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Ados / Adultes
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Les quatorze récits regroupés dans cette nouvelle édition de Combats répondent à un schéma narratif unique : un gang d'individus masqués et costumés entre par effraction dans un lieu, y affronte une autre bande de types masqués et costumés, puis s'en échappe. Il s'agit chaque fois de se rendre d'un point A vers un point B en occasionnant un maximum de casse et en défaisant un maximum d'adversaires, tandis qu'au plus haut de la forteresse ennemie, en son coeur le plus retiré et le plus dangereux, se tient un boss à neutraliser...
De ce synopsis de jeu vidéo d'arcade, Yûichi Yokoyama tire d'inlassables combinaisons de formes, enchaînements d'actions, inventions de situations et d'images. Dans des décors géométriques rendus hostiles par l'accumulation d'onomatopées agressives, ses personnages font feu de tout bois. Sabres, assiettes, couteaux, robinets, canons, fleurs en pot, roquettes ou livres sont indifféremment placés au service d'un intense déferlement d'actions sans affect, sans réalisme ni morale, dont il reste impossible de cerner les motivations. Prenant tour à tour l'allure de missions commando, d'expéditions punitive ou de guerres mafieuses, ces affrontements paraissent, à l'image de la bande dessinée qui les porte, venir de nulle part et vite s'y enfuir.
Vingt ans après sa première parution, cette réédition de Combats est augmentée de cinq récits inédits, d'un texte de présentation largement illustré, et d'un entretien avec l'auteur. -
À Tokyo, les buildings sont des sexes en érection tendus vers un ciel où volent des avions-bites. Hommes et femmes ont une tête en forme de gland et partouzent tard dans la nuit après la journée de bureau. C'est comme ça. Dans les bains publics mixtes, les gars trompent l'ennui en enfilant des perles... dans le vagin de leur fiancée.
Les filles au pair délaissent bébés et tâches ménagères pour se livrer entre elles aux actes les plus crus. C'est comme ça. Chinkoman, l'« homme-bite », se sert de son organe démesuré pour imposer violemment sa loi phallique. C'est comme ça !
C'est comme ça ! C'est comme ça : la société décrite dans ces neuf histoires courtes par Jirô Ishikawa est placée sous le signe du phallus-roi, de la pulsion sexuelle, du narcissisme, de l'obsession libidineuse. C'est la société des jouisseurs, des satisfaits névrosés, la société des têtes de noeud. D'un trait élégant capable d'épouser tous les registres, du minimal au psychédélique en passant par les codes du gekiga, Jirô Ishikawa, mangaka virtuose et paria, décrit ce monde tel qu'il le voit, tel qu'il le rêve ou, plus sûrement, le craint. Presqu'inconnu en son pays, Ishikawa est l'auteur décadent, délirant, déphasé que personne n'osait attendre. Il est là, c'est comme ça désormais.
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La ville de Prokon (dont le nom comprime en un seul les deux mots PROduction + KON-sommation) est l'utopie capitaliste enfin réalisée : à Prokon, chaque individu possède un emploi, contribuant ainsi au niveau général de consommation qui lui-même soutient la production, qui elle-même garantit le niveau d'emploi sur quoi repose la consomma-tion, etc. Le cercle est aussi vicieux que la logique est naïve : confis de bonheur, de lotissements résidentiels et de produits standardisés, les habitants de Prokon se vouent corps et âmes à la satiété de consommation. C'est compter sans l'ennemi juré de Prokon, le Docteur Dracenstein qui, relégué aux marges de la cité, met la main à sa dernière arme : le spray d'éternité ! Ayant compris que l'insolente vitalité de Prokon repose sur le principe d'obsolescence des produits manufacturés - autrement dit sur la nécessité, programmée par leurs fabricants, de les remplacer régulièrement -, le Dr Dracenstein entreprend, par simple pulvérisation, de figer pour l'éternité dans leurs fonctions et dans leurs qualités d'origine les objets, les produits, les mécaniques.
Originellement publiée en 1971, Prokon n'avait jamais passé à ce jour les frontières norvégiennes.