus : de son arrivée en 1967 dans Hara-Kiri Men- suel, en passant par l'interdiction d'Hara-Kiri Hebdo en 1970 et la naissance de Charlie-Hebdo la même année, c'est aussi du parcours journalistique unique de DDT qu'il est question. Il raconte ainsi la nais- sance de ses fameux « Lundis », rappelle les interdic- tions successives d'Hara-Kiri, avant qu'il ne devienne le journal culte que l'on sait. Invité comme un intime dans la « famille », il participe à la folie de Cavanna et Bernier : la création d'un hebdomadaire en plus d'Hara-Kiri et de Charlie Mensuel, entre audace et inconscience, frasques et défauts de paiements.
Voici une histoire d'argent et de politique, de cen- sures, de procès et de scandales. Voici aussi une histoire d'amitié, de jeunesse et de culot. Delfeil de Ton, de son propre aveu, « n'a pas l'étoffe d'un his- torien », ou alors d'un historien « bordélique ». Et c'est tant mieux, puisque c'est avec la verve du chro- niqueur qu'il nous fait revivre l'équipée des « onze mercenaires » : Choron, Cavanna, Fournier, Reiser, Wolinski, Cabu, Gébé, Isabelle, Madjoub, Willem et lui-même.
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Virtuose de l'humour noir et du dessin corrosif, précurseur de l'esprit d'Hara-Kiri et de Charlie Hebdo, Siné fut autant admiré que craint et détesté. Pour la première fois publiés intégralement aux Cahiers dessinés, selon le voeu de Siné lui-même, ses Mémoires, augmentés de nombreux documents inédits, restituent dans toute leur vigueur la truculente férocité de son coup de crayon, la lucidité incorruptible de son esprit frondeur et la tendresse de l'homme aux chats.
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Tout le monde connaît les poèmes et les calligrammes de Guillaume Apollinaire. Mais sait-on que cet homme, fervent partisan de l'art moderne et de ses amis Picasso, Picabia, Duchamp, Larionov et autres, a toujours dessiné, au point d'avoir longtemps cherché une signature ? Dès son jeune âge, il remplit des pages de ses cahiers de visages humains dont on peut soupçonner qu'ils correspondent à des personnages familiers. De face comme de profil, ils sont le plus souvent tristes ou grotesques. Il dessine des portraits, des paysages, et puis un bestiaire et des dessins imaginaires, avant de représenter sa vie de soldat dans les tranchées.
Comme toujours, avec les dessins d'écrivain, naît une curiosité redoublée par le sentiment d'approcher l'oeuvre poétique, de mieux la décrypter pour la goûter. Ces dessins sont toujours exécutés sans prétention ; ils se faufilent dans les manuscrits et mettent le lecteur en situation d'explorateur. En effet, nous assistons presque miraculeusement à l'émergence de l'inspiration. C'est tout le charme du dessin en marge ou dans le texte du manuscrit.
Ce livre présenté et commenté par deux grands spécialistes d'Apollinaire montre donc pour la première fois une facette presque exhaustive de l'oeuvre protéiforme d'Apollinaire: poète, critique d'art, romancier, auteur de nouvelles extraordinaires, amateur de textes érotiques, engagé volontaire dans la Grande Guerre - qui lui permit d'obtenir la naturalisation française. On savait tout, ou presque, de Guillaume de Kostrowitzky, que ses amis surnommaient " Cointreau-whisky " ; on ignorait la complexité de son oeuvre graphique.
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Depuis le 29 août 1966, Jean Laplace dessine, six jours par semaine, son gag quotidien, qu'il duplique en y ajoutant huit erreurs. Cet homme extrêmement modeste, oeuvrant depuis son petit appartement situé au nord d'Annecy - sa ville natale - a accompli à ce jour plus de quatorze mille jeux d'erreur, d'un trait qui n'a guère changé. Son univers ne doit rien à l'actualité ; il appartient au dessin d'humour le plus classique, le dessin muet, sans bulle ni légende, inspiré par les situations absurdes du quotidien. Il n'a d'autre ambition que de « déclencher un rire intérieur ». Laplace, qui travaille comme un artisan solitaire, a toujours évité que l'on parle de lui, préférant s'adonner à la pêche, à la randonnée ou à la cueillette des champignons. Rien de spectaculaire dans son oeuvre discrète, mais une petite musique pince-sansrire et tonique qui fait chaque jour le délice de millions de lecteurs à travers le monde : France, Suisse, Belgique, Autriche, Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Suède, Espagne, Grande-Bretagne, Israël, Nouvelle-Zélande, Australie, Corée du Sud, Japon, Brésil, Mexique, Canada, Sénégal, Côte d'Ivoire, Gabon, Cameroun. Délivrés du jeu des erreurs, les dessins de Laplace se donnent pour ce qu'ils sont :
De purs dessins d'humour, dans la pure tradition de cet art singulier. Laplace y figure comme un de ses dignes représentants, à la fois méconnu et mondialement célèbre.
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Le cahier dessiné n.12 : dessin politique, desin poétique
Collectif
- Cahiers Dessines
- Le Cahier Dessine
- 1 Novembre 2018
- 9791090875531
À Vevey, au bord du Léman, dès le 1er novembre 2018, le Musée Jenisch présente une exposition des Cahiers dessinés intitulée « Dessin politique, dessin poétique », qui rassemble près de 70 artistes, classiques et contemporains, célèbres ou méconnus, aussi divers que Rembrandt, Bruegel, Callot, Goya, Daumier, Steinlen, Vallotton, Ensor, Klee, Giacometti, Kentridge, Topor, Siné, Chaval, Sempé ou Folon. Ce n°12 tient lieu de catalogue d'exposition. Avec le concours d'écrivains et de critiques, il invite à réfléchir à deux langages apparemment antinomiques : le dessin politique comme « vision du monde » et le dessin poétique, ici circonscrit à la seule représentation du paysage. Mais les liens entre ces langages sont plus étroits qu'ils n'y paraissent : de nombreux dessinateurs politiques se sont essayé au paysage et de nombreux paysagistes ont exprimé leurs convictions politiques, au risque de politiser la poésie et de poétiser la politique. Cette confrontation nous incite à mieux appréhender la richesse et la complexité de l'art du dessin ; elle est un prétexte à un dialogue inédit.