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Au Diable Vauvert
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L'histoire s'ouvre sur un double suicide : Kari et Ruth, jadis inséparables, se jettent d'un toit. Cette métaphore de leur rupture amoureuse, fil conducteur du récit, se prolonge à travers le livre : tandis que Ruth est sauvée par un filet en bas de l'immeuble et s'enfuit, Kari tombe dans un égout et tente, tant bien que mal, de refaire surface. Ruth est partie. Kari, elle, reste enfermée dans cette grande ville enfumée et mystérieuse qu'on devine être Bombay.
En courts chapitres, elle nous raconte sa vie, son quotidien, celui d'une jeune fille rebelle qui assume pleinement son homosexualité dans une société partagée entre tradition et modernité.
Un univers poétique, sombre et attachant pour dire les choses de la vie commune : son emploi dans la pub, son appartement en collocation, sa chef de bureau atteinte d'un cancer, les chats errants du quartier. Usant de mélanges d'influences, de genres, de matériaux, Amruta Patil explore avec un talent immense et une intensité puissante la palette de ses états d'âme.
Les traits rugueux au fusain confèrent à l'ensemble un côté brut, une existence croquée, en cours de formation, comme Kari elle-même qui se cherche, tâtonne et dissèque le coeur de la mégalopole triste. Dans son errance, elle parcourt les chemins de la solitude, de la mort, de l'absence de l'Autre. Au détour d'une page apparaît parfois une pointe de couleur : comme l'humour brutal de la narratrice, ces oasis colorées apportent un souffle de vie, une touche d'espoir dans l'univers claustrophobe d'une cité qui aliène et oublie.
Teintée de mythologie, d'espoir, de colère et de poésie, Kari est un voyage, une quête pour trouver un remède à la douleur de l'Amour.
« Kari est au roman graphique indien ce que Persepolis de Marjane Satrapi est à la bande dessinée européenne. Ce genre narratif voit enfin le jour en Inde : sous la plume d'une femme, naturellement. » TRENDYLICIOUS
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Popularisé en France par les adaptations théâtrale et cinématographique de Peter Brook et Jean-Claude Carrière, le Mahabharata est l'un des deux grands textes de l'Inde (l'autre est le Ramayana), dont toute la culture du sous-continent est imprégnée. De ce texte vieux de 5 000 ans, Amruta Patil a entrepris une adaptation en bande dessinée qui s'inspire des nombreuses formes de la longue et riche tradition locale du récit en images, tout en empruntant à la grammaire narrative du roman graphique contemporain. Pour aider le lecteur occidental, elle fait raconter les épisodes de cette mythologie foisonnante à une conteuse dans laquelle il n'est pas interdit de voir Amruta Patil elle-même. Il faut se laisser emporter par ce récit fait de couleurs, de collages et de techniques diverses (acrylique, fusain, crayon de couleur, etc.) qui plonge directement dans l'imaginaire indien, où le bien côtoie le mal et la beauté la laideur, où le temps est circulaire. Amruta Patil, qui prévoit de raconter tout le cycle en trois volumes, se perçoit comme un maillon d'une longue tradition de conteurs qui ont fait vivre ce texte au long des siècles. Suivez son conseil et « ne lâchez pas l'histoire. Le moment venu, comme la rose qui s'épanouit, elle révélera ses secrets ».
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Dans Signal / bruit, un réalisateur de cinéma apprend qu'il est atteint d'un cancer.
Son plus grand film, le chef-d'oeuvre qu'il écrivait, devait raconter l'histoire d'un village terrorisé le 31 décembre 999, persuadé que la nouvelle année apporterait la fin du monde. Ce film ne verra jamais le jour, mais le réalisateur continue à l'imaginer et le tourne dans sa tête.
Se développe alors en parallèle l'approche de deux apocalypses, l'une fictionnelle et l'autre bien réelle. La narration de Neil Gaiman et le dessin (la mise en scène) de Dave McKean se conjuguent en une histoire poignante qui émeut le lecteur par sa beauté formelle et émotionnelle.
Dans ce double espace-temps, les auteurs explorent la profondeur de l'humanité et de ses peurs avec une grande sensibilité, et usent de toute leur inventivité pour y mêler une innovante vision des théories de la communication, convoquant au passage Roland Barthes, qui avait lui aussi exploré le rapport entre bruit et signal et les méandres des mythologies populaires.