Philosophie contemporaine
-
Où atterrir ? comment s'orienter en politique
Bruno Latour
- La découverte
- Cahiers Libres
- 12 Octobre 2017
- 9782707197009
Peut-on continuer à faire de la politique comme si de rien n'était, comme si tout n'était pas en train de s'effondrer autour de nous ? Dans ce court texte politique, Bruno Latour propose de nouveaux repères, matérialistes, enfin vraiment matérialistes, à tous ceux qui veulent échapper aux ruines de nos anciens modes de pensée.
Cet essai voudrait relier trois phénomènes que les commentateurs ont déjà repérés mais dont ils ne voient pas toujours le lien -; et par conséquent dont ils ne voient pas l'immense énergie politique qu'on pourrait tirer de leur rapprochement.
D'abord la dérégulation qui va donner au mot de globalisation un sens de plus en plus péjoratif ; ensuite, l'explosion de plus en plus vertigineuse des inégalités ; enfin, l'entreprise systématique pour nier l'existence de la mutation climatique.
L'hypothèse est qu'on ne comprend rien aux positions politiques depuis cinquante ans, si l'on ne donne pas une place centrale à la question du climat et à sa dénégation. Tout se passe en effet comme si une partie importante des classes dirigeantes était arrivée à la conclusion qu'il n'y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. C'est ce qui expliquerait l'explosion des inégalités, l'étendue des dérégulations, la critique de la mondialisation, et, surtout, le désir panique de revenir aux anciennes protections de l'État national.
Pour contrer une telle politique, il va falloir atterrir quelque part. D'où l'importance de savoir comment s'orienter. Et donc dessiner quelque chose comme une carte des positions imposées par ce nouveau paysage au sein duquel se redéfinissent non seulement les affects de la vie publique mais aussi ses enjeux. -
La Poétique de l'espace explore, à travers les images littéraires, la dimension imaginaire de notre relation à l'espace, en se focalisant sur les espaces du bonheur intime. Le « philosophe-poète » que fût Gaston Bachelard entend ainsi aider ses lecteurs à mieux habiter le monde, grâce aux puissances de l'imagination et, plus précisément, de la rêverie. Aussi l'ouvrage propose-t-il tout d'abord une suite de variations poético-philosophiques sur le thème fondamental de la Maison, de celle de l'être humain aux « maisons animales » comme la coquille ou le nid, en passant par ces « maisons des choses » que sont les tiroirs, les armoires et les coffres.
Il ouvre de la sorte une ample réflexion sur l'art d'habiter le monde, impliquant une dialectique de la miniature et de l'immensité, puis du dedans et du dehors, qui s'achève par une méditation des images de la plénitude heureuse, condensant les enjeux anthropologiques, métaphysiques et éthiques de cette oeuvre sans précédent.
-
Où suis-je ? leçons du confinement à l'usage des terrestres
Bruno Latour
- Empecheurs De Penser En Rond
- 21 Janvier 2021
- 9782359252002
Depuis la terrible expérience du confinement, les États comme les individus cherchent tous comment se déconfiner, en espérant revenir aussi vite que possible au " monde d'avant " grâce à une " reprise " aussi rapide que possible. Mais il y a une autre façon de tirer les leçons de cette épreuve, en tout cas pour le bénéfice de ceux que l'on pourrait appeler les terrestres. Ceux-là se doutent qu'ils ne se déconfineront pas, d'autant que la crise sanitaire s'encastre dans une autre crise bien plus grave, celle imposée par le Nouveau Régime Climatique. Si nous en étions capables, l'apprentissage du confinement serait une chance à saisir : celle de comprendre enfin où nous habitons, dans quelle terre nous allons pouvoir enfin nous envelopper - à défaut de nous développer à l'ancienne !
Où suis-je ? fait assez logiquement suite au livre précédent, Où atterrir ?
Comment s'orienter en politique. Après avoir atterri, parfois violemment, il faut bien que les terrestres explorent le sol où ils vont désormais habiter et retrouvent le goût de la liberté et de l'émancipation mais autrement situées. Tel est l'objet de cet essai sous forme de courts chapitres dont chacun explore une figure possible de cette métaphysique du déconfinement à laquelle nous oblige l'étrange époque où nous vivons. -
Raison instrumentale , désenchantement du monde , narcissisme contemporain : le philosophe Charles Taylor reprend ces trois thèmes dominants du malaise de la modernité. À l'écart des redondances de la mode et des facilités de la critique, il montre pourquoi l'éthique de la réalisation de soi, noyau consistant de l'individualisme, recèle une aspiration dont les présupposés bien compris seraient en fait incompatibles avec l'instrumentalisme et l'égoïsme possessif.
-
Le chien. Le meilleur ami de l'homme. Domestiqué à la préhistoire, compagnon de route des explorateurs et des artistes, des penseurs et des promeneurs, des amateurs de coin du feu comme de grands espaces, il a l'importance de l'amour qu'on lui donne. Mais n'y a-t-il rien d'autre que ça, dans sa gourmandise débonnaire et sa dépendance pleine d'affection ?
Dans Chien, Mark Alizart renverse les clichés qui portent sur les chiens et leurs maîtres, pour en faire d'inattendus professeurs de vie, nous apprenant les recettes cachées du bonheur et de la joie. Se promenant avec érudition et élégance entre les grands mythes de l'histoire humaine et les anecdotes tirées de la culture populaire, les vues étranges de certains philosophes et celles, encore plus bizarres, de la science, il propose un portrait inédit du chien en penseur. Un penseur qui connaîtrait peut-être le secret véritable de notre humanité.
-
En dernière humanité ; la nouvelle science écologique
François Laruelle
- Cerf
- 11 Septembre 2015
- 9782204105927
Entre le menu de nos assiettes, notre santé, les aléas du climat et l'entretien de la terre, l'écologie ratiocinante des contemporains se fait invasive et rivale de la philosophie. Pour résoudre cette nouvelle antinomie de la raison humaine devenue dominante, le présent essai mobilise une modélisation physicienne, quantique et munie d'un minimum de mathématique. Il repose autrement quelques grandes distinctions fondatrices, de l'homme, de l'animal et du végétal qu'il est aussi mais dont son être « en-dernière-humanité » le sépare définitivement, des sujets et des clones, du masculin et du féminin, du modèle et de la copie, assignant à chacun des opposés une place distincte mais intriquée avec celle des autres. Il décrit les grands objets ou lieux de l'écologie, sa topique transcendantale, la triade formée de la Terre comme l'effondrement originaire qui la réduit au sol et la rend habitable, le Monde dont elle abaisse la transcendance jusqu'à l'horizon qui le finit et le rend haïssable, l'Univers enfin qu'elle surbaisse et rend inhabitable mais désirable en le destinant aux seuls clones. Le secret d'une écologie comme vie pratique qui mène la philosophie à son déclin sans la détruire est dans ce collapsus qui signe la ruine de toutes les transcendances. Elle donne à la non-philosophie sa proximité à la science-fiction mise enfin à la portée des humains. C'est l'inspiration gnostique de cette éco-fiction et de son éthique.